"Le mal de la Corse est qu'on a presque honte d'être d'un village".
Cette phrase, a priori violemment choquante, se trouve dans l'entretien accordé par Paul CECCALDI à Pascale CHAUVEAU pour le bulletin "INSEME" de février.
Paul CECCALDI préside l'association Scopre qui anime le village de Marignana, et même l'ensemble des Due Sevi, avec notamment des spectacles de théâtre et de cinéma. Sa salle d'une cinquantaine de fauteuils vient d'être équipée d'un matériel de projection numérique en 3D inauguré le 14 décembre. Des films récents y sont montrés régulièrement (le mercredi, samedi et dimanche). Voir la programmation sur le site http://www.associu-scopre.com
Le président de Scopre ne mâche pas ses mots mais ses propos méritent d'être reproduits et médités par ceux qui s'intéressent au destin des villages corses:
"PC: N'était-il pas audacieux de monter un tel projet dans un village peu peuplé et en pleine ruralité?
P. Ceccaldi: Ce n'est pas parce qu'on habite à Marignana et pas à Paris ou une autre ville qu'on est nul, ou qu'on n'a pas les capacités manuelles ou intellectuelles. La motivation est l'attachement qu'on a à son village. Moi, je vis et je travaille dans une région que j'ai choisie, et je veux vivre comme ceux qui habitent en ville concernant l'accès à la culture. Je pense que les gens du canton ont besoin comme moi d'avoir accès au cinéma, au théâtre, à des conférences et à des ateliers de loisirs. Le mal de la Corse est qu'on a presque honte d'être d'un village, et en tout cas on n'en est pas assez fier au point de s'y installer.
PC: Il y a tout de même le barrage des possibilités d'emploi plus réduites?
P. Ceccaldi: c'est un faux problème! Regardez la force économique et la puissance de la châtaigneraie. Autrefois principale source de revenus, aujourd'hui on roule sur les châtaignes sans les ramasser, et on y lâche les cochons pour qu'ils se nourrissent. D'ailleurs, même le cochon est mal exploité, quand les éleveurs se contentent de faire uniquement des saucissons et du figatellu. Quant aux plantes aromatiques, elles sont à peine exploitées! La facilité est d'être cantonnier, mais il y a tant de choses à faire. Ceux qui parlent de ruralité feraient mieux de la vivre. C'est bien d'aider les artisans à s'installer dans les villages, mais on n'installe pas les gens dans un désert. Qu'il y ait ici du théâtre et un cinéma est un plus pour faire venir des familles."
L'ensemble de l'entretien est à lire sur le blog du bulletin "Inseme" (pages 6 et 7 du numéro de février):
le journal mensuel des amis du couvent de Vico
http://inseme-bulletin.hautetfort.com/archive/2017/02/04/fevrier-2017-5907250.html
(à suivre)