Les messes et les processions en l'honneur de Saint Roch se déroulent d'année en année sans anicroche et sans surprise. Il est donc étonnant d'écrire que l'on peut "en baver" à cette occasion.
Pourtant, cette expression a bien été accouplée au protecteur de Poggiolo par Ghjuvan-Ghjaseppiu FRANCHI dans les colonnes de "La Corse, Mon Hebdo" le 30 avril 2010. Dans le cadre du dictionnaire français-corse qu'il remplissait semaine après semaine, l'écrivain, ancien directeur de la revue "RIGIRU", en était arrivé au verbe "baver" qui, de façon familière, donne l'expression "en baver" et "en faire baver à quelqu'un" qui se dit: "falli vede a San Roccu in lu stagnarone". Littéralement: "lui montrer Saint Roch dans un récipient étamé".
Pour comprendre cette curieuse expression, le rédacteur citait l'explication donnée par le grand universitaire Fernand ETTORI (1919-2001) dans son ouvrage: Anthologie des expressions corses, éd. Rivages, Marseille, 1984.
"Aux fêtes patronales, arrivaient des ermites portant sur la poitrine, suspendu au cou, une sorte de petit cadre en bois dans lequel était exposée, sous verre, l'image du saint qu'ils servaient, le plus souvent saint Roch. Ces cadres s'appelaient "paci" (paix); d'où le nom de "paciaghji" (porteurs de paix) donné dans le sud de la Corse à ces ermites qu'on appelait ailleurs "rimiti".
Moyennant aumône, chacun était admis à baiser l'effigie du saint, tandis que l'ermite effaçait, à chaque fois, avec un chiffon la trace des lèvres. On glissait l'aumône dans une sorte de tronc en fer blanc appelé "stagnalonu" par analogie avec le seau du même nom.
Vénérer ainsi saint Roch était gage de prospérité, mais si quelque jeune impertinent faisait mine d'esquiver l'aumône, l'ermite, furieux, menaçait de le prendre par les cheveux et de lui plonger la tête dans le bidon pour lui faire voir saint Roch".
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