Le travail effectué par un groupe de Poggiolais le 2 juin 1905, voici 120 ans, fut minutieux et méticuleux. Il était important de ne pas se tromper car il fallait établir la liste des biens des églises du village.
L'atmosphère politique était alors particulièrement lourde. Depuis des années, la gauche républicaine luttait contre le Saint-Siège pour imposer la laïcité. Les députés débattaient de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat qui supprimerait le Concordat de 1801 (elle fut finalement votée le 9 décembre 1905).
En Corse, l'évêque Louis OLIVIERI était mort en 1903 et les querelles entre Paris et le Vatican empêchaient la nomination de son successeur. Le diocèse était administré par les vicaires généraux GUELFI et DESANTI qui, par peur des "spoliations" pouvant avoir lieu après la victoire des "laïcards", lancèrent une enquête diocésaine. Elle permettrait de dresser l'état des paroisses et d'inventorier leurs biens.
A Poggiolo, cette enquête fut effectuée par les membres de la fabrique (le conseil de gestion de la paroisse) qui dressèrent un "Inventaire des meubles et objets affectés au culte dans les églises de Poggiolo au 2 juin 1905". Le document a été retrouvé par Xavier PAOLI dans les Archives Départementales à Ajaccio.
Il comprend quatre pages. La première est à en-tête de la "République Française, commune de Poggiolo, canton de Soccia", ce qui est normal puisque la séparation n'avait pas encore été décidée.
Trois pages sont occupées par la liste de ce que contenait Saint Siméon, la quatrième étant consacrée à Saint Roch. Les biens sont énumérés sur 111 lignes (87 pour St Siméon, 24 pour St Roch) et concernent tout ce qui se trouvait dans les églises, aussi bien les statues que les bancs, les surplis, les clochettes ou les bouquets de fleurs. Il est à remarquer que, à la page 1, le mot "autel" est orthographié huit fois "hôtel" ! Mais, page 3, il est noté une "croix d'autel" sans erreur.
En face de chaque objet, on a sa situation, c'est-à-dire dans quelle partie des bâtiments il se trouve. Sa valeur approximative est inscrite. On aboutit à un total de 1.285,95 francs (1.095,20 à St Siméon et 190,75 à St Roch), ce qui pourrait correspondre à 3.460 euros.
Une dernière colonne donne l'origine de l'objet. La majorité a été achetée par la fabrique mais 25 viennent de dons de fidèles et 6 de curés. Les dates sont chaque fois inscrites.
Un cas particulier est celui des fonts baptismaux qui, d'après ce document, auraient été donnés par l'évêque de Sagone en 1644. Or, cette date et le fait qu'il y ait eu un don ont été mis en doute par Xavier PAOLI (voir l'article "Le cadeau de l'évêque").
L'inventaire de termine par les six signatures des membres du conseil de fabrique de Poggiolo. On y retrouve DESANTI, FRANCESCHETTI, PASQUALINI, mais les trois autres sont illisibles.
Grâce à ce document, nous connaissons l'état exact de ce que contenaient nos églises en 1905.
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Le cadeau de l'évêque - Le blog des Poggiolais
L'église Saint Siméon de Poggiolo s'enorgueillit de posséder de magnifiques fonts baptismaux en marbre blanc. Et, surtout, ils seraient un cadeau de l'évêque de Sagone. Photo Hélène Dubreuil...
https://poggiolo.over-blog.fr/2020/06/le-cadeau-de-l-eveque.html