"Grande ferveur autour des reliques de saint Antoine de Padoue", tel est le titre de la dernière page de Corse-Matin de dimanche 30 mars.
A l'initiative de Mgr BUSTILLO, deux reliquaires contenant un index et un bout de la région du cœur du saint portugais sont arrivés le 22 mars à Ajaccio et sont transportés dans plusieurs églises de Corse jusqu'au 31 mars. Le 24, ils ont fait halte au couvent de Vico où Pierrot a réalisé cette photo.
Cette ferveur est dans la ligne de celle qui a accueilli le pape François en décembre. Mais elle peut faire penser à celle que les Corses manifestèrent il y a 78 ans pour Notre-Dame-de-Boulogne.
Appelée aussi Notre-Dame-du-Grand-Retour, cette statue fait l'objet d'un pèlerinage important à Boulogne-sur-Mer depuis sa découverte vers 633.
De 1943 à 1948, quatre reproductions de cette Vierge, chacune montée sur un char, parcoururent 120 000 km à travers la France, visitant 16 000 paroisses, en provoquant un grand élan de foi, des prières et des conversions sur son passage.
La statue de la Vierge portée sur un bateau s’accompagnait d’une demande de délivrance de la France qui prend tout son sens dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit du Grand Retour des prisonniers de guerre, et aussi du retour de la paix et de la réconciliation. La statue était souvent traînée à pied, sur une petite charrette.
Parties de quatre coins de la France dès 1942, les quatre statues se rejoignirent en 1946 au stade de Colombes, puis reprirent la route. Celle qui était destinée à la Corse arriva à Ajaccio le 27 avril 1947.
Plus de 20.000 personnes, sur les 31.000 que comptait alors Ajaccio, l'accueillirent sur les quais, sous les carillons de cloches et avec des maisons et des rues abondamment décorées.
Puis, jusqu'en septembre, la statue fit le tour des paroisses corses, y compris dans les Deux Sorru.
La photo ci-dessus montre la statue dans le village de Letia le 16 mai 1948. Elle est extraite d'une brochure intitulée "Patrimoine religieux de la communauté de Letia" publiée en 2012 par l'association Letia-Catena. Trois autres clichés montrent l'importance de cet événement.
Par exemple, celui-ci:
Devant les petits garçons endimanchés accompagnés d'un frère dominicain et à côté du porteur du crucifix, s'avance le maire ceint de l'écharpe tricolore. La laïcité a souvent été appliquée d'une façon très particulière en Corse. Le cortège passe sous une banderole dont on devine le texte par transparence et à l'envers: "Sancta dei genitrix".
Il existe également une preuve du passage de ND du Bon Retour à Guagno avec une photo publiée en 2011 par Marthe POLI sur le blog qu'elle tenait alors. Au premier plan, se trouve le père BALDET, alors curé de la paroisse.
La procession a certainement dû passer à Orto, Poggiolo ou Soccia. Qui pourra nous fournir des documents qui le prouvent?
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