L'éruption la plus meurtrière du XXe siècle est celle de la Montagne Pelée à la Martinique le 8 mai 1902. Elle détruisit la ville de Saint-Pierre, tuant ses 28.000 habitants.
Un Poggiolais fut-il victime de cette catastrophe?
Les archives de l'état-civil de Poggiolo portent effectivement la trace de la mort d'un Poggiolais à Saint-Pierre en 1902.
Comme le veulent les règles administratives, une copie de l'acte de décès établi à la Martinique fut envoyé en Corse, après être passé par plusieurs échelons, afin d'être retranscrit dans la commune de naissance.
Mais attention: il ne faut pas lire trop rapidement.
Bien que décédé à Saint-Pierre, il ne fut pas victime de l'éruption.
François-Marie DESANTI, puisqu'il s'agit de lui, mourut le 3 janvier 1902, soit huit mois avant la catastrophe !!!
La transcription de la déclaration officielle sur le registre d'état-civil par Pascal-Antoine MARTINI, le maire de Poggiolo, fut réalisée le 1er avril 1902, très exactement 10 heures du matin, une heure après avoir reçu l'acte (le courrier était alors distribué le matin). Les Martiniquais avaient encore vingt-sept jours à vivre.
François Marie DESANTI, dont le père se prénommait Jean Toussaint, naquit le 24 avril 1865 dans le village poggiolais. Il accomplit son service militaire dans le 3e régiment de hussards.
Le 28 novembre 1889, il épousa Françoise COLONNA, née en 1868 à Soccia. Ils eurent deux enfants: Jean Toussaint (comme son grand-père), né à Poggiolo en 1892 et Léon Dominique Etienne, né à Menton en 1898.
En 1893, François-Marie s'était engagé dans la gendarmerie à cheval. Il fut nommé en Martinique en 1900.
Malheureusement, le 3 janvier 1902, il fit une chute de cheval et se fractura le crâne. Il mourut le jour même à l'ambulance coloniale (c'est ainsi que l'on nommait les hôpitaux militaires) de Saint-Pierre. Deux infirmiers déclarèrent son décès "à trois heures du soir" (quinze heures) à l'adjoint au maire de la commune. L'acte retranscrit par Pascal-Antoine MARTINI donne les noms et fonctions des divers responsables entre les mains desquels le papier est passé avant d'aboutir en Corse.
Si François-Marie DESANTI n'a pas disparu dans l'éruption de la Montagne Pelée, on peut se demander ce que devinrent son épouse et ses enfants.
Ils étaient encore vivants après le 8 mai 1902. Très vraisemblablement, n'ayant plus rien à faire aux Antilles, ils revinrent en Corse avant cette date. Françoise, son épouse, rendit l'âme à Poggiolo le 20 mai 1943, à 75 ans.
Et son fils Jean-Toussaint? Il fera l'objet du prochain article.
commenter cet article …