UN MOMENT D'ÉMOTION
Pour une fois, LE PETIT PROVENÇAL sembla présenter les bandits d'une façon plus sympathique que d'habitude. Le mercredi 25 novembre 1931, il décrivit le transfert d'Antoine ROSSI à Ajaccio en citant des extraits de son interrogatoire.
"<<Ah! J'en ai fait du chemin. Je suis allé à Sagone, à Vico, à Calcatoggio. Partout. La nuit, je dormais dans les grottes ou dans des bergeries. Le jour, je faisais ma provision de châtaignes, ou bien je péchais dans les torrents, ou bien j'allais à la chasse.
- Tu chassais? Où est ton fusil?
- Je chassais au lacet, le fusil fait trop de bruit.>>
Et le jeune bandit dit encore d'une voix grave:
<<J'ai vécu comme je pouvais, mais je n'ai jamais demandé ni volé de l'argent à personne. Je ne suis pas un bandit d'argent, je suis un bandit de vengeance>>.
A peine la voiture s'était-elle arrêtée devant le Palais de Justice, qu'une jeune femme bondit sur le marchepied et serra Rossi dans ses bras. C'était la sœur du dévoyé qui appartient à une famille d'honnêtes commerçants ajacciens."
Le journal n'insista pas sur la raison de l'arrestation du bandit: il avait tué l'entrepreneur Antoine MORAZZANI et grièvement blessé une autre personne à Ajaccio le 29 août 1931, deux mois avant le début de l'expédition policière.
LE PETIT MARSEILLAIS précisait quand même que, avant de se rendre, ROSSI avait regagné la maison familiale à Ajaccio et avait changé de vêtements "car ceux qu'il portait, déchirés par deux mois de séjour dans le maquis, n'étaient plus que des loques".
Plus prosaïquement, L'HEBDOMADAIRE DES BASSES-PYRÉNÉES titra "La faim fait sortir les bandits du maquis".
LE PROGRAMME COMMUNISTE
L'HUMANITÉ de ce même jour n'eut pas le même sentimentalisme en publiant une caricature contre François COTY, une de ses têtes de Turc préférées, maire d'Ajaccio depuis quelques mois mais surtout symbole pour le PCF du grand capitalisme.
Le journal communiste continua sur la lancée du meeting du 23 novembre en donnant le texte du manifeste adopté à la fin de cette réunion. Chacun pouvait ainsi connaître le programme du Parti communiste qui, au nom des Corses, n'acceptera pas "de laisser nos foyers, nos femmes et nos enfants sous la botte de la soldatesque du militarisme français".
Le texte complet est à lire ci-dessous.
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