Le pèlerinage au tombeau du Père Albini au couvent de Vico est un grand moment de l'année. Un reportage rassemblant plusieurs témoignages a été publié lundi 20 mai dans "Corse-Matin" sous la plume de Pascale Chauveau. En voici le texte.
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PASCALE CHAUVEAU
Malgré le temps qui passe, la dévotion envers le père Albini ne faiblit pas. Chaque 20 mai, le couvent Saint-François de Vico accueille les pèlerins venant célébrer la mort du père missionnaire Oblat de Marie (1790-1839). Cette année, pas moins de 200 fidèles avaient fait le déplacement, de Vico et de ses environs bien entendu, mais aussi une vingtaine de Sainte-Marie-Siché et une trentaine d’Ajaccio.
Si la plupart viennent tous les ans, Madeleine a participé pour la première fois au pèlerinage, l’an passé, pour mieux connaître l’histoire "du père qui a fait tant de bien en Corse", glissait-elle hier. "Il faut continuer à parler de lui pour ne pas l’oublier."
À Vico, les enfants entendent régulièrement parler du père Albini au catéchisme, et son tombeau dans l’église du couvent, ainsi que sa chambre reconvertie en chapelle, attirent des fidèles toute l’année.
"Il y avait beaucoup de misère dans nos villages, raconte Jean-Louis. En s’employant à soulager cette misère, il a aidé à renforcer la foi, et maintenu ce qui risquait de disparaître." À 84 ans, ce pèlerin reconnaît que son épouse est la plus pratiquante du couple, mais le souvenir du père Albini le touche particulièrement.
À ses côtés, Marie-Thé explique que cette ferveur populaire est liée aux qualités d’humilité du père Albini, et à sa volonté de s’adresser aux plus humbles pour vivre une foi simple. Depuis quelques années, une demande de canonisation suit son cours, car de nombreux miracles lui sont attribués. Mais le Vatican ne semble pas pressé de faire du père Albini un saint...
"J’ai l’impression que le père Albini ne voudrait pas être canonisé, remarque néanmoins le père Grégoire Skikki avec malice. Il fuyait la gratitude des gens, et était contre toute forme de reconnaissance. Le vrai miracle qu’il a accompli, c’était de réussir à réconcilier les gens, et c’est à ce niveau que je l’admire le plus."
Quant à la pluie incessante et violente qui a semblé vouloir gâcher la journée d’hier, si beaucoup s’en plaignaient, ne faut-il pas y voir un petit miracle supplémentaire du père Albini, aidant du haut des cieux à pourvoir la Corse de cette eau qui paraissait tant devoir lui manquer cet été…