Quel que soit le système de retraite auquel on est soumis, il est fondamental de pouvoir reconstituer sa carrière. Actuellement, la Caisse d'assurance Retraite conserve en principe les traces des salaires versés depuis le premier emploi. Mais, avant la création de la Sécurité Sociale, les preuves étaient parfois difficiles à retrouver.
Pour les prêtres, leur diocèse conserve les éléments de leur activité, comme dans le document que le blog présente aujourd'hui. Aimablement communiqué par la famille CHABROLLE, il donne les étapes de la vie religieuse du chanoine Charles DESANTI.
la carrière du chanoine Desanti.
Ce document a été écrit par le Père STEFANI, vicaire général de l'évêque Augustin SIMEONE, né à Marseille en 1863, qui avait été nommé à Ajaccio en 1916.
Il est tout à fait officiel avec l'en-tête de l'Evêché d'Ajaccio et le cachet de l'évêque avec son seul prénom d'Augustin. Il date du 4 juin 1918.
Augustin Simeone, évêque d'Ajaccio (1916-1926)
Charles DESANTI est né à Poggiolo le 25 mai 1844 et déclaré à la mairie le 26 par son père Jean DESANTI, né en 1808 et décédé en 1883. Sa mère était Julie ANTONINI (1808-1851), l'épouse de Jean.
Cliquez sur les images pour les agrandir.
Le couple donna naissance à un autre garçon, Pierre François, qui eut plusieurs enfants dont Jean Hyacinthe (1889-1944), lequel fut le grand-père de Rose-Marie CHABROLLE et de Jean José et François BARTOLI. Charles était donc leur arrière-grand-oncle.
D'après le document épiscopal, Charles DESANTI fut ordonné prêtre le 17 décembre 1870, à l'âge de 26 ans. Après 47 ans de carrière ecclésiastique, il démissionna en 1917, à 73 ans.
Ce certificat ne précise pas que, étant élève du grand séminaire d'Ajaccio, il fut, conformément à la loi de l'époque, dispensé du service militaire le 6 mai 1865 (précision trouvée dans les registres de matricule militaire).
La carrière de Charles débuta comme vicaire à Renno. Puis, après avoir été professeur au pensionnat St Louis de Bastia, il monta en grade: administrateur d'une paroisse, desservant d'une autre, puis curé en 1893. Son affectation la plus courte fut Zicavo (moins d'un mois en 1896) et la plus longue Bastelica (15 ans et demi, jusqu'à sa retraite).
La carte de ses nominations montre que, à part son professorat à Bastia, il est resté dans la partie occidentale de la Corse, du côté d'Ajaccio.
Nous ne connaissons pas encore sa date ni son lieu de décès et nous espérons recevoir plus de précisions sur sa vie.
En tout cas, il est un bon exemple de ces Poggiolais dont les familles (Desanti, Franceschetti, Martini, Pinelli, ...) tenaient, jusqu'au début du XXe siècle, à avoir, presque à chaque génération, un de leurs membres sous l'habit religieux.
Depuis soixante-dix ans, Poggiolo a connu seize événements importants dans les années se terminant par 0 ou par 5. Ils valent peut-être la peine de s'en souvenir.
Il y a 70 ans,
-le 4 mai 1950:mort du lieutenant Pierre Marie Nivaggioli, né en 1923 à Sousse en Tunisie, dans les combats de My Tho (delta du Mékong). Seul Poggiolais victime de la guerre d'Indochine.
- le 11 décembre:décès à Ajaccio de Dumenicu Antoniu Versini, plus connu sous le nom de Maistrale. Surnommé "le barde corse", il fut un écrivain, poète et journaliste jouissant d'un immense prestige. Originaire de Marignana, il était marié à la Poggiolaise Marie-Thérèse Lovichi.
-en 1985: création de l'Association pour la restauration de l'église St Siméon de Poggiolo, présidée par Raymond Martini. En deux ans, elle va réussir à rassembler les fonds nécessaires aux travaux d'urgence.
Une nouvelle fois, le Conseil d'Etat invalide en partie l'élection municipale de Poggiolo. Après que tous les recours aient été épuisés, Angèle Pinelli devient maire de Poggiolo le 26 janvier 1993.
Le record de durée à la mairie de Poggiolo est détenu par Jean-François Ceccaldi avec 38 ans (1919-1914 et 1943-1959).
le 22 février 2015: installation de la nouvelle croix du Fragnu, à la place de celle, placée en 1983, qui était tombée le 26 décembre 2014. Elle est bénie le 16 août 2015.
Chaque nouvelle année est l'occasion d'anniversaires mais les plus importants sont ceux qui forment des chiffres ronds. Ainsi, plusieurs membres de familles poggiolaises viennent d'avoir ou vont ...
Suite des événements concernant Poggiolo et dont la date se termine par 0 ou par 5. Il y a 200 ans: - en 1820 ou 1821 , Giovan-Antonio Pinelli devient curé de Soccia (avec sous son autorité les...
- en 1820 ou 1821, Giovan-Antonio Pinelli devient curé de Soccia (avec sous son autorité les prêtres desservants de Guagno, Orto et Poggiolo) et garde jusqu'à sa mort en 1832 une forte influence sur le monde politique et intellectuel corse. Il avait constitué la plus riche bibliothèque de la Corse.
- le 14 février 1820: Théodore Poli, de Guagno, tue le gendarme Petit et prend le maquis. Il commet de nombreux larcins et assassinats, surtout dans les Deux Sorru, jusqu’à sa mort en février 1827.
délimitation de la forêt domaniale de Libio-Tritorre (orthographe de l'époque) entre Poggiolo et Rosazia, provoquant de nombreuses contestations jusqu'en 1887.
le conseil général, en butte à l'hostilité des Guagnais, demande le rattachement de Guagno-les-Bains à Poggiolo, ce qui sera accordé par Louis-Napoléon Bonaparte en 1852.
des habitants de Rosazia incendient des cabanes de bergers poggiolais à Libbiu. Les gendarmes interviennent le lendemain pour empêcher une bagarre générale.
- Septembre 1870: Poggiolo, dont le maire est Pierre Martini, fait partie des 19 municipalités corses qui proclament leur adhésion à la République proclamée à Paris le 4 septembre.
après l’institution d’un adjoint spécial à Guagno-les-Bains au sein du conseil municipal, la station thermale a désormais ses propres registres d'état-civil.
A Ajaccio, François Pinelli, né en 1889, est le dernier Poggiolais déclaré décédé « des suites de la guerre ». Comme son père Baptiste, il fait partie des 30 inscrits sur le monument aux morts.
le conseil municipal vote une gratification de 150 francs pour l'instituteur Bernard PAOLI en récompense de son "zèle et dévouement" envers les élèves et pour les succès obtenus au certificat d'études.
incidents lors de l'élection municipale. L'urne est projetée hors du bureau de vote. Elle est transportée par les gendarmes à Ajaccio, puis à Nice, pour procéder au dépouillement. Les résultats, proclamés le 9 avril à Nice, sont annulés par le Conseil d'Etat le 13 février 1931.
- 21 mars 1940:Noël Pinelli nommé sous-secrétaire d'Etat à la Marine marchande dans le ministère présidé par Paul Reynaud. Il est le seul Poggiolais à avoir été élu député (à Paris en 1936) et à avoir fait partie d'un gouvernement. Il le reste jusqu'au 10 mai 1940.
- 12 juin 1940: à Nogent l'Arthaud (Aisne), mort au combat de Pierre Canale, premier des six morts poggiolais de la seconde guerre mondiale. Né à Guagno-les-Bains en 1917, il était sergent-chef dans la 5ème compagnie du 144ème RIA.
- 27 juillet 1940: l’armistice avec l’Allemagne ayant été signé à Rethondes le 22 juin, fermeture de l’entrepôt municipal créé le 24 septembre 1939, à la suite de la déclaration de guerre, par le conseil municipal pour assurer le ravitaillement du village. Il avait été placé dans le magasin de la maison Martini.
- 28 janvier 1945: François Mathieu ORAZI, soldat à la 10e compagnie de tirailleurs algériens, meurt à Cité Amélie (Haut-Rhin) des suites de ses blessures.
- 23 avril 1945: mort au combat en Allemagne de Paul Vinciguerra, dernier des six morts poggiolais de la seconde guerre mondiale. Né à Poggiolo en 1924, il était soldat dans le 1er régiment de spahis algériens de reconnaissance.
- 23 septembre 1945:Martin Paoli est élu conseiller général du canton de Soccia sous l'étiquette du parti socialiste SFIO. Il le reste jusqu'à sa mort en mai 1968.
Pour reconstituer le passé des Poggiolais, comme de toute communauté, quand il n'existe plus de témoins, on se sert de documents. Mais encore faut-il qu'ils ne soient pas erronés. Même des papiers officiels peuvent comporter des erreurs.
Après la seconde guerre mondiale, des dossiers furent ouverts pour attribuer le titre de résistant aux Français ayant lutté contre l'occupation allemande. Ils sont consultables au Service Historique de la Défense à Vincennes où ils ont été rassemblés.
On peut y trouver une attestation officielle attribuée le 9 juillet 1946 à Philippe FRANCESCHETTI, né à Poggiolo et résidant au 102 boulevard Chave, à Marseille.
Ce papier est tout à fait officiel et sérieux. Il est signé par Jean PAOLI qui commandait le groupe "Paris" des Milices Socialistes (regroupant des militants des Jeunesses Socialistes et de la SFIO), sous la direction du responsable régional Paul TROMPETTE (ce n'était pas un pseudonyme mais son véritable nom).
Nous pouvons ainsi savoir que ce Poggiolais faisait partie de ce groupe de résistants depuis le 1er janvier 1944 et que
"Agent de liaison et de renseignements, a participé les armes à la main, aux combats de rues livrés pour la libération de Marseille, du 19 au 31 AOUT 1944, dans le secteur: Bd Merentié, Cannebière-Castellane-Réformés."
Point de détail: il ne faut pas s'étonner de voir écrit "Canebière" avec deux "n" car l'orthographe actuelle date de 1927 et mit du temps à s'imposer.
Un "certificat d'appartenance" de Philippe FRANCESCHETTI aux FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), établi quatre ans plus tard, le 17 mai 1950, précise:
"Agent de liaison inter-groupe, a contribué également à recruter des combattants pour nos corps-francs".
On peut être content: ces documents permettent de bien connaître l'activité d'un résistant et ils sont incontestables car bardés de signatures et de tampons officiels.
Pas si simple: une lettre remet tout en cause.
Un courrier du colonel CHASSON, directeur régional du recrutement et de la statistique, daté du 8 décembre 1955, demande au général de Corps d'Armée GROSSIN commandant la 9ème Région Militaire une vérification de l'appartenance aux FFI de Philippe FRANCESCHETTI. La raison en est une incohérence:
"L'intéressé déclare avoir été déporté en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire d'octobre 1943 au 29/6/1945. Or, le présent certificat lui attribue des services FFI pendant une partie de cette période".
La contradiction est flagrante.
Le dossier de Vincennes contient la façon dont le problème fut résolu. La semaine suivante, le général GROSSIN envoya une lettre à Philippe FRANCESCHETTI au 102 boulevard Chave et une autre, toujours à Philippe FRANCESCHETTI, au 3 rue Breteuil pour une convocation à l'Etat-Major de la Région, 57 boulevard Périer. Tout s'éclaircit alors: il y avait deux Philippe FRANCESCHETTI.
L'un, Philippe Antoine Pascal, surnommé Filippone, était né le 26 mai 1901. Militant laïc et socialiste de toujours, il avait bien été dans la Résistance.
L'autre Philippe, son neveu, était né le 5 novembre 1922 et, requis par le STO, il avait été déporté en Allemagne orientale. Au moment des combats de la Libération, il se trouvait à Wittenberg, la ville où vécut Martin LUTHER.
Les deux Philippe.
Du coup, tous les documents du dossier ont été rectifiés... avec dix ans de retard!
La date de naissance de 1922 a été barrée et l'année 1901 a été ajoutée à la main.
Les homonymies sont fréquentes dans les familles corses à cause de l'habitude de donner le même prénom à presque chaque génération. Des exemples ont été donnés dans un article précédent.
Ainsi, dans la généalogie des FRANCESCHETTI, on compte huit Philippe décédés et un vivant.
Mais il n'empêche que les services dépendant de l'Etat doivent faire attention quand ils mettent en forme des documents officiels...
... Et, surtout, la recherche historique oblige à bien étudier, comparer et critiquer toutes les sources.
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Renseignements supplémentaires sur les adresses:
le 102 boulevard Chave fut le domicile de Jean-Antoine, le frère du Philippe résistant et le père du Philippe déporté du travail et de Jean-Martin;
le 3 rue Breteuil fut le domicile de Jean-Martin, le frère du Philippe STO, jusqu'en 1953, date à laquelle il s'installa avec épouse et enfants à la rue d'Endoume.
La cérémonie d'hommage à des soldats français morts au combat est toujours poignante, d'autant qu'elle peut s'organiser très vite après le décès et que les moyens modernes de transport permettent un rapatriement rapide des corps. L'émotion en est encore plus forte.
cour des Invalides 2 décembre 2019 (photo THIBAULT CAMUS/AFP)
Il n'en a pas toujours été ainsi. Pendant longtemps, les cadavres jonchant les champs de bataille étaient ensevelis sur place, sauf pour quelques grands généraux.
Avec la première guerre mondiale, des nécropoles et des ossuaires rassemblèrent les restes de nombreux soldats. Mais des familles voulaient que leur enfants reposent dans leur ville ou village d'origine. De nombreux transports furent organisés mais il fallut du temps.
Ainsi, ce fut le cas pour au moins un Poggiolais qui est mentionné dans un journal quotidien. "Le Petit Marseillais" du 12 juin 1922 contient un encadré intitulé "Le Retour de nos Morts Glorieux". il annonce que, ce jour-là, le navire "Liamone" doit partir pour la Corse avec les cercueils de vingt-cinq soldats insulaires provenant de Creil et d'Orient.
Le dernier nom de la liste est "Desanti Jean, sergent, Poggiolo".
Il s'agit de Jean Toussaint DESANTI, fils de François-Marie DESANTI (1865-1902) et de son épouse Françoise COLONNA (1868-1942). Il est né le 29 avril 1892 à Poggiolo.
Alors que, comme beaucoup de Sorrinesi, il habitait en Tunisie, il s'engagea dans l'armée à l'âge du service militaire. Le 18 mars 1913, il entra au 4e régiment de marche des tirailleurs algériens. Il devint sergent au début de la guerre, le 12 septembre 1914.
Mais, quelques semaines plus tard, le 2 octobre 1914, il mourut au combat à Crouy, dans la Somme. Il fut le quatrième des trente Poggiolais victimes de cette guerre. Il est inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo sous l'identité de "DESANTI JEAN" et il lui est donné le grade de "sergent major" au lieu de "sergent".
Photo Michel Franceschetti
Son corps, placé dans la nécropole de Creil, fut ramené par train jusqu'à Marseille le 11 juin 1922 et embarqué le 12 pour être inhumé dans son village de naissance presque huit ans après son décès.
Un cœur gravé signale toujours sa présence.
Photo Michel Franceschetti
D'autres familles durent attendre pour voir revenir les cendres de leurs héros.
Ce ne fut pas spécifique à 1914-1918. A la fin de la seconde guerre mondiale, plusieurs années furent nécessaires avant le retour du corps de Marc Jean OTTAVY, mort le 19 novembre 1944à Pont-de-Roide (Doubs) où il fut d'abord inhumé. Sa tombe fut entretenue par une famille de cette commune jusqu'à ce que le transfert vers le caveau familial à Poggiolo put être organisé.
Le dernier article sur les violoneux poggiolais a suscité un grand intérêt, et notamment de la part de Stefanu PINELLI qui comme commentaire a écrit cette exclamation: "Mon arrière-grand-père!".
Il est le descendant direct de Ghjuvan-Martinu PINELLI (3 février1878-2 janvier 1950), surnommé Martinchjinu, dont le souvenir reste chez les plus anciens de Poggiolo.
France 3 Via Stella vient de diffuser un nouveau reportage de la série "D'UMANE", maintenant présentée par Celia PETRONI: "Deux Sorru. La Corse grandeur nature".
Celia Petroni (extrait de sa page Facebook)
Elle a choisi de rencontrer quatre personnages pour lesquels "le terroir reste une valeur sûre pour la créativité". Parmi eux, deux sont Poggiolais.
L'émission commence par Jean-Mathieu CORIERAS qui, avec ses mules, amène des matériaux à la chapelle Saint Elisée. Il en profite pour montrer le lac de Crena et évoquer la légende diabolique de sa création.
Celia rencontre ensuite à Soccia Cécile GRIMALDI qui dit bien clairement qu'elle est "Poggiolaise et mariée à un Socciais" et qui explique sa passion pour le travail des bijoux.
Près de Vico, Johanna SOTTON, l'éleveuse de chèvres, fait goûter son camembert corse.
Enfin, à Sagone, Pierre GERONIMI présente son laboratoire où il prépare des glaces en alliant toutes sortes de parfums inattendus.
Un reportage très plaisant à regarder.
Il comporte simplement une grosse erreur. Saurez-vous la remarquer?
Le 3 septembre va être le quatre-vingtième anniversaire du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Mais, pour un jeune Socciais de l'époque, le grand événement était tout autre.
Le 26 août 1939, Antoine PAOLI s'attendait à tout moment à apprendre la naissance de son enfant. Son épouse Antonia était sur le point d'accoucher. Pourvu que ce soit un garçon, pensait-il, comme beaucoup d'autres Corses de l'époque.
Les événements internationaux avaient bousculé la vie familiale. Si la déclaration de guerre eut lieu le dimanche 3 septembre, le gouvernement français avait décrété la mobilisation générale le mercredi 30 août avec mise en application le 2 septembre à 0 heure.
Dès les jours précédents, des réservistes et des permissionnaires avaient été rappelés. Antoine en faisait partie, ce qui explique que, le 26 août, il était sur les quais d'Ajaccio sur le point d'embarquer pour aller s'opposer aux Allemands, alors que sa jeune femme connaissait les premières douleurs.
Pour avoir des nouvelles, la seule solution était de se rendre à la Poste du cours Napoléon pour téléphoner au bureau de Poste de Soccia.
Avant guerre, la Poste socciaise se trouvait au-dessus de la fontaine, face au monument aux morts. La pancarte, complètement effacée, est encore fixée sur la façade
Sa famille, comme pratiquement toutes les autres, n'ayant pas le téléphone, un de ses parents traversait le village pour donner des nouvelles à la postière qui le répétait à Antoine quand il appelait. Et ainsi plusieurs fois dans la journée...
Intérieur du bureau de Poste de Soccia en 1930.
Les contractions augmentaient, la naissance approchait. Mais le départ du bateau était imminent. La sirène appelait les retardataires. Les passerelles allaient être enlevées. Une fois encore, Antoine courut à perdre haleine jusqu'à la Poste pour dire que c'était son dernier appel. Et, au bout du fil, il entendit quelqu'un arriver dans le bureau de Soccia et crier à l'autre bout de la pièce: "C'est une fille!".
A la fois surpris, soulagé et épuisé, il ne put que lâcher cette phrase: "DITES-LUI QUE JE NE LUI EN VEUX PAS".
Il ne faut pas comprendre qu'il n'en voulait pas à sa femme de ne pas lui avoir donné un garçon, ni qu'il pardonnait à ce bébé d'avoir été si en retard. En fait, Antoine ne savait plus ce qu'il disait, essoufflé par ses allers-et-retours, heureux que tout se soit bien passé et inquiet de ne pas rater le départ du navire. Il lâcha le combiné et courut gravir la passerelle juste à temps.
Ce ne fut que quelques mois plus tard qu'Antoine put faire connaissance de sa fille, MARIE-ANGE.
Oui, cette anecdote concerne bien la naissance de Marie-Ange, la dynamique animatrice de l'ancien comité paroissial et de tant d'événements à POGGIOLO. Elle est née Socciaise voici quatre-vingts ans et est Poggiolaise depuis longtemps, depuis son mariage avec Xavier PAOLI.
Très bon anniversaire, Marie-Ange!
Ce texte est la version modifiée et mise à jour de l'article paru sur ce blog le 28 août 2009.
La mort de Jean-Mathieu MICHEL, maire de Signes dans le Var, a causé une émotion considérable. Il a été renversé par une camionnette dont le conducteur avait été surpris en train de déposer des décombres dans un lieu non autorisé.
Le travail d'un maire est exigeant, prenant et finalement dangereux, s'il veut accomplir réellement ce qui est nécessaire pour le bien de sa commune.
Photo AFP/Gérard Julien
Poggiolo a connu des interruptions de mandats de maire pour cause de décès, mais de façon moins dramatique. Deux cas se sont produits.
De nombreux Poggiolais se souviennent encore de Martin PAOLI qui, conseiller général du canton de Soccia depuis 1945, fut élu maire de Poggiolo en 1959. Il s'éteignit brutalement en mai 1968.
Beaucoup moins connu est le cas de Jean-Martin CECCALDI qui mourut en 1918.
Jean-Martin était le troisième des quatre fils de Jean-Noël CECCALDI et de son épouse Toussainte PAOLI. Il naquit à Poggiolo le 27 avril 1883.
Comme de nombreux autres Poggiolais, il s'établit en Tunisie. Se destinant à l'enseignement, il était élève-maître au moment du conseil de révision. D'après le registre des matricules militaires, il mesurait alors 1,64 mètre, avait cheveux, sourcils et yeux châtain foncé, un nez long et un menton court dans un visage ovale.
Il existe un portrait de lui sous la forme d'une peinture réalisée à partir d'une photo dans un cadre de verdure. Ses frères ont été représentés avec la même technique.
Jean-Martin Ceccaldi (photos Jeanne Grimaldi).
Il fit son service militaire à partir d'octobre 1904 dans la 25e section de commis et ouvriers d'administration. Au bout d'un an, le 16 octobre 1905, il fut mis en disponibilité, certainement pour raison médicale.
Il commença une carrière d'instituteur à Tunis.
Il se présenta aux élections municipales des 5 et 12 mai 1912 et devint maire de Poggiolo, succédant à Pascal Antoine MARTINI. Il n'avait que 29 ans.
Quant éclata la guerre mondiale, Jean-Martin fut rappelé par l'armée mais immédiatement réformé le 15 août 1914 par la commission spéciale d'Ajaccio pour "bacillose pulmonaire", c'est-à-dire pour tuberculose.
Cette décision fut confirmée par le conseil de révision de l'année suivante.
Son métier d'enseignant ne lui permettant pas d'être présent dans la commune en-dehors des vacances scolaires, la plupart des actes d'état-civil des deux premières années de son mandat était dressée et signée par son premier adjoint, Philippe FRANCESCHETTI (1857-1921), officier retraité.
Philippe était le père de Jean-Antoine et, donc, l'aïeul des FRANCESCHETTI actuels.
Philippe Franceschetti
Jean-Martin et Philippe eurent la pénible tâche d'enregistrer les décès des trente militaires poggiolais qui moururent pendant la première guerre mondiale.
Jean-Martin ne vit pas la fin du conflit car il décéda le 28 avril 1918"d'une longue et douloureuse maladie", ainsi que l'écrivit le quotidien "L'Œuvre" du 6 mai 1918. Il venait d'avoir 35 ans.
Site RétroNews.
Après les élections du 30 novembre et du 7 décembre 1919, le frère de Jean-Martin, Jean-François CECCALDI devint maire de Poggiolo dès le 8 décembre. Il le resta jusqu'en 1959 (avec une interruption en 1941-1943).
Jean-Martin CECCALDI avait épousé Jeanne PAOLI, née à Coggia mais d'une famille d'Orto. Ils eurent un fils, Antoine, en 1912, qui lui aussi fut instituteur. Il disparut dans l'accident de la Caravelle Ajaccio-Nice en 1968 (voir l'article "Jeanne et Valère parlent de la Caravelle").
Le souvenir de Jean-Martin subsiste d'une certaine manière avec les prénoms des deux filles d'Antoine: Jeanne (qui a aussi le prénom de sa grand-mère) et Martine.
En dehors des CECCALDI et des GRIMALDI, qui se souvient encore de ce jeune maire mort dans l'exercice de ses fonctions?
Il fallait y penser et "L'Express" l'a fait: le lac de Creno ressemble à "un petit air de Canada sur l'Ile de Beauté". L'hebdomadaire titre ainsi un reportage de trois pages sur le lac le plus célèbre de Corse.
Au sommaire du numéro du 31 juillet, un dossier est consacré aux "lieux de sérénité", soit "Vingt splendeurs françaises" présentées dans un cahier spécial de 64 pages. Creno fait parie de la catégorie des "sites de méditation" avec la forêt de Brocéliande, la montagne Sainte-Victoire ou la Vallée des Merveilles.
Il est dommage que, dans le bandeau, un "R" ait été oublié dans le mot "concurrence".
Il faut retenir la page 63 qui présente la vie et le travail de Jean-Mathieu CORIERAS, le charcutier-muletier poggiolais.
Malheureusement, en écrivant que "le plus bas des lacs corses est aussi l'un des plus faciles d'accès pour les randonneurs", le journaliste va encourager les touristes à venir plus nombreux encore.
Or, le lieu souffre de la sur-fréquentation touristique.
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).