Dans la ligne des photos de voitures présentées dans les deux articles précédents (voir ICI et voir ICI), voici un cliché pris par Joël CALDERONI en 1970, 1971 ou 1972.
La photo peut être agrandie par un simple clic.
Sur le côté de la maison de Valère, un groupe de joueurs de china cache une voiture. D'où, deux questions:
1-Quel est le type de cette voiture: une Ami 6 ou une Ami 8 Citroën ou une autre encore?
2-Pouvez-vous identifier les personnes absorbées par l'étude de leurs cartons de loto?
Avis: contrairement à l'habitude, l'administrateur du blog ne connaît pas toutes les réponses.
Si honnie, si critiquée maintenant, la voiture automobile fut le symbole de la liberté pour les Français de l'après-guerre qui pouvaient profiter de leurs congés payés. L'auto fut encore plus...
Les vieilles voitures ont toujours du succès, à l'instar de cette Traction qui a été remarquée à Rennu lors de la Tumbera du 5 février. Maintenant, les modèles d'automobiles sont bien diff...
Car je crois qu’en plein jour, à travers le bleu voile,
Tu sais prendre pour guide une lointaine étoile,
Tu as, comme autrefois le mage et le berger,
Ta boussole céleste quand tu dois voyager.
Oui, le ciel te conduit, diligente ouvrière,
Unie à l’astre d’or par un fil de lumière !
Et malgré cette gloire, au travail, ton ami,
Modestement tu vas, toi, petite fourmi !
Poggiolo, septembre 1922
Ainsi que l'indique la dernière ligne, ce poème a bien été écrit à Poggiolo il y a exactement cent ans. Un centenaire à ne pas oublier et qu'il aurait fallu fêter.
Mais ce poème ne vient pas d'un Poggiolais ni même d'un écrivain. Il est l’œuvre d’un Suisse et d’un savant,Félix SANTSCHI, dont la découverte est exposée dans ces vers.
DE LA SUISSE À POGGIOLO
Né à Bex (canton de Vaud, en Suisse) en 1872 et mort à Lausanne en 1940, Félix SANTSCHI a connu une carrière qui est résumée ainsi par le «Dictionnaire historique de la Suisse»:
Sa famille s'installe à Menton, puis à Buenos Aires, avant de revenir à Lausanne. Aide-préparateur à l'université de Lausanne, engagé comme assistant d'anatomie par Edouard Frédéric Bugnion (1895-1897). En 1896, S. voyage en Colombie et au Venezuela avec Auguste Forel et Bugnion pour récolter des fourmis. Soutenu par celui-ci, il fait des études de médecine (1895-1900, doctorat), mais, n'ayant pas de maturité fédérale, il n'est pas autorisé à pratiquer. Il s'établit à Tunis en 1901, puis à Kairouan (premier médecin étranger autorisé à y ouvrir un cabinet). S. a décrit quelque 2000 espèces et variétés de fourmis, découvrant certaines de leurs capacités de navigation (d'après le soleil et les odeurs qu'elles sécrètent). Membre de la Société suisse d'entomologie. S. revient en Suisse en 1940. Une fondation créée à l'université de Zurich en 1985 porte son nom.
Observateur infatigable du monde des fourmis, il observa près de 2.000 types de fourmis et publia 188 articles ou ouvrages entre 1906 et 1939 (liste complète sur le site spécialisé:http://www.antcat.org/referencespages 266 à 272). Les Tunisiens le surnommaientTabib-en-neml, le docteur des fourmis.
Dans ses listes de fourmis, il cite plusieurs variétés observées à Poggiolo. Il est difficile, dans l’état actuel de notre documentation, de préciser combien de séjours il fit dans le village mais il est certain qu’il y passa trois moisentre juillet et septembre ou octobre 1922.
L'entomologiste y fit une expérience fondamentale, dont il sera question ci-dessous, le 12 août 1922.
Il nous fournit des indications sur la nature poggiolaise de cette époque, même sur les pluies de septembre de cette année-là en écrivant:
«APoggiolo(Corse), par 750 m. d’altitude, j’ai pu observer par les nuits étoilées mais fraîches du 17 au 26 septembre (il avait plu abondamment les jours précédents) les Crematogaster scutellaris dont j’ai déjà parlé, se presser nombreuses, alertes et actives, comme en plein jour, dans leurs longues files» («L’orientation sidérale des fourmis…», Mémoires de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles, n°4, 1923, page 151).
Nous ignorons où il logeait mais nous savons à quelle heure il commençait sa journée car il nota :
«Poggiolo, 30 août 1922. Une seule femelle (de Bothriomyrmex meridionalis Rog., v. corsica), prise au vol pendant mon déjeuner à 7 ½ h du matin. Je n’ai pas pu trouver d’autres individus ni aucun nid durant trois mois de recherches.»(«Note sur les fourmis paléoarctiques», Boletin de la Real Sociedad Espanola de Historia Natural, marzo 1923, page 136).
Ce spécimen était particulier par rapport à d’autres variétés proches car«elle diffère par ses antennes, surtout les scapes(partie des antennes), plus minces.». Félix SANTSCHI remarquait que de nombreuses fourmis poggiolaises ont des différences par rapport au modèle général, comme la Bothriomyrmex corsicus ou la Leptothorax tuberum,«découverte par moi-même sous l’écorce d’un abricotier»àPoggiolo (ce qui prouve qu'il existait alors bien plus d'arbres fruitiers que maintenant) et dont la reine est«plus robuste que le type»(«Messor et autres fourmis paléarctiques»dans «Revue suisse de zoologie», vol. 30, n°12, septembre 1923, p. 331-332).
Il serait fastidieux d’énumérer toutes les observations faites dans notre village mais elles furent très nombreuses et fructueuses.
Ce spécialiste des fourmis ne dédaignait cependant pas les autres insectes puisque, dans«le compte-rendu de l’administration municipal de la ville de Genève pendant l’année 1922», il est fait mention d’un don de«une série d'Araignées de la Corse», effectuée par«M. le Dr F. SANTSCHI, àPoggioloper Soccia (Corse)»
LA BOUSSOLE CÉLESTE
Mais la célébrité de ce savant et dePoggiolovient de ses travaux surla façon dont les fourmis pouvaient s’orienter.
L’article, déjà cité, sur«L’orientation sidérale des fourmis…», publié dans les "Mémoires de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles, n°4, 1923", montre que, après avoir éliminé diverses hypothèses, SANTSCHI pensa que le soleil jouait un grand rôle dans les déplacements de ces animaux.
En utilisant un miroir, il fit déplacer l’image du soleil selon des angles différents et, chaque fois, les fourmis modifièrent leur déplacement.
Les expériences décisives eurent lieu àPoggiolo le 12 août 1922.
Les cobayes étaient des Aphaenogaster spinosa de fourmilières différentes et qui avaient été isolées de leur nid. Chaque fois, le reflet solaire artificiel entraîna une déviation. Le miroir retiré, les fourmis rejoignirent leurs congénères sans encombre. La figure reproduite ci-dessous décrit l’expérience.
L’énigme était résolue. L’émotion que ressentit alors Santschi se manifesta avec la composition du poème cité au début de cet article. Cet homme cultivé, ami du peintre Paul KLEE, rédigea ces vers àPoggiolomême.
SANTSCHI accomplit en Afrique du Nord d’autres essais qui donnèrent les mêmes résultats.
Ces travaux firent autorité pendant cinquante ans, jusqu’à ce que Karl von Frisch complète l'explication en apprenant que la lumière du Soleil est polarisée, et en vérifiant que les insectes peuvent le percevoir.
Les fourmis poggiolaises ont permis à la science de faire un pas important. Nous devons donc les respecter en souvenir de leur contribution.
Nous pouvons aussi sourire en imaginant le spectacle de ce Suisse moustachu et barbichu, armé de loupe, pinces, carnet de notes, miroir, etc., examinant les herbes, les mousses, les arbres et les pierres des murs du village sous les yeux de nos aïeux.
Précision: tous les documents cités sont en libre accès sur internet.
Avec l'utilisation massive du GPS pour n'importe quel déplacement, il est très loin le temps des cartes Michelin, ces cartes routières qu'il fallait déplier dans la voiture pour retrouver son chemin et qu'il fallait tourner et retourner pour leur donner la bonne orientation!
Toutefois, le conducteur était aidé.
Les routes étaient bordées par les bornes kilométriques. D'une hauteur de 65 centimètres, ces blocs en pierre (puis en métal) avaient un sommet arrondi de couleur rouge pour les nationales et jaune pour les départementales. Des inscriptions à la peinture noire donnaient le nom de la voie et de la prochaine agglomération avec sa distance. Comme leur nom l'indiquaient, ces bornes se trouvaient à chaque kilomètre.
Il existait aussi, comme maintenant, aux croisements et aux bifurcations, des pancartes donnant la direction des localités proches.
Cette photo, qui doit dater d'un peu avant 1960, montre un poteau entouré par Hervé CALDERONI et sa grand-mère Antoinette OTTAVY. Non seulement, il donne le sens à suivre pour aller à Poggiolo et Orto, mais il donne le kilométrage. La précision, à la centaine de mètres près, est presque équivalente à celle d'un GPS.
Où se trouvait ce poteau?
La réponse n'est pas évidente mais ce pourrait être le carrefour du Genice ou bien alors au-dessus de Guagno-les-Bains, près de la chapelle Saint Antoine. La direction indiquée serait celle de la route allant vers le Genice. Mais, dans ce cas, il est bizarre que Guagno ne soit pas marqué.
Actuellement, au même endroit, la signalisation est la suivante:
Mettant de côté la sempiternelle polémique sur l'état de désolation des panneaux actuels, on peut constater que les anciens panneaux étaient plus grands et plus lisibles. Et une évidence s'impose: maintenant, la distance n'est plus du tout indiquée. Le conducteur qui vient pour la première fois ignore combien de temps il va encore rouler et se trouve dans une situation plus difficile qu'il y a soixante ans.
La disparition des chiffres serait-elle un cadeau donné aux vendeurs de GPS?
Quand, en juillet 1969, ces deux baigneurs s'aventurent dans l'eau près de Tiuccia, ils ont quand même une vingtaine d'années.
Cette image est une copie d'écran d'un film tourné alors par Michel FRANCESCHETTI, ce qui explique sa qualité très moyenne. Mais découper la séquence permet de fournir plusieurs photos.
Ici, on peut comprendre que le personnage de gauche semble entraîné par son camarade. Il faut voir le film pour s'apercevoir qu'il porte des lunettes. Il s'agit de Joël CALDERONI.
Le personnage qui se trouvait à droite et qui finit par se jeter à l'eau, tout en gardant sa casquette, était Jean-Marc TRAMINI.
Tous deux purent rejoindre les copains sur la plage pour blaguer et s'amuser. C'étaient les vacances d'été avec des plaisirs simples.
Avec le "pont" de l'Ascension, certains ont pu goûter comme un prélude aux plaisirs estivaux. La baignade a même été possible.
Mais il faut être prudent en début de saison et suivre l'exemple donné par les deux Poggiolais de cette image: ils pénètrent prudemment dans l'eau en se tenant par la main et ils ont même des casquettes pour se protéger du soleil.
Le tableau-mystère n'est pas resté mystérieux pour tous nos lecteurs. Ils ont pu identifier Murzo avec son église caractéristique et, au premier plan, plusieurs maisons de Vico. L'artiste avait peut-être planté son chevalet du côté du couvent ou de Nesa.
Ce tableau, intitulé "Vue de Murzo et Vico", fait partie des "nouvelles acquisitions" du Musée FESCH d'Ajaccio. D'après le panneau d'information, il a été donné par François et Marie-Jeanne OLLANDINI. Il se trouve d'ailleurs dans la salle François OLLANDINI.
Toutes les photos de cet article sont de Philippe PRINCE.
Mais qui est cet artiste? Voici la présentation qui en est faite sur le site de la galerie Alexis PENTCHEFF de Marseille (https://www.galeriepentcheff.fr):
Marcel Poggioli naît en 1881 à Marseille, où son père, originaire de Carbuccia, est venu s’employer comme marin. Le jeune artiste suit les cours des Beaux-Arts de Marseille et complète sa formation par un séjour en Italie, à Florence puis à Rome. Il fait également un passage à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris avant de rejoindre sa région natale.
Il participe à de nombreuses expositions dans sa ville et envoie régulièrement ses œuvres à l’occasion des divers salons parisiens. Il répond aussi à une importante commande décorative, publique et privée, à Marseille et en Corse, illustre fréquemment revues et ouvrages.
En 1921, l’ancien élève des Beaux-Arts de Marseille y est nommé professeur de dessin et d’art décoratif, poste qu’il occupera jusqu’en 1948. Poggioli n’oublie jamais la Corse et rejoint dès qu’il le peut son appartement ajaccien, aménagé en atelier. Il possède aussi une maison entre Porto et Sagone où il demeurera le plus souvent après avoir quitté son poste de professeur à Marseille.
Marcel Poggioli est considéré comme un artiste corse et provençal à la fois, un peintre méditerranéen avant tout, qui puise sa retenue à la merveilleuse lumière des ports et des calanques d’ici et là bas. Il meurt à La Ciotat en 1969.
Dans la salle OLLANDINI, se trouve également un tableau de Marcel POGGIOLI intitulé "Sposata".
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).