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10 décembre 2024 2 10 /12 /décembre /2024 07:00

 

Avant l'arrivée du pape François, Corse-Matin publie lundi 9 décembre un article intéressant sur l'importance des confréries en Corse.

 

Ressuscitées, les confréries attendent le pape.

En Corse, des confréries ressuscitées,

boostées par l'aura du cardinal Bustillo

 

 

Portant haut l'oriflamme, elles incarnent un renouveau hors norme dans l'île - où elles sont plus d'une centaine pour quelque 4 000 membres - berceau le plus fertile, en France, de ces communautés également boostées par celui qui en fait un point cardinal. Décryptage.

 

"Si je n'étais pas confrère, il me manquerait une finalité. Un morceau de moi". C'est dit dans un souffle, une conviction intime partagée sur l'autel d'un chemin tracé depuis longtemps.

Jean-Michel Bisgambiglia vient de rentrer chez lui, à Peri, non loin d'Ajaccio, après une journée chargée. Dévouée, surtout. Il fait partie, à l'instar de centaines de bénévoles ayant répondu à l'appel, de ces petites mains qui tissent chaque jour les conditions d'accueil de François, le 15 décembre prochain.

Le trentenaire, prieur - depuis bientôt dix ans - de la confrérie San Larenzu, née au XVe siècle, mise sous l'éteignoir après que les trente-cinq jeunes partis au front en 14-18 ne sont pas revenus, se définit comme un "laïc engagé", aime-t-il répéter. Un socle commun à ces associations loi de 1901, qu'elles soient enracinées depuis des siècles, ou tout juste portées sur les fonts baptismaux.

Au sein de la compagnie, réactivée en 2004, Jean-Michel Bisgambiglia vit sa confraternité "chaque jour, en cultivant le lien social pour aider les plus vulnérables. Nous jouons également un rôle de paceri, de faiseurs de paix".

À la clé, un volet culturel, indissociable et fondateur, qui n'efface rien du cultuel - "nous sommes là pour épauler le curé" - le transcendant afin de mieux le servir, sans rien sacrifier de traditions qui passent aussi par la transmission et la "restauration du patrimoine liturgique".

Mais avant d'en arriver là, elle fut longue la route.

Ressuscitées, les confréries attendent le pape.

"Un refuge sur notre terre à forte identité"

Bannies par la Révolution française et un décret du 18 août 1792, les confréries - elles sont alors trois cents en Corse - apparues vers la fin du Moyen-Âge sous l'inspiration des ordres franciscains, afin d'instaurer le rituel de la Passion du Christ et la notion de pénitence, survivront d'abord secrètement. Puis, elles retrouveront grâce sous l'Empire, et leur place, progressivement, au cours du XIXe siècle. Plus tard, la Première Guerre mondiale les saignera, entraînant leur quasi-disparition.

Il n'empêche, "certaines n'avaient pas totalement rendu l'âme, éclaire Cécile Liberatore-Ruggieri, guide conférencière au musée de la Corse et auteure d'une enquête sur les vieilles compagnies pieuses de l'île. C'est dans les années 1970, que le Riacquistu permettra leur renaissance".

Jusqu'à atteindre un engouement spectaculaire à partir des années 2000, date à laquelle blasons, bannières, oriflammes, flottent à nouveau sur les nombreuses fêtes et événements religieux à travers l'île.

"Lorsque la procession s'achève, on est envahi par un sentiment très particulier, glisse une jeune novice, à bas bruit. Ce n'est pas seulement une histoire de foi, plutôt une envie de croire que l'on peut se côtoyer différemment les uns les autres".

Aujourd'hui, les diverses communautés, aux couleurs de la mantelletta qui les identifie, ont regagné du terrain, fait des émules.

"J'en avais recensé 70 à l'époque de l'enquête, en 2009, aujourd'hui, il y en a plus d'une centaine, réactualise Cécile Liberatore-Ruggieri, pour quelque 4 000 membres. La Corse étant le territoire le plus actif en France".

Notamment, parce qu'à contre-courant du continent, "les confréries agissent comme un refuge sur notre terre à forte identité, décrypte l'autrice, et rassurent dans un monde en proie aux effets de la mondialisation".

En corollaire, la prégnance de l'attachement familial, insiste la guide-conférencière. "On va en confrérie parce que le grand-père en était. On trouve ainsi dans ces associations qui maillent l'île, beaucoup de jeunes motivés par le chant, la langue, il est là, le vecteur".

Ressuscitées, les confréries attendent le pape.

Cœur de communauté

D'accord, Christophe Mondoloni, qui a co-fondé la confrérie d'Afa, en 2019. "Dans 80 % des cas, le chant est présent, confirme-t-il, les églises fonctionnant comme de véritables centres de formation. La plus ancienne confrérie de Corse, A compagnia del Santissimo Sacramento de Sartène, dont je me suis inspiré pour monter celle d'Afa, a sa propre messe chantée que l'on perpétue".

De la région ajaccienne à l'éperon rocheux qui soutient le village de Speloncato, en surplomb de la vallée du Reginu, en Balagne, une même vocation. Donner de la voix.

"Nous disposons de notre oratoire et chaque fois qu'un habitant décède, nous célébrons un office, c'est notre vrai boulot. Tout le monde pense qu'être confrère consiste à s'habiller et défiler à la messe, non. Nous avons gardé le répertoire de Speloncato avec 53 chants différents", s'enorgueillit Raphaël Quilici, 42 ans, qui fut, à l'âge de 20 ans, à l'origine de la refondation de la confrérie Saint-Antoine Abbé, forte d'une vingtaine de membres.

Au-delà de l'aspect religieux, pointe-t-il, l'important, c'est la cohésion, a fortiori dans le rural. "La confrérie est le cœur de la communauté. Quand nous fabriquons des petits pains pour la Saint-Antoine Abbé, en allumant le four communal et en invitant le village à se rassembler, ce n'est pas parce que l'on a besoin de monde, mais pour passer un moment ensemble".

La volonté d'agir, de coudre de l'entraide et de la fraternité, Émilie Cherubini, 24 ans, ex-prieuse de la confrérie Santa Croce, à Saint-Florent, la met en œuvre naturellement.

Rentrée dans la compagnie à 19 ans, elle développe, avec la quarantaine de confrères qui l'entourent, l'idée "d'une solidarité à travers le social".

Ressuscitées, les confréries attendent le pape.

Une "bienveillance" utile, renchérit l'Ajaccienne Marie-Paule Berti, consœur dans les rangs exclusivement féminins de Notre-Dame de la Miséricorde, liée à la Vierge Marie.

"Je suis très croyante et je trouvais que la religion chrétienne perdait de sa valeur. Participer à la vie religieuse de la cathédrale, m'occuper des autres, m'apaise".

"Serrer la main du Saint-Père"

Fin octobre 2024, le cardinal François Bustillo bénissait les douze confrères de Sant'Antone Abbate, à Orto, saluant la résurgence d'une confrérie en sommeil depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une renaissance visant, martèle Barthélémy Rutily, qui en est l'une des chevilles ouvrières, à conjurer le sort face à l'intérieur de l'île "qui se meurt" afin de "recréer une entité soudée dans une région où les villages se jouxtent".

La venue du pape ? "Elle peut être de nature à susciter l'émergence de confréries, réfléchit l'Orticais, néanmoins le travail est déjà fait par notre cardinal, notre vicaire".

Ressuscitées, les confréries attendent le pape.

Il prêche une convaincue, Cécile Liberatore-Ruggieri considérant que le renouveau auquel "on assiste n'a pas besoin de François pour être amplifié, le cardinal, très proche des confréries, étant déjà un médiateur privilégié entre ces dernières et l'Église".

Demeure, cependant, l'incontestable effet Bustillo, prompt à susciter des "créations", abonde Christophe Mondoloni, tandis que l'accompagnement des compagnies a été restructuré, indique l'abbé Frédéric Constant, vicaire général du diocèse d'Ajaccio. Deux diacres ont été désignés, Pierre-Ange Agostini pour le nord et François-Aimé Arrighi pour le sud.

"Si on ne croit plus en rien, on est perdu", lance Marie-Paule Berti, avant de revenir à des considérations plus pragmatiques lorsqu'on lui demande ce que lui apporte la venue du pape. "Énormément de travail", lance-t-elle, avec une franchise désarmante. Mais en rêvant, confesse-t-elle, de "serrer la main" du Saint-Père. Un rêve qui ne restera peut-être pas à l'état de vœu pieux.

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