Mais cette phrase a bien été prononcée par l'anthropologue Ghjasippina GIANNESINI dans l'entretien accordé à Pascale CHAUVEAU pour Corse-Matin. Avec Aurélie MAURIN, géomaticienne (experte des problématiques d'aménagement croisant la géographie et l'informatique), elle vient de terminer une étude sur l'évolution et l'usage des estives dans notre micro-région. Les résultats ont été présentés à Orto lundi 16 janvier à des élus et des éleveurs.
En lisant l'article paru dans le quotidien du 22 janvier, on apprend pourquoi la transhumance a de l'avenir. On découvre surtout de nombreux renseignements sur les traditions des bergers corses. Retrouver la mémoire du pastoralisme permet de reprendre contact avec le monde de nos ancêtres et de réfléchir à l'avenir de nos villages.
Un troupeau en transhumance à Guagno-les-Bains dans les années 1960. Photo de Maryse Moretti.
"Christian, arrête-toi! Ça commence à bien faire!".
Il est rare qu'un prêtre interrompe sa messe pour s'écrier ainsi. Mais il est vrai que, en ce dimanche de juillet 1965, Christian PINELLI était un enfant de chœur bien turbulent. Et puis, le curé, le Père MILLELIRI, connaissait tout le monde à Poggiolo et pouvait se permettre une certaine familiarité avec ses ouailles.
Cette familiarité, cette habitude de croiser un prêtre dans le village, voici trente ans, depuis son départ en 1972, que Poggiolo, Orto, Soccia et même Vico ne les connaissent plus.
Originaire de Sotta, dans le sud de la Corse, Paul MILLELIRI naquit le 1er décembre 1917. Mobilisé en 1939, il resta prisonnier en Allemagne du printemps 1940 jusqu'à la fin de la guerre. Il était dans le stalag V-B, en Forêt-Noire, où étaient rassemblés de nombreux soldats corses.
Extrait du n°386 (mai 1983) de "Le lien", bulletin de l'union nationale des amicales de camps de prisonniers de guerre.
Ce séjour eut des conséquences sur sa santé qui était fragile et sur sa vocation religieuse qui fut renforcée par les malheurs qu'il vit autour de lui.
Sorti du séminaire en juillet 1951, il fut nommé curé de Poggiolo, Soccia et Orto en 1956. A cette date-là, après le décès d'Ange Mathieu PASTINELLI, curé depuis 1928, un accord fut conclu entre le diocèse et les Oblats, confiant aux Pères de Vico la responsabilité du culte à Guagno et Guagno-les-Bains.
Le nouveau curé déploya une grande activité dans ses trois paroisses. A Poggiolo, il était parfois relayé pour les messes par le Monsignore Martin DEMARTINI (voir l'article "Curés sac au dos!").
La photo ci-dessous (extraite d'un film de Michel Franceschetti) permet de voir, sortant de l'église Saint-Siméon, le visage émacié, orné de petites lunettes, de l'abbé MILLELIRI qui précède la statue de la Vierge portée par Jean-Marie PASSONI, Etienne PINELLI et François PINELLI le 15 août 1965.
Photo Michel Franceschetti.
Ce curé "très classique et parfois même intransigeant", ainsi qu'il est écrit dans l'article de "Corse-Matin" du 28 juillet 2003, faisait des homélies parfois un peu longues mais il ne rechignait pas devant l'effort.
A pied ou sur un âne, il gravissait le chemin vers Saint Elisée en gardant sa soutane. Elles aussi extraites d'un film double 8, ces autres photos, bien que très floues, le montrent dans ce vêtement traditionnel le 29 août 1968, sur les bords du lac de Creno.
Photos Michel Franceschetti.
Paul MILLELIRI appliqua les réformes décidées par le concile Vatican II qui eut de si grandes conséquences sur les célébrations religieuses (voir l'article "L'effondrement religieux en France et en Corse").
Certains fidèles socciais furent, paraît-il, mécontents de la disparition du vieux carrelage et d'un grand lustre de leur église.
Mais la grande affaire fut la construction du nouveau presbytère de Soccia, à gauche de l'église Sainte Marie.
Soccia avant la construction du presbytère (carte postale appartenant à Judith Ottavy-Poli).
L'église et le presbytère (photo Michel Franceschetti).
L'édification de ce grand bâtiment fut financée grâce aux dons des habitants et par les produits des kermesses.
Dans ces grands rassemblements estivaux, les jeux étaient variés: jeux de massacre, lancers d'anneaux sur des bouteilles, lapinodrome (paris sur le numéro de la boîte dans laquelle entrera un lapin lâché au centre du jeu)...
On pouvait payer pour écouter des disques, manger des gâteaux ou acheter des livres d'occasion (pas toujours très catholiques puisque l'on y trouva une fois "L'amant de Lady Chatterley"!!!).
Des bénévoles mirent aussi la main à la pâte sur le chantier.
Le résultat fut une belle maison.
Photos Michel Franceschetti.
Destiné à servir de logement au curé et à abriter des groupes de scouts l'été, le presbytère fut, après le départ du Père MILLELIRI, l'objet d'un long litige. L'association paroissiale et la mairie croyaient en être propriétaires alors que l'édifice appartenait à l'évêché.
En 1969, l'abbé MILLELIRI fut nommé curé de Vico, puis en 1972, après dix-sept ans dans les Deux Sorru, il devint curé de Bonifacio, la région d'où il était originaire.
A la suite de son départ, en vertu d'un accord conclu en 1967 entre Mgr COLLINI, évêque d'Ajaccio, et le supérieur des oblats, les paroisses de Poggiolo, Soccia et Orto furent désormais desservies par le couvent de Vico.
Dans la ville de l'extrême-sud corse, le curé fit montre d'une grande activité pastorale et fut très aimé de ses paroissiens.
Milleliri avec des communiants de Bonifacio en 1991 ou 1992 (photo François Canonici).
Il contribua à mettre en valeur la patrimoine religieux de la cité, restaurant par exemple avec Geneviève MORACCHINI-MAZEL le vieux couvent St François et publiant, avec elle et le général SERAFINO en 1981 un cahier CORSICA sur "Les monuments et œuvres d'art de la Corse: Bonifacio" qui fait autorité.
Nommé chanoine honoraire juste avant sa retraite en 1995, Paul MILLELIRI se retira dans son village de Sotta où il décéda le 26 juillet 2003.
Apprenant son rappel à Dieu, ses anciens fidèles de Poggiolo, Soccia et Orto furent très déçus que le long article biographique qui lui fut consacré dans le "Corse-Matin" du 28 juillet ne fasse aucune allusion aux années passées dans ces villages.
Merci à François Canonici pour ses renseignements sur la période bonifacienne et merci à Judith Ottavy-Poli pour ses souvenirs de l'époque socciaise.
Un grand merci à Antoine MANGIAVACCA qui a répondu à l'appel plusieurs fois publié dans ce blog et nous a transmis des photos intéressantes provenant de son grand-père datant des années 60.
Dans son envoi, nous avons remarqué cette image.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir.
L'établissement thermal de Guagno-les-Bains est vu de face, avec sa forme en U caractéristique, l'aile de gauche un peu moins visible que celle de droite. Les véhicules stationnés sur le bord de la route sont bien des modèles de l'époque et, à part eux, rien ne semble avoir changé.
Pourtant, cette photo est impossible à refaire maintenant.
Dans les années 1989-1991, fut réalisé le grand ensemble de l'Hôtel des Thermes dont l'exploitation s'avéra calamiteuse. Il sert maintenant, pour quelques mois encore, au FAM (foyer pour adultes médicalisé).
Le photographe des années 60 était placé en face, en contrebas, près de l'ancienne épicerie de Mimi. Mais le bâtiment cache complètement les thermes, d'autant plus que des arbres ont été plantés sur ce qui était un terrain vague, qui servait souvent de terrain de football.
Photo du 13 Août 2022, par Michel Franceschetti
Il faut aller sur la route de l'autre côté de la rivière, près de la bifurcation du Genice, pour voir tout le village de biais.
Photo Michel Franceschetti, avril 2022.
Et, en agrandissant, on aperçoit l'établissement en partie caché par l'ancien hôtel aux fenêtres en arc de cercle.
Même de biais, une photo du bâtiment de bains est impossible à réaliser alors que la vue était bien plus dégagée voici un siècle, comme le montre cette carte postale.
Voici ce qu'a révélé France Bleu RCFM sur sa page Facebook samedi 3 septembre:
Comme chaque année, la chasse au sanglier a bien démarré le 15 août. Mais le nombre de sangliers a très fortement augmenté, ainsi que les dégâts qu'ils provoquent dans les propriétés. Ils ont d'ailleurs du mal à se nourrir et vont chercher de la nourriture en ville.
De plus, ces animaux sont malins et réussissent à s'échapper à l'attention des chasseurs et de leurs chiens.
Aussi, quel bonheur de ramener des dépouilles au village! Bien sûr, en 2022, la chasse n'est pas bien vue du tout. Végans et amis des animaux se déchaînent contre les "viandards".
Vers 1960, l'état d'esprit n'était pas le même. Il était normal de montrer le résultat de la battue. Ainsi, Etienne PINELLI, le père de Dominique et Félicie, montre un trophée devant Félix PINELLI et René ORTOLA.
Fonds Saveriu PAOLI.
Cette photo fait penser à une autre, déjà publiée sur ce blog en 2014, montrant un retour de chasse d'à peu près la même époque.
Elle avait été donnée par Maryse MORETTI, de Guagno-les-Bains.
Voici la description rédigée par notre correspondante:
sur cette photo, Mimi Canale (assis) avec sa casquette et son éternelle salopette bleue - il y a également, parmi quelques Poggiolais et autres Socciais, le père de Josiane (qui tient le sanglier), Mathieu Canale le frère de Mimi, le petit Mathieu Poli, le fils du garde-champêtre de l'époque, Marie-Angèle Canale, Pierre Leca du Café des Amis, à l'extrême droite, à peine visible, Josèphe Roméo près de son grand-père et, près de lui, mon grand-père Louis Antonini.
La fontaine du Lucciu, bien abandonnée maintenant, fut un centre d'animation important à Poggiolo. Avant l'installation de l'eau courante, pratiquement chaque famille venait remplir cruches, brocs ou seaux pour la boisson ou même pour la toilette.
De nombreuses personnes pouvaient se retrouver en ce lieu et elles en profitaient pour raconter les dernières nouvelles, et surtout les ragots les plus déplaisants. Il valait donc mieux ne pas paraître trop négligé en allant remplir son récipient.
Les personnages de cette photo l'avaient bien compris.
Ils étaient habillés de façon décontractée mais très correcte.
Leurs noms?
A gauche, Marcel ANGELINI.
Au centre, Gisèle ANGELINI.
A droite, accroupi, Félix PINELLI, et, derrière lui, Jules OLIVA.
La date n'est pas précisée mais la scène pourrait se situer dans les années 1950. Nous serions heureux qu'un lecteur nous donne plus de précision.
Un indice existe: "le bar des fauchés".
Cette inscription humoristique, tracée soigneusement à la peinture noire (ou au goudron, disent certains) en arc de cercle au-dessus de la sortie de l'eau, daterait des années 1930 et aurait subsisté longtemps, jusqu'au début des années 1960.
Autre photo, autre date, mais toujours avec de beaux habits:
De gauche à droite, on reconnaît facilement:
- François OLIVA
- Bernard FRANCESCHETTI
- Jeanne CECCALDI
- Martine CECCALDI
- Dominique PINELLI
- Michel FRANCESCHETTI
- Joël CALDERONI
- Hervé CALDERONI
La photo est bien datée: le 15 août 1967. Ce jour étant la fête de l'Assomption, on peut penser que l'habillement avait été un peu plus soigné que d'habitude.
Attention, cette photo est historique:L'eau courante ayant été installée dans les maisons poggiolaises lors des mois suivants, nous avons certainement là le dernier cliché de la corvée d'eau.
Le retour de la fontaine avait été photographié vingt ans auparavant, en 1947, avec cette bande de joyeux drilles eux aussi tirés à quatre épingles.
La scène se déroulait sur la route, un peu plus haut que l'entrée du bar Le Belvédère, pratiquement en face de l'actuelle maison de Fosca, qui n'était pas encore construite. En revanche, la casette du fond n'existe plus depuis très longtemps. On peut remarquer, près du monument aux morts, la grande croix en bois remplacée maintenant par une croix en maçonnerie.
Le porteur de seau était Jean-Martin FRANCESCHETTI. Près de lui, se trouvait André PINELLI. Qui peut identifier les autres membres du groupe?
Avec l'utilisation massive du GPS pour n'importe quel déplacement, il est très loin le temps des cartes Michelin, ces cartes routières qu'il fallait déplier dans la voiture pour retrouver son chemin et qu'il fallait tourner et retourner pour leur donner la bonne orientation!
Toutefois, le conducteur était aidé.
Les routes étaient bordées par les bornes kilométriques. D'une hauteur de 65 centimètres, ces blocs en pierre (puis en métal) avaient un sommet arrondi de couleur rouge pour les nationales et jaune pour les départementales. Des inscriptions à la peinture noire donnaient le nom de la voie et de la prochaine agglomération avec sa distance. Comme leur nom l'indiquaient, ces bornes se trouvaient à chaque kilomètre.
Il existait aussi, comme maintenant, aux croisements et aux bifurcations, des pancartes donnant la direction des localités proches.
Cette photo, qui doit dater d'un peu avant 1960, montre un poteau entouré par Hervé CALDERONI et sa grand-mère Antoinette OTTAVY. Non seulement, il donne le sens à suivre pour aller à Poggiolo et Orto, mais il donne le kilométrage. La précision, à la centaine de mètres près, est presque équivalente à celle d'un GPS.
Où se trouvait ce poteau?
La réponse n'est pas évidente mais ce pourrait être le carrefour du Genice ou bien alors au-dessus de Guagno-les-Bains, près de la chapelle Saint Antoine. La direction indiquée serait celle de la route allant vers le Genice. Mais, dans ce cas, il est bizarre que Guagno ne soit pas marqué.
Actuellement, au même endroit, la signalisation est la suivante:
Mettant de côté la sempiternelle polémique sur l'état de désolation des panneaux actuels, on peut constater que les anciens panneaux étaient plus grands et plus lisibles. Et une évidence s'impose: maintenant, la distance n'est plus du tout indiquée. Le conducteur qui vient pour la première fois ignore combien de temps il va encore rouler et se trouve dans une situation plus difficile qu'il y a soixante ans.
La disparition des chiffres serait-elle un cadeau donné aux vendeurs de GPS?
Canicule ou pas, chaque été est, par définition, plus chaud que les autres saisons. Il est normal de se protéger des hautes températures. A Poggiolo, sans s'enfermer toute la journée, on peut trouver des lieux de relative fraîcheur.
Pendant de nombreuses années, et notamment dans les années 1960 et 1970, le croisement de la Stretta (la rue qui va du haut au bas du village) et de la route était un lieu de rendez-vous important pour les Poggiolais. Les jeunes appréciaient plus particulièrement les deux marches qui étaient derrière la maison MARTINI devant une porte toujours fermée. Le petit coin formé entre ces marches et le muret grillagé permettait de s'asseoir ou de s'allonger. De plus, il y a toujours au moins un filet d'air.
Photos Michel Franceschetti.
On pouvait y parler, s'amuser et on pouvait même y somnoler quand il faisait chaud.
C'est cette dernière solution qui a visiblement été adoptée par Christian PINELLI sur cette photo prise par Jacques-Antoine MARTINI en 1968.
Au centre, regardant Christian, on peut voir les cheveux de Joël CALDERONI qui a préféré être torse nu.
Au premier plan, Michel FRANCESCHETTI examine un paquet de cigarettes, qui n'avait pas la présentation anti-tabagiste de maintenant.
Photo Jacques-Antoine Martini.
On pouvait lire le journal au frais, comme Marie-Thérèse MARTINI-LECCIA et François OLIVA.
Photo Michel Franceschetti.
L'ombre se trouvait également une partie de la journée en face, dans la descente de la Stretta mais, comme le montre cette autre photo de Jacques-Antoine MARTINI de 1968, le lieu était prioritairement réservé aux adultes.
Ainsi, la chaleur n'empêchait pas le maintien des liens sociaux.
L'article sur Pierrette la bouchère rappelait qu'il exista de nombreux commerçants itinérants. Ils vendaient essentiellement des produits alimentaires mais pas tous.
Pendant longtemps, il y eut GRIFFONI qui proposait vêtements, chaussures et draps dans les villages quand il quittait son magasin vicolais pour faire sa tournée hebdomadaire, le plus souvent. Sa boutique se trouvait à l'entrée de Vico, en venant de Poggiolo, en face de l'étude notariale.
Boutique Griffoni à Vico.
En août 1968, Jacques-Antoine MARTINI photographia un groupe de Poggiolaises devant une exposition de textiles. On peut supposer que GRIFFONI venait de faire halte au village. En dehors de Rosine FRANCESCHETTI et Françoise PAOLI, tout à gauche, qui bavardent, ces femmes examinent avec sérieux les articles proposés. Saurez-vous les identifier?
Petite remarque: la datation a été facilitée par l'inscription peinte sur la maison des GRIMALDI. Pour la comprendre, il faut lire l'article "Un tag ésotérique" .
A partir de l'apparition de l'automobile, des commerçants, les commerçants itinérants, ont été nombreux à sillonner les routes. Leur âge d'or a peut-être été l'immédiat après-deuxième guerre mondiale, quand les villages perdaient leurs boutiques de commerce et d'artisanat alors que la voiture était encore rare.
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Trouvé sur Facebook.
La photo date de cette époque. Le véhicule de droite est un TUB (Traction Utilitaire de type B) Citroën, modèle très utilisé comme magasin itinérant. Les deux camionnettes appartenaient à la boucherie TIDORI de Vico.
Les immatriculations se terminant par 20 prouvent qu'elles furent mises en circulation avant le 1er janvier 1975, date de l'application de la coupure de la Corse entre les départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Les plaques se sont ensuite terminées par 2A ou 2B.
Maintenant, les familles vont se ravitailler rapidement au supermarché ou à la supérette. Mais des commerçants persistent et ils sont toujours très utiles. Ainsi, CASALTA, installé depuis une éternité sur la place Casanelli de Vico, fait régulièrement des tournées de livraison dans les villages des Deux Sorru, même l'hiver, ce qui est utile pour les vieilles personnes.
Le cas le plus connu est celui de Pierrette MALATESTA. Tous les samedis matins de l'année, les habitants de Poggiolo ou de Soccia peuvent approcher sa camionnette pour acheter, viande, charcuterie ou plats préparés.
Ces trois photos datent du samedi 7 août 2021.
Photos Michel Franceschetti
A cette occasion, on peut relire l'article publié le 17 juin 2013 dans Corse-Matin sous la signature de J-M F.
"La bouchère qui résiste contre la désertification"
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Le tissu commercial dans le milieu rural s'est effiloché au fil des ans depuis une trentaine d'années. Le petit commerce a subi un bouleversement considérable comme on peut le constater dans les villages de montagne. Les bonnes volontés et les irréductibles luttent chacun à leur manière contre cette inexorable mutation.
Aussi, les initiatives deviennent de réelles bouées de sauvetages, des bouffées d'oxygène pour les populations fragilisées parce que souvent plus âgées.
« Un rituel immuable »
Il y a ceux et celles qui, contre vents et marées, ont décidé il y a bien longtemps de faire de la résistance.
Aussi, dans le canton des Deux Sonu, notamment au départ de Vico, les commerçants parmi lesquels, le boulanger tous les jours, l'alimentation deux fois par semaine, l'épicerie une fois, vont dans les villages à la rencontre des habitants afin de leur proposer leurs produits de consommation. Et puis on trouve Pierrette, la bouchère, une de ces inusables colporteurs.
Cette commerçante vicolaise sillonne depuis des années les chemins de campagne, les routes du canton, au volant de son moderne camion-magasin. Un véhicule frigorifique, pour la conservation de la viande et de ses dérivés, étal et autres armoires réfrigérées répondant aux normes imposées par les services de santé.
Son aménagement a été pensé au millimètre près, afin que rien ne manque. Du lundi au samedi, le rituel est immuable. La dynamique bouchère, avant de s'élancer sur les routes de montagne, au petit matin, prépare dans son laboratoire de découpe les viandes de toutes catégories, les conditionne. Pierrette, pour sa fidèle clientèle d'hiver comme d'été, prépare de succulents plats cuisinés, appréciés par tous.
Notamment par les personnes dépendantes pour lesquelles, depuis des années, les collectivités et services sociaux locaux permettent le port du repas à domicile. Pierrette Malatesta connaît les habitudes de chacun, leurs goûts, leurs besoins.
Au rythme des saisons quelles que soient les conditions climatiques, elle effectue sa ronde de hameaux en villages en sachant les villageois, heureux d'un service primordial de proximité.
J.-M.F.
P.S.: La camionnette de Pierrette passe à Poggiolo chaque samedi. Pour les commandes: 04-95-26-64-91 / 06-84-18-81-17
En un demi-siècle, l'aspect de Poggiolo et de Soccia n'a pratiquement pas changé, comme l'ont montré les articles précédents: sur Poggiolo (cliquer ici)et sur Soccia (cliquer ici).
Loin des villages de Sorru, une photo donne la même impression.
Quinze jeunes étaient partis en voitures de Poggiolo le matin du 20 juillet 1969 pour aller visiter le nord de la Corse dans une balade de trois jours. Après Cargese, ils s'étaient arrêtés en début d'après-midi à L'Ile-Rousse où cette photo fut prise par Joël CALDERONI.
Y figurent, de gauche à droite:
- un copain qui ne vint que cette année-là
- Christian PINELLI
- Hervé OULIÉ
- Hervé CALDERONI
- Jean-Marc OULIÉ
- Bernard FRANCESCHETTI
L'endroit représenté est bien facile à reconnaître: derrière le marché couvert de L'Ile-Rousse.
Ce marché, construit en 1844, élu comme "le plus beau marché de Corse" par les téléspectateurs de TF1 13 h, a la caractéristique d'avoir 21 colonnes doriques. Deux sont visibles ici.
En 1969, le sol était pavé et deux magasins d'alimentation étaient voisins.
Pour connaître la situation actuelle, consultons Google Maps.
Incroyable! Rien n'a changé!
En janvier 2009, date de l'image trouvée sur internet, les pavés et les deux magasins étaient toujours là!
Pour trouver un changement important par rapport à la même journée du 20 juillet 1969, il faut revenir à Cargese où les Poggiolais étaient passés le matin.
Certains se firent photographier appuyés sur les racines aériennes du belombra qui s'épanouissait près de l'entrée de l'église grecque. En Corse, on écrit parfois "bellombra" et on dit également "ombu".
On peut reconnaître, de gauche à droite:
- Michel FRANCESCHETTI, alors barbu et moustachu, et (ô aberration) avec des chaussettes dans ses espadrilles,
- Bernard et Marie-Claude FRANCESCHETTI
- François OLIVA
- Hervé CALDERONI
- Monique FRANCESCHETTI
Au fond: Jean-Marc OULIÉ et le copain.
Retour à Google pour revoir cet arbre: il n'y est plus.
En novembre 2008, un jeune olivier était à sa place. Le belombra avait dû être coupé pour cause de maladie.
Devant l'église grecque, les arbres donnent bien de l'ombre (voir cette photo du 14 août 2011). Mais l'espèce n'est plus la même.
Photo Philippe Franceschetti, 14 août 2011.
Le 20 juillet 1969, date des photos de Cargese et de l'Ile-Rousse, est resté dans toutes les mémoires car c'est le jour des premiers pas de l'homme sur la Lune. Mais, contrairement à beaucoup, ce groupe de jeunes s'intéressait plus à la Corse qu'à notre satellite.
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).