Poggiolo faisait partie du canton de Soccia qui correspondait à la pieve de Sorru in sù instituée à l'époque génoise et continuée par la monarchie française. Ce canton réunissait les communes de Poggiolo, Orto, Guagno et Soccia. Il comprenait donc tout le territoire commençant au pont de Rioseccu, à mi-chemin de Sorru et de Guagno-les-Bains, et allant jusqu'aux sommets des montagnes environnantes. Malgré une légende tenace, venant du nom utilisé, la limite administrative de ce canton n'englobait pas le col, qui est dans la commune de Murzo.
Le canton, nommé canton de Soccia, était représenté par un conseiller général qui siégeait avec l'ensemble du conseil général de la Corse au Palais Lantivy, siège de la Préfecture à Ajaccio.
Les prochaines élections, dites départementales, vont bouleverser le fonctionnement des départements. Il est donc intéressant de savoir qui parlait au nom de Sorru in sù dans le passé. Il est vrai que certains de ces notables étaient des personnalités assez curieuses, dont certaines ont déjà été évoquées sur ce blog.
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Le conseil général du département est une institution créée sous le Consulat le 17 février 1800. Sous Napoléon et à la Restauration, les membres en étaient nommés par le gouvernement. Ce fut le cas pour l’abbé Jean-Antoine PINELLI, nommé en 1818 par Louis XVIII (voir l'article "L'homme le plus cultivé de Corse (3/3)").
L’élection se fit au suffrage universel à partir du 3 juillet 1848.
Sous le Second Empire, le canton vota très fidèlement pour les bonapartistes, représentés par Etienne LECA, géomètre en chef à Ajaccio, élu en 1858 contre l’avocat CASANELLI, neveu de l’évêque d’Ajaccio qui mobilisa les prêtres du canton et du séminaire pour la campagne électorale (voir l'article ""Battue de prêtres" dans le canton de Soccia").
En 1867, le prince Napoléon-Charles BONAPARTE (1839-1899), petit-fils à la fois de Lucien et de Joseph Bonaparte, remporta le scrutin haut la main mais, élu également à Bastelica, Salice et Ajaccio, il préféra opter pour la ville-préfecture et devint président du conseil général. Etienne LECA retrouva son siège.
prince Napoléon-Charles BONAPARTE
En 1872, le comte François POZZO-DI-BORGO (né en 1837, décédé en 1907) garda le canton au camp bonapartiste bien que Poggiolo eut été l’une des premières communes corses à se rallier au nouveau régime. Il devint ensuite républicain modéré.
Il fut battu fin 1877 par l’avocat républicain Simon UCCIANI (né en 1838) qui fit un grand travail de «républicanisation» du canton (voir l'article "Péripéties municipales: on ne peut pas se fier au petit personnel (2/2)").
Le poste de conseiller général passa en 1883 au républicain radical Etienne LECA, géomètre en chef du cadastre à Constantine, qui fut aussi candidat malheureux de la gauche aux élections législatives de 1885.
En 1890, Philippe LECA fut élu. Il était avocat à Ajaccio et devint ensuite juge à Embrun.
Après un bref intermède PINELLI en 1895, le siège de Soccia revint en 1896 à Antoine LECA, chancelier du consulat de France à La Canée en Crète.
En 1901, l’abbé Antoine-Louis OTTAVI, professeur au petit séminaire d’Ajaccio, remporta les élections. Bien que prêtre, il ne s’opposa pas beaucoup à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, au contraire des paroissiens de Soccia qui se rassemblèrent avec leurs armes et leurs outils devant leur église pour empêcher l'inventaire des objets du culte. L'abbé soutint ensuite le candidat républicain aux élections législatives de 1906.
réunion de fidèles opposés aux inventaires devant l'église de Soccia (photo extraite de "Histoire d'un petit village de montagne au cœur de la Corse du Sud", écrite par Jean-Baptiste PAOLI)
Ces positions expliquent qu’il fut battu en 1907 par Antoine LECA qui revint dans le canton avec, cette fois, le titre de vice-consul de France à Palerme. L’année suivante, il était vice-consul de France à Naples. En 1910, il avait la fonction de consul de France à Cagliari, en Sardaigne. Ces affectations différentes ne l’empêchaient pas d'être membre du conseil général de Corse.
En 1913, ce fut à l’avocat parisien Antoine-François CECCALDI de siéger au Palais Lantivy.
En 1921, le richissime parfumeur François COTY (1887-1934) battit le maire de Poggiolo Jean-François CECCALDI, qui représentait la gauche. Cette élection fut suivie par toute la Corse et même sur le continent, ainsi que le montrent les articles "En 1921, le canton était au parfum (début)" et "En 1921, le canton était au parfum (fin)".
Jean-François CECCALDI prit sa revanche en 1925.
En 1933, élection de François OTTAVI, républicain radical soutenu par le parti d’Adolphe LANDRY qui représentait la gauche en Corse.
Mais, le scrutin étant invalidé, le Docteur François ANTONINI fut élu. Il était républicain de gauche (du parti de François PIETRI), c’est-à-dire de centre-droit!!!
Après une nouvelle invalidation, le Docteur ANTONINI fut réélu, le 16 août, contre Noël PINELLI, socialiste SFIO (parti Landry).
A la Libération, le 23 septembre 1945, Martin PAOLI fut élu sous l’étiquette SFIO. Il devint vice-président du conseil général, puis maire de Poggiolo à partir de 1959.
Après le décès de Martin PAOLI en mai 1968, le maire de Guagno Jean-Antoine GAFFORY gagna l'élection. Voir l'article "1968: le canton passe à Guagno".
En 1973, la réforme cantonale ayant regroupé les cantons de Soccia et de Vico dans le canton des Deux Sorru, le nouveau siège revint au maire de Vico Dominique COLONNA (divers gauche), puis, en 2008, au divers droite François COLONNA.
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