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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 18:00

A la suite de l’article précédent qui évoquait les anciens chemins de transhumance, une de nos lectrices, Maryse MORETTI, a eu la gentillesse de faire parvenir au blog des Poggiolais la photo suivante.

Quand la transhumance passait par Guagno-les-Bains

Le cliché a été pris d’assez loin mais on y voit un troupeau de chèvres constitué en deux parties (encerclées par un trait ovale blanc ci-dessous) entre lesquelles se trouvent un ou deux hommes. Ces bêtes vont passer devant l’établissement thermal de Guagno-les-Bains (lettres E. T.) pour monter jusqu’à la chapelle de Saint Antoine avant de continuer leur chemin vers Sagone.

Quand la transhumance passait par Guagno-les-Bains

Le format de la photo et le type de couleurs, maintenant un peu passées, indiquent que l’image doit dater du début des années 1960. L’état de l'aile des thermes que l’on voit ici montre, en tout cas, que la SARL gérée par Charles HOUVER n’avait pas encore entrepris les travaux de rénovation qui permirent la réouverture en 1973.

Merci à Maryse MORETTI d’avoir permis de se souvenir de la vie traditionnelle d’il y a cinquante ans.

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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 17:50

L'image de Guagno-les-Bains, appelé Bains de Vico, parue en 1851 dans le "Le Magasin pittoresque" (voir l'article "Bains de Vico ou Guagno-les-Bains ?"), donne de nombreux détails sur ce qu'était la station thermale à cette époque.

Les ponts de Guagno-les-Bains

Le texte du journal évoque un pont de bois qui était jeté au-dessus du Liamone (le Fiume Grosso, en réalité). Il se voit très bien sur le côté gauche de la gravure. Il se trouvait face à l'établissement thermal, tout comme le pont en pierre actuel que l'on appelle pont de Caldane. Mais de quand date ce dernier?

Les ponts de Guagno-les-Bains

La réponse est donnée par le croquis suivant.

Les ponts de Guagno-les-Bains

Cette aquarelle a pour titre "Guagno les bains, pont sur le torrent Grosso". Il s'agit donc bien du même endroit. Deux élégantes (des curistes?) franchissent la rivière à la place des paysans qui, dans le dessin de 1851, faisaient boire leurs bêtes.

Cette peinture est l'œuvre du peintre Jean-Jérôme LEVIE (1809-1882) et se trouve actuellement au Musée Fesch d'Ajaccio. La signature placée sur un rocher de la gauche du tableau donne la date de 1857. 

Le pont actuel a donc été édifié entre 1851 et 1857.

Et il est toujours présent et toujours solide, comme le montre cette photo prise lors de la fiumara record du 12 juillet 1983.

Nous espérons qu'il résistera encore longtemps aux colères de la rivière.

Mais ne serait-il pas possible d'envisager de célébrer les 160 ans du pont, soit cette année, soit en 2016 ou en 2017? Ce serait une bonne idée pour faire une fête, pour animer le village et pour se rattacher à nos racines.

 

Les ponts de Guagno-les-Bains
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29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:17

L'expression "Bagni di Vico", qui se trouve sur la représentation de la Corse dans la Galerie des Cartes du Vatican (voir l'article "La Corse (et Sorru in sù) au Vatican"), peut intriguer.

La station thermale de Guagno-les-Bains a souvent (et est encore) nommée "les Bains de Guagno". Mais elle a parfois été appelée "Bains de Vico", expression pouvant concerner également les thermes, abandonnés depuis très longtemps, de Caldanelle, près de Balogna. L'usage de ce nom s'est de plus en plus raréfié au cours du XIXème siècle. 

En 1851, le périodique d'informations "Le Magasin pittoresque" présenta les "Bains de Vico", gravure à l'appui. Et aucun doute n'est possible: il s'agit bien de Guagno-les-Bains.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Il n'est pas nécessaire de décrire cette image car le magazine en donne une description très précise:

 

"Vico, situé à 12 kilomètres de la mer, au couchant du monte Rotondo, offre peu d'intérêt; mais en s'approchant de la montagne, on arrive, par les paysages les plus pittoresques, à une source d'eaux minérales, près des rives du Liamone; elle attire les malades pendant la saison des bains. Une vue de cet établissement, construit d'une manière fort simple, est gravée à la page 132. Le Liamone, sur lequel est jeté un pont de bois, coule au premier plan; les eaux minérales sont distribuées dans des cellules dont on voit le sommet au delà du fleuve, par-dessus les maquis; une auberge occupe le haut d'une colline voisine; au fond, une chaîne de montagnes couvertes de pins, et servant de contre-fort au monte Rotondo, se dirige vers l'ouest. Cette chaîne est dominée par trois points culminants, dont l'un, composé d'un immense rocher qui a la forme d'un crâne, est nommé le Cervello."

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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 17:40

La façade de l’établissement thermal de Guagno-les-Bains s’orne d’une inscription dont il a déjà été indiqué le caractère historiquement douteux. Au-dessous de la plaque, la décoration du mur est complétée par une jardinière couverte d'herbes folles.

Le récipient dans lequel la terre a été accumulée est en réalité une baignoire en marbre avec deux anneaux sculptés de chaque côté. L’idée de convertir un ustensile de bain pour faire pousser des plantes est excellente pour ce cadre.

La baignoire de l'impératrice

Cet objet est d’ailleurs mentionné dans plusieurs sites internet touristiques sous le nom de « la baignoire de l’impératrice », sous-entendant « l’impératrice Eugénie »,  épouse de Napoléon III. Mais il a déjà été démontré (dans l’article Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (1/2)) que le couple impérial n’a jamais pu se rendre à Guagno-les-Bains.

D’autre part, il ne peut s’agir de LA baignoire de l’impératrice car il existe DES baignoires identiques.

 

PLUSIEURS  BAIGNOIRES

Sur un dépliant publié par la Préfecture de Corse-du-sud à l’occasion des Journées du Patrimoine d’il y a quelques années, on peut lire dans la partie consacrée aux jardins du Palais Lantivy:

« Les trois baignoires en marbre, 2ème moitié du XIXème siècle, proviennent de la station thermale de Guagno-les-Bains. »

La photo d’accompagnement ressemble beaucoup à ce qui est visible maintenant dans la cour de la station thermale.

 

La baignoire de l'impératrice

 

Nous en arrivons à quatre baignoires du même type. Mais on est loin du compte car les baignoires se trouvaient dans les 17 cabinets particuliers (dont 3 avaient des baignoires jumelles) installés dans les thermes lors de leur reconstruction de 1846-1855. Le total était donc de 20 baignoires.

Le devis du Conducteur des Ponts et Chaussées GIERYNSKI, daté du 13 novembre 1846 et cité par François VAN CAPPEL DE PREMONT, architecte du Patrimoine, dans son livre « Guagno-les-Bains à travers la petite histoire du thermalisme », nous apprend que ces baignoires étaient plaquées de marbre de Corte et coûtaient 84,84 francs l’unité.

 

SOUVENIR PERSONNEL

Les personnes qui ont plus de 60 ans maintenant se souviennent certainement s’être baignées dans ces baignoires, surtout avant 1968, quand l’eau courante n’avait encore été installée à Poggiolo.

Après un match de football ou après une simple promenade, si l’on n’allait pas se tremper dans la rivière, on se présentait à l’établissement thermal. Pour un prix modique, ou même gratuitement pour ceux qui résidaient toute l’année au vilage, on était introduit dans une petite pièce fermée par une porte en planches de châtaignier disjointes. La baignoire était placée contre un mur. Au-dessus d’elle, un robinet en cuivre doré permettait de faire couler une eau chaude à l’odeur de soufre très caractéristique que l’on gardait un bon moment. On était en forme pour gravir les trois kilomètres de montée jusqu'à Poggiolo.

 

DEUX MYSTÈRES ET UNE INJUSTICE

Ces baignoires ont certainement été enlevées lors des travaux qui permirent un redémarrage temporaire de la station. La date exacte serait à rechercher. Mais on se souvient que, pendant de  très longs mois, des baignoires étaient abandonnées le long des rues du village.

Les exemplaires qui se trouvent à la Préfecture d’Ajaccio seraient présentées dans le jardin depuis 1984, d’après la base de données Palissy des monuments historiques. En effet, elles ont été classées depuis le 2 mai 1984.

Mais il y a encore deux mystères :

- le dépliant des Journées du Patrimoine cite le chiffre de trois baignoires. Pourquoi la troisième n’est-elle pas dans cette liste ?

- la baignoire-jardinière de Guagno-les-Bains n’est pas mentionnée sur la liste des monuments historiques. Est-ce parce qu’elle est se trouve dans un petit village éloigné de la métropole ajaccienne ?

Même sans être LA baignoire de l’impératrice, il serait normal qu’elle soit classée.

 

EXIGEONS LA RECONNAISSANCE DU CARACTERE DE MONUMENT HISTORIQUE À LA BAIGNOIRE DE GUAGNO-LES-BAINS !

La baignoire de l'impératrice

En tout cas, monument historique ou non, l'exposition de cette baignoire et son placement sous la plaque "1808" sont les symptômes de la nostalgie que l'on ressent à Guagno-les-Bains et à Poggiolo, celle de "l'âge d'or de Guagno-les-Bains, quand des centaines de curistes se succédaient tout au long de l'été, faisant vivre le commerce local", comme le fait dire le romancier Didier DAENINCKX, dans son livre "Têtes de Maures", au conseiller général (voir l'article "Guagno-les-Bains, cadre de roman (1/3: des Archives à la fin de "l'âge d'or")").

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 17:00

La semaine du 1er mai a été importante pour le commerce corse. Le grand événement est l'ouverture de la première FNAC insulaire, à Ajaccio.

Plus près du haut-canton, un Super U s'est ouvert à Sagone, sur la route de Vico. L'ancien magasin Coccinelle a doublé de surface et recouvre maintenant 1.000 m2 avec un "drive", pour rechercher les commandes faites par internet. 

Du nouveau chez les commerçants
Du nouveau chez les commerçants

Mais n'oublions pas les très utiles commerces de nos villages, qui permettent de se ravitailler sans accomplir de longs trajets. Ainsi, à Guagno-les-Bains, le Proxi de Jean-Marc Franchi a bien fonctionné pendant tout l'hiver. Et il se murmure qu'il réserve des surprises qui seront dévoilées dans quelques semaines...

Du nouveau chez les commerçants
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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 18:00
L'auberge vous attend

Voilà qui sent bon le printemps: le Restaurant de l'auberge Des Deux Sorru, à Guagno-les-Bains, a ré-ouvert ses portes le samedi 28 Mars 2015.

Hé oui déjà la 17ème saison ! Julie et son second Vincent vous attendent pour redécouvrir la cuisine traditionnelle corse dans un cadre chaleureux.

Vous passerez un agréable moment en dégustant une cuisine de qualité. Ses plats sont élaborés à partir de produits frais et régionaux et évolue selon les saisons.

Réservation: 04 95 28 35 14.

https://www.hoteldesdeuxsorru.com/

ibagni@orange.fr

Voici les suggestions qui étaient proposées la semaine dernière:

L'auberge vous attend
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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 17:52

A l'occasion de ce 8 mai 2015 qui est le soixante-dixième anniversaire de la capitulation allemande, nous pouvons nous souvenir de Mimi CANALE, dont tous les amis de Poggiolo et de Guagno-les-Bains déplorent le décès le 28 octobre 2014, et qui fut un grand soldat de la seconde guerre mondiale. 

Ce blog a déjà publié un très attachant souvenir de sa guerre en Italie (voir La campagne d'ITALIE de Mimi CANALE).

Mimi avait donné un long entretien au bulletin "INSEME" d'avril 1998. Nous en extrayons les parties qui concernent d'autres moments de ses souvenirs de soldat.

La guerre de Mimi

La guerre est arrivée, qu'avez-vous fait ?

J'ai fait la guerre! comme engagé volontaire. En 1943, j'ai participé au débarquement en Corse avec les goumiers marocains. J'étais le premier soldat arrivé à Vico. Puis, ça a été Bastia comme "radio", Teghime, San Stefano, puis l'Italie avec le fameux Cassino, la Provence, l'Autriche et l'Allemagne.

 

Racontez-nous quelques anecdotes de la guerre.

Je vais vous en raconter trois:

 

- En Allemagne, je suis tombé malade et l'année française m'a laissé sur le chemin prés d'un village. J’ai été récupéré par trois femmes, des coiffeuses qui m'ont soigné si bien que, quand l'armée a pris le bourg, ils ont mis un signe sur leur maison pour qu'elles ne soient pas inquiétées.

 

- La deuxième, c'est les Vosges. Il faisait très froid, moins 42°, on faisait des trous dans la neige et on survivait avec du schnaps et de l'alcool solidifié qui arrivait dans de gros sacs de jute ; on en cassait des morceaux puis on les faisait fondre.

 

- La troisième, c'est quand nous étions installés à Lyon très confortablement. On nous a fait descendre à Marseille pour partir en permission. Là, les conditions d'hébergement étaient très difficiles et en plus il n'y avait pas de bateaux pour partir à Bastia ou Ajaccio, alors que quand il s'agissait de nous faire partir pour la guerre, là, il n'y avait pas de problèmes: ils en trouvaient! Donc, nous voilà partis à Marseille bien impatients! Un jour, bien que n'étant pas sur la liste des 20 désignés pour le départ, nous sommes descendus sur les quais et ceux qui s'occupaient de l'embarquement nous ont dit qu'il y avait de la place mais pas de quoi nous nourrir pendant la traversée. Cela nous était égal; alors nous voilà partis !

 

A la libération, il fallait travaiIler. Je n'avais pas envie de rester dans l'armée; mon régiment partait pour Madagascar.

J'ai hésité entre la police et la poste, puis j'ai fait l’école de croupier, nous étions mieux rémunérés et pendant quelques années j'ai exercé ce métier. L'hiver par exemple, j'étais au casino de l'Eldorado à Nice, et c'est là que j'ai retrouvé celle qui allait devenir ma femme et dont j'avais fait la connaissance à Lyon où elle était la marraine de notre régiment.

 

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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 18:00

Si Napoléon III ne s’est jamais rendu à Guagno-les-Bains (voir article précédent: Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (1/2)), d’autres membres de sa famille y sont bien venus, à commencer par le plus illustre de tous : Napoléon Ier.

Les renseignements sur ce sujet se trouvent par exemple dans «Au chevet de l’empereur», l’ouvrage du docteur Augustin CABANES (1862-1928), paru en 1924 (pages 64 et 66). La vie du fondateur du Premier Empire y est racontée sous l’angle médical.

Premier portrait de Bonaparte en Italie (le dessin de Napoléon en 1789 se trouvant dans le livre "Au chevet de l'empereur"est un faux).

Premier portrait de Bonaparte en Italie (le dessin de Napoléon en 1789 se trouvant dans le livre "Au chevet de l'empereur"est un faux).

Devenu lieutenant en second de l’armée royale, Napoléon BONAPARTE était affecté à Valence quand il sollicita et obtint un congé. Il quitta son régiment pour Ajaccio où il arriva le 15 septembre 1786.

Depuis la mort de son père Charles en 1785, sa famille connaissait de grandes difficultés. Le grand-oncle de Napoléon, l’archidiacre Lucien, souffrait terriblement de la goutte. Son frère Joseph devait partir à Pise pour ses études universitaires. La santé de sa mère Letizia laissait à désirer.

Letizia, Madame Mère, en 1800.

Letizia, Madame Mère, en 1800.

Napoléon devint donc le chef de famille et, son congé expirant, il envoya le 21 avril 1787 une  nouvelle demande de congé pour un semestre sous le prétexte de rétablir sa propre santé. La démarche reçut un accueil favorable. Il put ainsi accompagner sa mère suivre une cure aux Bains de Guagno.

Augustin CABANES écrit sur ce dernier point :

Madame Letizia qui, naguère, avait fait un heureux usage des eaux de Guagno, s’y fit accompagner par son fils Napoléon. Guagno, qui ne jouit plus de la vogue qu’elle a eue, était alors la plus fréquentée des stations thermales de Corse. Elle possédait un établissement vaste et bien tenu ; on y trouvait, outre une chapelle pour le service du culte, une auberge, une table d’hôte passable, et le plus souvent, une société des plus choisies. Le nombre des baigneurs s’élevait annuellement à sept ou huit cents ; les uns y allaient en quête de santé ; d’autres, du calme de la retraite, cherchant un délassement aux luttes politiques ou aux soucis des affaires.
Paoli, entouré des Abbatucci, des Casabianca, des Ornano, parfois de Bonaparte, tous les personnages, en un mot, qui formaient son escorte habituelle, venait à Guagno presque chaque année. Madame Mère en tirait toujours du soulagement; elle souffrait de douleurs rhumatismales pour lesquelles maints traitements avaient été expérimentés, notamment une cure de station, réputée pour ces sortes de maux, de Bourbonne-les-Bains. Notons, en passant, que si Napoléon avait hérité de sa mère certaines qualités viriles, il tenait aussi d’elle cette constitution arthritique que le legs paternel ne fit que renforcer.

Sans aucun doute, le voyage fut entrepris pendant le printemps ou le début de l’été de l’année 1787. Napoléon rentra sur le continent en octobre 1787.

Il suivit en 1790 une autre cure pour combattre une infection paludéenne attrapée dans son casernement d’Auxonne (Côte d’Or), mais ce fut à Orezza.

Celui qui n’était pas encore Napoléon Ier séjourna bien à Guagno-les-Bains, en tant qu’accompagnateur de sa mère.

Cette présence vaudrait la peine d’être signalée, de même que celle de Pascal PAOLI. La plaque fixée sur la façade de l’établissement thermal pourrait être modifiée pour devenir:

Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (2/2)

De plus, la contradiction avec la date de 1808 serait moins flagrante puisque Napoléon dirigea la France de 1799 à 1814.

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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 18:01

Faute de pouvoir suivre une cure dans l’établissement thermal de Guagno-les-Bains, fermé depuis trop longtemps, les touristes sont nombreux à prendre en photo la plaque métallique qui est apposée sur la façade.

 

Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (1/2)

 

Toutefois, il arrive que certains s’étonnent que le texte fasse voisiner la date de 1808 avec Napoléon III alors que celui-ci a dirigé la France de 1848 à 1852 comme président de la République , puis jusqu’en 1870 comme empereur. Louis-Napoléon BONAPARTE est bien né à Paris en 1808 mais est-ce suffisant pour mettre cette année en exergue ?

 

Ce moment a eu une grande importance et doit être retenu car, le 18 août 1808, le décret impérial de NAPOLÉON Ier créa un contrôle médical des Bains et nomma un médecin inspecteur des eaux minérales. Ce fut Louis DEFRANCHI, de Soccia. Cette date est donc prise comme celle du démarrage réel de la station thermale.

Voir l’article paru sur ce blog: L'anachronisme de la plaque.

 

Par contre, au risque de décevoir certains lecteurs, il faut affirmer que la "prise des eaux" par Napoléon III et Eugénie est de la fiction complète. 

 

L‘empereur n’est venu, avec son épouse, qu’une seule fois en Corse, pour 24 heures, les 14 et 15 septembre 1860.

 

L'article de "Corse-hebdo"du 17 février 2012, écrit par Jean-Pierre GIROLAMI, donne le programme exact de cette visite. Il est présent sur le site de "Corse-Matin" à l’adresse:

https://www.corsematin.com/articles/quand-ajaccio-accueillait-napoleon-iii-24916

 

Les renseignements qui y sont donnés, et qui sont corroborés par le livre de Paul SILVANI « La Corse des Présidents » (éditions Albiana), montrent qu’ii était matériellement impossible durant ce laps de temps de se rendre sur les bords du Fiume Grosso.

 

Napoléon et Eugénie embarquant à Marseille pour la Corse.

Napoléon et Eugénie embarquant à Marseille pour la Corse.

 

Neuf ans plus tard, à l’occasion des cérémonies du centenaire de la naissance de Napoléon Ier, l’impératrice revint (avec son fils mais sans son mari).

 

"Corse hebdo" du 24 février 2012 (non mis en ligne sur le site du journal) a donné le compte-rendu de la visite. L’impératrice avait débarqué à Bastia pour une journée, puis repris le bateau pour aller le 29 août 1869 à Ajaccio où elle resta aussi 24 h avant de revenir sur le continent. Donc, là non plus, pas de passage à Guagno-les-Bains possible.

 

L’inscription de la plaque est à revoir totalement. 

 

Pourquoi a-t-elle rédigée ainsi ? De quand date-t-elle ? De la réouverture de 1973 par la Société d’Economie Mixte ? 

 

Elle a un avantage: celui de faire rêver des touristes éblouis de marcher sur les pas d'un empereur.

 

Cependant, il existe, entre Guagno-les-Bains et la famille Bonaparte, des rapports qui vaudraient la peine d’être mis en valeur. L’article suivant le démontrera.

 

(à suivre)

Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (1/2)
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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 18:08

Les sources de Guagno-les-Bains sont connues depuis très longtemps. Le chanoine Filippini les mentionne dans sa chronique écrite au XVIème siècle mais il ajoute qu’elles étaient connues au IVème.

Il n’est donc pas étonnant de se demander si les Romains auraient pu venir s’installer jusqu’aux bords du Fiume Grosso et y laisser des vestiges. On pourrait rêver et imaginer qu'un temple se trouvait à la place de la chapelle Saint Antoine...

Les Romains sont-ils venus à Guagno-les-Bains?

A la fin des années 1970, la découverte d’un vestige avec une inscription latine a pu le faire penser.

Son étude a été publiée en 1979 par Cinzia Pergola-Vismara dans la revue « Archeologia Corsa : études et mémoires », n°4 (pages 87 à 90), sous le titre « Une inscription romaine de Guagnu ».

Une version abrégée en a été publiée par « L’INFO U PIGHJOLU » numéro 12 (janvier 2008). C’est de cette version que nous nous sommes inspirés.

fig 1

fig 1

... A l'occasion de travaux effectués dans la Chapelle Saint-Antoine, à proximité de GUAGNU LES BAINS, pour adapter celle-ci aux nouvelles exigences du culte, on a découvert un fragment de dalle de marbre sur laquelle était gravé un texte épigraphique en latin (fig.1). Il avait été utilisé, retourné, au centre de la table de l'autel. En effet, au centre de sa face postérieure, se trouve une petite plaque d'albâtre, quadrangulaire (4,9 x 3,7 cm) qui protège une cavité à l'intérieur de laquelle étaient conservées les reliques, selon toute vraisemblance (fig.2) .

La première annonce de cette découverte a été donnée par G.Moracchini-Mazel qui a publié une photographie de l'inscription et en a donné une transcription (1) . 

fig 2

fig 2

La dalle rectangulaire, mesure 36,7 cm x 28,3 cm et son épaisseur est en moyenne de 4 cm; le marbre blanc, à grain fin, dans lequel elle a été taillée, possède quelques rares veines grises. La plaque originale, de dimensions bien plus importantes, a été découpée sur trois côtés, depuis sa partie inférieure, ce qui a entraîné des lacunes dans le texte, à droite et à gauche de la partie supérieure.

La partie postérieure et les côtés taillés ont été soigneusement polis (fig.3) alors que la surface de l'inscription est légèrement rugueuse et présente quelques éclats. Le bord inférieur, qui correspond à celui de la plaque originale, présente une simple moulure, constituée par un tore et une gorge, réalisés de façon très schématique.

La limite inférieure de celle-ci est constituée par un sillon peu profond. 

fig 3

fig 3

On peut lire:

{---matu} tini. et. bestiarum {---} / {---} ae Aug. Salutaris fum {---} / {---} quam. Martialis Silv {---} / {---} dilapsam. a solo {---} / {---} tque. omni. imp {ensa---}

Hauteur des lettres: ligne 1 : plus de 3 cm; lignes 2-3 : 3,4 cm.

Interligne: ligne 1-4 : 1.5-1igne 6 cm.; lignes 4-5 : 1.7-1.8 cm.

Des signes triangulaires constituent la ponctuation.

Les lettres, rapprochées dans les trois premières lignes, sont plus espacées dans la quatrième, et plus encore dans la dernière. Aucune trace d'éventuelles lignes auxiliaires n'est conservée.

Compte tenu du caractère fragmentaire du texte, on ne peut prétendre en tirer des conclusions définitives, mais il est cependant possible de formuler un certain nombre d'hypothèses. (…)

ORIGINE DE LA PLAQUE

Nous ne disposons donc que de très peu d'éléments pour établir le lieu de provenance de cette inscription, sinon qu'il devait se trouver dans un amphithéâtre. La chapelle où elle a été découverte, d'après ce qu'en rapporte la tradition orale, a été construite par des rescapés de la guerre de Crimée, qui avaient été accueillis, blessés, dans un hôpital, spécialement construit, dans les environs.

Dans la zone de GUAGNU, dans les montagnes du Centre de la Corse, aucune prospection méthodique n'a jamais été effectuée, et l'on peut conclure qu'il ait pu y avoir là un centre d'une certaine importance.

D'autre part, on ne connaît en Corse qu'un seul amphithéâtre, de dimensions très réduites, celui de la colonie d'Aléria, sur la côte orientale, chef-lieu de l'île à l'époque romaine. Compte tenu des difficultés des communications dans le sens E-W dans l'île, et compte tenu de la faible importance du monument d'Aléria, une provenance de ce centre me paraît assez peu probable.

Une provenance non insulaire demeure donc vraisemblable. On ne peut exclure non plus Rome comme centre d'origine. (…)

Le texte ne contient aucune indication chronologique précise, à l'exception d'Aug., au début de la deuxième ligne. Cependant, certains indices d'ordre paléographique (…) suggèrent une datation de la deuxième moitié du 1er siècle ap. J. C..

(…)

On ne peut exclure non plus que les reliques conservées dans la partie postérieure de la plaque puissent provenir de Rome ou même de Padoue (la Chapelle est dédiée à St Antoine) (2) d'où elles auraient pu être expédiées pour ainsi dire, « emballées ».

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 (1) G.MORACCHINI-MAZEL ; « Un fragment d'inscription antique à POGGIOLO, près de Guagno-les-Bains », in AA.VV., « Découvertes archéologiques fortuites en Corse. » III = Cah. Corsica n° 79, Bastia, 1978, p.51.

(2) L’auteur du texte fait une confusion entre Saint Antoine de Padoue et le saint honoré à Guagno-les-Bains et qui est Saint Antoine d’Egypte.

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FIN DE CITATION.

 

En conclusion, une pierre servant de table d’autel catholique venait d’un monument romain antique. Elle a peut-être été transportée depuis l'Italie à Guagno-les-Bains au XIXème siècle pour la chapelle de l’hôpital militaire.

Désolé, mais pas de construction de l’Antiquité dans notre piève.

A moins que, à moins que…

A moins qu’une campagne de fouilles, comme celle entreprise à Arbori, ne soit mise en place. Peut-être aurions-nous des surprises.

Les Romains sont-ils venus à Guagno-les-Bains?

Contrairement à ce qu'imagine le montage ci-dessus, il n'y a pas eu de temple grec ou romain sur les hauteurs de Guagno-les-Bains.

Les seules ruines étaient celles de l'ancien hôpital militaire près de la chapelle St Antoine, comme le montre la carte postale ci-dessous.

Les Romains sont-ils venus à Guagno-les-Bains?
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Qu'est-ce que ce blog?

Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité.
POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici.
Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO.
Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images.
Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).

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Le calendrier poggiolais

 

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Votre ancêtre a participé à la guerre de 1914-1918?

Envoyez une photo de lui à l'adresse larouman@gmail.com

Elle pourra être publiée dans notre dossier des combattants poggiolais.

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Artisans, inscrivez-vous pour le marché du 1er mai au couvent de Vico (06-46-50-33-60)

VACANCES SCOLAIRES:

du samedi 27 avril au lundi 13 mai.

Début des vacances d'été: samedi 6 juillet.

La météo poggiolaise

Pour tout savoir sur le temps qu'il fait et qu'il va faire à Poggiolo, cliquez sur LE BULLETIN METEO

Un bulletin indispensable

  le bulletin des paroisses des Deux Sorru.

 

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