Malgré sa faible taille, Poggiolo a eu un passé très riche, ce qui explique la présence de plusieurs œuvres d'art classées comme monuments historiques(voir l'article qui leur a été consacré).
Il explique même deux objets du patrimoine poggiolais qui ont été classés mais qui ne sont pas du tout sur le territoire de la commune de Poggiolo-Guagno-les-Bains.
Plusieurs questions avaient été posées à propos de cette photo.
Le chanteur et les deux pêcheurs se trouvaient à Sagone, plus exactement sur le quai à côté de l'hôtel de la Marine. Au fond, on voit bien la plage qui longe la route vers Cargese.
Le chanteur placé au premier plan avait comme nom de scène Luc VICO. Il se produisait l'été dans les bals des villages des Deux Sorru, comme à l'époque Charles ROCCHI ou Jules NICOLI.
Quelle époque? Le pull à col roulé, le blouson sur l'épaule et le pantalon avec gros ceinturon sont typiques de la deuxième partie des années 1960 et de la décennie 1970. Regardez vos photos de famille de ce moment-là. Vous verrez la même tenue. Il semblerait que la date de la scène serait exactement 1970.
Quant au titre de la chanson interprétée par Luc VICO, vous n'en sommes pas certain mais il pourrait être "Pêcheur à Sagone", bien que le chanteur ne ressemble guère au raccommodeur de filet et au rameur qui sont au second plan. Il dit bien, par exemple, "moi qui suis pêcheur à Sagone" et "je jète mes filets".
Nous avons avec ce document l'exemple même des chansonnettes qui se voulaient typiques de la Corse et dont la vogue était en train de s'estomper alors que débutait le renouveau culturel du riacquistu.
Merci au groupe "Sagone c'est l'histoire d'un village qui, non juste l'histoire" qui a publié ce film sur Facebook.
Les personnages qui étaient cités dans la devinette posée hier ont tous en commun d'avoir été à Marseille au début de la seconde guerre mondiale, pendant la période de la "drôle de guerre" (septembre 1939-mai 1940):
-Le Poggiolais Jean-Martin FRANCESCHETTI participa à la Défense Passive,
-le futur président Georges POMPIDOU, mobilisé, rejoignit son unité à Marseille,
-Ahmed BEN BELLA (premier président de l'Algérie indépendante), soldat dans l'armée française, joua dans l'équipe de football de l'OM,
-l'écrivain Jean GIONO fut emprisonné au fort St Nicolas pour diffusion de tracts pacifistes,
-l'amiral Emile MUSELIER (qui rejoignit la Résistance dès juin 1940) dirigea un temps la défense portuaire,
-Simon SABIANI (qui fut ensuite collaborateur pro-allemand) s'engagea dans la défense anti-aérienne,
-Yves MONTAND débuta sa carrière de chanteur au moment de la déclaration de guerre,
-Charles TRENET et FERNANDEL, mobilisés eux aussi, organisèrent des galas de soutien aux soldats.
Tous sont cités dans "Une drôle d'année à Marseille", étude qui vient de paraître sous la signature de Michel FRANCESCHETTI.
Présentation d'après la quatrième de couverture:
De septembre 1939 à mai 1940, la France a connu une période souvent oubliée mais qui n’est pas sans évoquer celle que nous traversons: un état de guerre, sans combat mais avec le couvre-feu et les privations que cela implique.
Pendant ces huit mois d’attente, on mit en place la défense passive, les restrictions alimentaires et la censure qui perdureront pendant toute la guerre. Déjà, se faisait sentir la dégradation de l’esprit public. Tandis que la figure du maréchal Pétain était de plus en plus présente, l’unité nationale disparaissait.
S’appuyant sur un dépouillement rigoureux de la presse locale,Michel FRANCESCHETTI brosse un portrait de Marseille au cours de cette «drôle d’année», comblant un vide de l’historiographie locale.
«Une drôle d’année à Marseille», édité aux Editions Gaussen, 216 pages, 18 euros, se trouve dans les principales librairies marseillaises et peut être commandé auprès de son libraire habituel ou bien par internet (FNAC, Cultura, Amazon, Leclerc, leslibraires.fr, etc.).
Les villages d'Ortu et de Pighjolu ont un point commun dans le domaine artistique. Ils possèdent chacun dans leur église paroissiale un tableau ayant le même titre:
"Vierge à l'Enfant remettant le Rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne".
Mais les deux œuvres sont très différentes.
Dans l'église d'Ortu.
A Ortu, dans l'égliseNotre-Dame-du-Rosaire et de l'Assomption dite Santa Maria della Stella ou Sainte-Marie, l'auteur est connu: Francesco CARLI, né à Lucques vers 1735 et mort en Corse en 1821. Le tableau est classé monument historique depuis 1982. Voici quelques années, Yves LUTET en avait parfaitement réussi la restauration.
A Pighjolu, à Saint Siméon, l'artiste (anonyme) a représenté les mêmes personnages dans les mêmes postures (sauf que la Vierge poggiolaise est debout et non pas assise) mais de façon plus dépouillée.
Dans l'église de Pighjolu (photo Michel Franceschetti).
Le tableau poggiolais est à l'intérieur de l'église, dans la chapelle dédiée à la Vierge qui occupe la partie gauche du transept, au même endroit que lors de l'inventaire réalisé le 2 juin 1905. Comme origine, le document indique qu'il a été "introduit depuis le rétablissement du culte", sans plus de précision.
Il est à signaler que des cartes postales représentant cette peinture avaient été imprimées il y a quelque temps et qu'il en reste encore en vente.
Photo Michel Franceschetti.
Emplacement du tableau à l'intérieur de St Siméon. Schéma Michel Franceschetti.
Le thème commun montre l'importance qu'a eu la prière du rosaire dans la piété d'autrefois.
Les deux églises furent reconstruites presque en même temps: en 1872 pour Ortu, 1874 pour le gros œuvre de Saint Siméon, après bien des vicissitudes.
L'église poggiolaise fut bénie le 4 octobre, jour de la fête de Notre Dame du Rosaire, par le curé Pierre-Jean OTTAVY, desservant de la paroisse, spécialement délégué par Monseigneur l'évêque François-Xavier André de GAFFORY.
"Stammi vicina, ùn ti n’andà, ti tengu cara"se traduit en français par "Reste près de moi, ne t’en vas pas , je t’aime".
Cette phrase est le début de "Ti tengu cara", chanson écrite en Petru Santu LECA qui décéda le 18 janvier 1951,voici juste soixante-dix ans. Cet anniversaire est un prétexte tout trouvé pour évoquer cet écrivain.
Né à Arbori en 1879, il fit partie de ces écrivains et poètes qui, pendant l'entre-deux-guerres, réveillèrent la langue corse: MAISTRALE, Santu CASANOVA, Petru ROCCA, tous originaires de la région vicolaise.
Christophe LUZI a rassemblé et annoté de nombreux textes de Petru Santu LECA dans le recueil "Fiori di machja" publié aux éditions Albiana en 2018. Voici comment il a présenté ce grand écrivain:
"De Petru Santu LECA, le public ne connaît en général que"Ninni Nanna" (Sottu à lu ponte) et "Ti tengu cara", deux chansons dont il écrivit les paroles et qui font désormais partie du répertoire «traditionnel» corse. Le poète fut pourtant prolixe et surtout l’une des chevilles ouvrières du mouvement culturel corsiste de l’entre-deux-guerres.
Sa proximité avec Santu Casanova, l’écrivain phare de ces années-là – dont il était le neveu – et avec Paul Arrighi, une autorité en matière de culture et d’histoire insulaire – dont il était le beau-frère – ne l’avantagea pas pour autant. Directeur de revue, écrivant en corse et français, ses contributions aux nombreuses publications des mouvements félibriges, tant continentaux que corses, auraient dû lui profiter et lui donner une place particulière au sein de la littérature insulaire. Ce ne fut pas le cas, malgré le respect et l’admiration affirmés par ses pairs, poètes et chroniqueurs.
Son caractère, une réserve manifeste et l’absence de recueil édité ont sans aucun doute nui à l’éclosion d’un auteur pourtant d’une qualité exceptionnelle."
Mais écoutons plutôt ses deux œuvres les plus connues:
Ce grand meuble n'est pas connu par de nombreux Poggiolais. Il a pourtant joué un grand rôle pour de nombreuses cérémonies religieuses.
Mais il a été reconnu rapidement sur la photo publiée hier par Joël CALDERONI, Guy TRAMINI, Maryse MORETTI et Bernadette PIETRI. Félicitations pour eux!
En effet, il se trouve dans la sacristie de l'église Saint Siméon, là où le prêtre se préparait avant le début de la messe.
Le prêtre revêtait les habits liturgiques qui étaient posés bien à plat dans les tiroirs de ce meuble qui est un chasublier.
Pour les diverses cérémonies et suivant le moment de l'année, les vêtements utilisés ne sont pas les mêmes. Il en faut donc un certain nombre. De plus, il est préférable de bien les poser à plat, et non pas de les suspendre sur des cintres, surtout quand ils sont décorés de fils d'or ou d'argent.
Mais on peut ouvrir les tiroirs maintenant: ils sont vides.
Quand il n'y eut plus de curé résident dans la paroisse et quand les messes furent de plus en plus rares dans "l'église d'en haut", le chasublier fut oublié. Voici un peu plus de vingt ans, quand le comité paroissial et le comité des fêtes s'activaient pour sauver les églises de Poggiolo, le chasublier fut vidé des chasubles, surplis et aubes qui s'y trouvaient encore. Certains étaient en lambeaux, grignotés par les rats, d'autres étaient simplement très sales. Il semblerait que la grande partie ait été brûlée.
De quand date ce meuble? Il n'est pas mentionné de chasublier dans l'inventaire de 1905. Le style très "Arts Déco" des poignées des portes et des tiroirs peut laisser supposer qu'il a été construit entre les deux guerres mondiales.
Il faut bien reconnaître qu'il n'est pas de grande valeur artistique.
Il n'en est pas de même pour le chasublier du couvent de Vico.
Situé évidemment dans la sacristie, il datant de 1664. Réalisé sur place par un franciscain ébéniste venu de Corte, appelé Paolo Bonagiunta ou Fra Bonaventura de Perelli, il est conçu pour les ornements sacerdotaux et les objets de culte nécessaires pour 7 prêtres ; dans l’écu les armes des Franciscains.
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blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).