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4 mars 2021 4 04 /03 /mars /2021 18:00

 

Parmi les anniversaires concernant nos villages, il ne faut pas oublier le décès, voici un siècle exactement, le 26 février 1921, de Philippe CERATI, Guagnais qui eut un rôle important pour les Marseillais et les Poggiolais.

 

 

MILITANT ET ELU

     Philippe CERATI naquit à Guagno le 5 janvier 1867. Après des études de pharmacie, il devint employé, rue de l'Arbre (actuelle rue Vincent Scotto) à Marseille, chez un pharmacien dont il épousa la fille.

 

     Il se lança très vite dans l'action politique. Militant du Parti Socialiste S.F.I.O., il se présenta aux élections de 1908 dans le quartier de la Belle-de-Mai et fut élu conseiller municipal de 1908 à 1912, puis en 1919 sur la liste de Siméon FLAISSIERES. Il en devint sixième adjoint, délégué aux emplacements. Il fut également administrateur du bureau de bienfaisance. Sa position lui permit de placer quelques compatriotes de Guagno ou de Poggiolo dans l'administration marseillaise.

 

     Libre penseur et anticlérical, il fut secrétaire adjoint de la section marseillaise de la Ligue des droits de l’Homme dès la fondation de celle-ci. Par ailleurs, il fut le fondateur des A.I.L. (Amis de l'Instruction Laïque) du sixième canton.

 
 
MORT DANS LA NUIT
     Il mourut accidentellement dans la nuit du 25 au 26 février 1921 asphyxié par une fuite de gaz, comme le raconte l'article paru dans "Le Petit Marseillais" du 27 février 1921:
 
Cliquer sur l'article pour le lire plus facilement.

Cliquer sur l'article pour le lire plus facilement.

 
     L'émotion fut intense dans les milieux de gauche.
 
     "Le Petit Marseillais", quotidien de droite, ne fit aucune relation des obsèques qui eurent lieu le 27 au 69 boulevard Saint-Charles (actuel boulevard Camille Flammarion). Dans l'autre camp, "Le Petit Provençal" en fit un grand compte-rendu.
 
 
DES OBSÈQUES PUREMENT CIVILES
     Le corbillard, dont le poële (le drap mortuaire) était tenu par six adjoints, était suivi par le fils et le frère du défunt (Antoine, lui-même conseiller général), puis le sénateur-maire FLAISSIÈRES et tout le conseil municipal, la plupart des membres du conseil général et les chefs des services de la mairie. Une "affluence considérable" était venue, d'après l'article.
 
    Le discours du maire fut une longue suite de compliments:
"homme politique ardent, convaincu, plein de loyauté courageuse, plein de haute droiture", il "était une conscience, il ne connut jamais la peur, sa pensée resta libre sous le seul contrôle définitif de sa froide raison".
Il y a cent ans, le décès accidentel de Philippe CERATI
     Ces obsèques avaient été annoncées comme "purement civiles". D'ailleurs, elles eurent lieu un dimanche, ce que les catholiques ne font jamais. Cela correspondait bien aux idées du défunt.
 
     La tête du cortège, avant même le corbillard, était formée par  les Amis de l'Instruction Laïque de la Blancarde, la Libre Pensée de Saint-Antoine et la Libre Pensée du groupe Anatole-de-la-Forge. de nombreuses associations de gauche étaient présentes: la SFIO, tout comme le groupe antireligieux Le Chêne.
 
     Ensuite, le cercueil fut "placé au dépositoire en attendant qu'on le transporte dans son pays natal", c'est-à-dire à Guagno.
 

     Trois ans plus tard, le 15 janvier 1924, à la demande du groupe socialiste, le conseil municipal décida de donner son nom à la place, au début du boulevard de la Blancarde, pour l'aménagement de laquelle Philippe CERATI s'était dévoué.

 

Plaque de l'artiste marseillais Bernard BRANDI, décorant la place Philippe CERATI.

Plaque de l'artiste marseillais Bernard BRANDI, décorant la place Philippe CERATI.

 

SES LIENS POGGIOLAIS

 

     Judith (1863-1933), la soeur de Philippe CERATI, épousa Philippe FRANCESCHETTI (1857-1921), lieutenant de la territoriale, originaire de Poggiolo.

 

De leur fils aîné Jean-Antoine (1897-1987), descendent les actuels FRANCESCHETTI, ALESSANDRI, ATLAN, CALDERONI et CAO.

 

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20 janvier 2021 3 20 /01 /janvier /2021 08:00

 

CONDOLÉANCES.

 

 

Décès dans la famille POLI
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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 18:00
Les mules de Jean-Mathieu sont sauvées

Sur sa page Facebook, Corse Hélicoptères a publié samedi 16 janvier l'annonce suivante:

Mission sauvetage 🚁 des 2 mules de Jean-Mathieu, bloquées depuis plusieurs jours dans la neige ❄️ aux bergeries de Vaccaghia. 
Elles ont survécu en mangeant l'écorce d'un arbre.
L'héliportage nous a permis de monter un stock de foin et de les mettre à l'abri 🤩
Les mules de Jean-Mathieu sont sauvées
Les mules de Jean-Mathieu sont sauvées
Les mules de Jean-Mathieu sont sauvées
Les mules de Jean-Mathieu sont sauvées

Renseignements sur Corse Hélicoptère:

La compagnie Corse Hélicoptère conduit des opérations de transport public de passagers et de travaux aériens sur toute la Corse ainsi que sur l'ensemble du territoire français, italien, et notamment en Sardaigne. 
Corse Hélicoptère, c'est aussi la possibilité de visiter la Corse en hélicoptère grâce à des circuits touristiques pour un voyage inoubliable à travers les paysages de l'île de Beauté.
Basée sur l'aéroport Napoléon Bonaparte à Ajaccio, la compagnie utilise des appareils de type Ecureuil 350 B2 et B3 du constructeur Airbus Hélicoptère.
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10 décembre 2020 4 10 /12 /décembre /2020 18:00

 

Voici 70 ans, le 11 décembre 1950, mourait MAISTRALE, de son vrai nom Dumenicu Antoniu VERSINI, journaliste et écrivain qui fut surnommé « le barde corse » et eut un prestige immense dans la première moitié du XXème siècle.

 

Il est important à connaître pour son talent… et aussi parce qu’il eut des liens importants avec Poggiolo.

 

 

Maistrale de Marignana (et de Poggiolo?)

 

LES DÉBUTS

 

Né à Marignana le 25 décembre 1872, il fit ses études au lycée de Bastia. Puis, il fut employé d’octroi à Marseille (il habitait 5 rue Jean Martin, dans le quartier Saint Pierre) et instituteur avant de vivre de ses publications.

 

Il paraît qu'il adopta le pseudonyme de MAISTRALE à la mort du poète Frédéric MISTRAL. Comme ce dernier l’avait fait pour la langue provençale, il combattit toute sa vie pour la langue corse.

 

Il fonda le journal « A Corsica », sous-titré « Muzzicone di jurnale di i Corsi a u Fronte », rédigé entièrement en langue corse, et distribué gratuitement aux soldats corses dans les tranchées pendant la Première Guerre Mondiale.

Des renseignements sur ce journal se trouvent à l'adresse:

http://data.over-blog-kiwi.com/0/96/48/01/20140313/ob_4b3758_26-31-acorsica-v3.pdf

 

Maistrale de Marignana (et de Poggiolo?)

 

 

UNE ŒUVRE MULTIFORME

 

MAISTRALE fonda l'Academia Corsa en 1921 et collabora au journal "A Muvra". En 1922, il devint membre du Partitu corsu d'Azzione de Petru ROCCA qui représentait l’autonomisme. En 1928, quand ce parti se rapprocha de l’Italie fasciste, il s’en retira.

 

Esprit vif, il eut une œuvre abondante et diverse, en prose et en vers. Il publia jusqu’à la guerre «l’Almanaccu di Maistrale». Il écrivit des lamenti («Lamentu di u Banditu»), des sirinati («U Sirinatu à i sposi»), des textes satiriques… Son plus grand succès fut peut-être «A CANZONA DI U CUCCU», magnifique ode à la Nature naissante, qui fut rapidement enregistrée sur disque et est toujours chantée.

 

Dumenicu Antoniu VERSINI était très attaché à son village d’origine auquel il consacra le poème «Marignana».

 

Mais il connaissait bien les Deux Sorru et les Deux Sevi.

 

 

 

LES DEUX SORRU ET DEUX SEVI

 

SOCCIA

Il publia en 1924, imprimé par «A Muvra», un texte intitulé "Una prucissione in Soccia", poème comique de 37 strophes de 6 vers qui a été présenté et expliqué dans trois articles de ce blog:

-1- Une belle organisation

-2- La pantalonnade

-3- La maréchaussée intervient

 

 

LETIA

Il écrivit en 1932 «A Letia. San Roccu contru San Martinu» (texte visible en cliquant ici).

 

 

GUAGNO

Le 4 août 1935, inaugurant la plaque du souvenir sur la maison natale de Circinellu à Guagno par un discours en français, il se heurta violemment à Petru ROCCA (avec qui il était en froid depuis la rupture de 1928) qui lui reprocha en langue corse de falsifier l'histoire. Voir à ce sujet l'article de Pasquale MANFREDI dans l'Almanach de A Muvra 1936 (pages 17 à 19).

 

Maistrale de Marignana (et de Poggiolo?)

 

POGGIOLO

Il ne semble pas avoir écrit sur Poggiolo, sauf dans «A Corsica» où il fit une grosse confusion entre Guagno et Guagno-les-Bains, ce qui a été remarqué dans l’article paru dans ce blog en septembre 2011 sous le titre « Attention ! Livre dangereux ! ».

 

 

 

 

LA FAMILLE POGGIOLAISE

 

Il était pourtant marié à une Poggiolaise.

 

Il avait épousé le 12 janvier 1896, à Marignana, Marie-Thérèse LOVICHI, née le 5 septembre 1867 à Poggiolo. Elle était la fille de Giovan Paolo LOVICHI, instituteur dans notre village, et de son épouse Angela Francesca PINELLI. 

 

Acte de mariage de Dumenicu Antoniu VERSINI et Marie-Thérèse LOVICHI (mairie de Marignana – Archives Pumonti)
Acte de mariage de Dumenicu Antoniu VERSINI et Marie-Thérèse LOVICHI (mairie de Marignana – Archives Pumonti)

Acte de mariage de Dumenicu Antoniu VERSINI et Marie-Thérèse LOVICHI (mairie de Marignana – Archives Pumonti)

 

Marie-Thérèse avait un frère Charles, né en 1862, qui fut sous-préfet en Algérie et dont le fils Jean mourut aux Dardanelles en 1915.

 

Maistrale était donc l’oncle par alliance du jeune héros poggiolais dont l’histoire a déjà été racontée ici (voir l'article "Face au tombeau d'Achille").

 

Il est probable qu’il ait séjourné brièvement à Poggiolo dans la maison de la famille LOVICHI qui est maintenant celle de Xavier et Marie-Ange PAOLI.

 

Maison Lovichi-Paoli

Maison Lovichi-Paoli

 

Dominique Antoniu et Marie-Thérèse eurent une fille, Toussainte, née en 1896. Marie-Thérèse mourut le 31 juillet 1948 à Marignana, deux ans avant son mari, le «barde de la Corse» qui décéda le 11 décembre 1950 à Ajaccio où il avait fait aménager son tombeau longtemps à l’avance.

 
A ce sujet, une anecdote pour terminer:

Un après-midi qu’il s’était assis pour se reposer auprès de sa tombe, une visiteuse, intriguée par sa ressemblance avec la statue lui dit en corse : 
« C’est un parent à vous. Il vous ressemble, non ? » 
Le barde lui répondit : 
« Mais c’est moi ! Il faisait trop frais à l’intérieur alors je suis sorti prendre le soleil. » 
La femme fit un signe de croix et s’échappa épouvantée.

 

Maistrale près de son tombeau

Maistrale près de son tombeau

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3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 18:00

 

    Depuis sa création, le cimetière de Poggiolo a connu plusieurs extensions mais la tombe la plus ancienne du village ne se trouve pas à l'intérieur de son périmètre.

 

    Elle n'est pas non plus dans le cimetière privé ni dans la chapelle funéraire et pas non plus dans les trois caveaux familiaux qui entourent Saint Siméon.

 

    La première tombe poggiolaise est l'église Saint Siméon elle-même. 

  
Eglise St Siméon (photo Michel Franceschetti).

Eglise St Siméon (photo Michel Franceschetti).

 
    En Corse, pendant longtemps, les sépultures se firent dans le cimetière mais aussi  dans l'arca.
 
 
    L'arca était une tombe collective, sorte de chambre souterraine voutée à orifice étroit fermé par une dalle de pierre, accolée à l'église ou creusée sous celle-ci. Elle permettait aux croyants d'être le plus près possible de l'endroit le plus sacré du village et elle renforçait le sens de la communauté, unie ici et maintenant comme pour l’éternité. C'est à partir du XVème siècle que se répandit, en Corse, la pratique des enterrements dans les églises.
 
 
 
L'arca poggiolaise
 
 
    Cette coutume fut pratiquée à Poggiolo comme le prouvent les rapports des visites apostoliques effectuées par les évêques (de Sagone ou du Nebbio) ou de leur délégué (documents étudiés par le Père DOAZAN).
 
 
    Si en 1587 et en 1589, Mgr MASCARDI écrit que "le cimetière entoure l'église", il mentionne déjà l'existence de l'arca de Vico. Mgr COSTA décrit un siècle plus tard, en 1698, à Poggiolo, un "pavement de pierre avec trois ouvertures d'arca avec trappe de pierre". Ces trois ouvertures signifient qu'une était destinée aux hommes, l'autre aux femmes et la dernière aux enfants. Mais, en 1702, le même Mgr COSTA note que "le cimetière est pourvu d'une croix et bien enclôs"
 
 
    Il est vrai que la sépulture en arca n'était pas bien vue des autorités ecclésiastiques. Ainsi, dès le XVI° siècle, la constitution de Mgr SAULI, évêque d'Aleria, imposait d'ensevelir les morts dans les cimetières et non dans les églises, à moins d'avoir la permission de l’évêque.
 
 
    En 1776, un Edit Royal interdisait les sépultures dans les églises insulaires, et en 1789 un Décret de la Révolution ordonnait la création de cimetières, sans grand succès en Corse.
 
L'église et le cimetière vus du Tretorre (photo Michel Franceschetti).

L'église et le cimetière vus du Tretorre (photo Michel Franceschetti).

   
Quelle fut la situation de Poggiolo?
 
 
Les deux périodes d'inhumation
 
 
    Les registres de catholicité du XVIIIe siècle pour Poggiolo ont été étudiés par Xavier PAOLI, l'historien du village. Ils sont référencés aux Archives départementales, ou Archives Pumonti, sous les côtes 6MI 240/3 (pour 1729 à 1772) et 6MI 240/4 pour la période 1770-1796 qui empiète donc sur la précédente.
 
 
    Deux périodes peuvent être distinguées:
 
    Pour la première, de 1729 à 1756, les inhumations eurent toujours lieu "dans l'église". Les registres utilisent alors les termes "arca", "nel pavimento", "attraco".  
Ainsi, en 1731, pour Maria Sibilia et Damiano, dont les décès se sont suivis, il est écrit: "il suo corpo fu sepelitto nella chiesa di S. Simeone", c'est-à-dire: "son corps a été enseveli dans l'église de Saint Siméon".
    
    Cliquez sur les images pour agrandir les documents.
 
Deux actes de sépulture en 1731.

Deux actes de sépulture en 1731.

 
  Ensuite, après 1770 et jusqu'en 1792, les documents mentionnèrent pratiquement tous que les enterrements avaient lieu dans le "cimetière ordinaire", mais en précisant:
 
"nel grande sepultura", c'est-à-dire dans l'arca collective
                                             ou
"nel picola sepultura" ou "nel cimeterio", donc en tombe individuelle.
 
 
    La première mention d'enterrement "nel cimeterio ordinario" date du 12 juin 1770 (mais il manque les feuillets entre 1762 et 1769) et concernait une nommée Maria Francesca. 
Première mention d'un enterrement dans le cimetière de Poggiolo (12 juin 1770).

Première mention d'un enterrement dans le cimetière de Poggiolo (12 juin 1770).

   

    Mais il y eut des exceptions.

 

    En 1783, Domenico Felice FRANCISCHETTI (orthographe fréquente qui se transforma définitivement en FRANCESCHETTI), âgé de 78 ans, fut enseveli "nel pavimento" (sous le carrelage) de la chapelle du Rosaire, qui se situait alors dans la partie gauche de l'église et avait été construite dans les dernières années du XVIIe siècle.

 

    Le curé Giovanni BONIFACY prit soin d'écrire qu'il avait obtenu du vicaire DEFRANCHI de Soccia "la licenza", l'autorisation de "rompere", de casser le sol. La famille FRANCESCHETTI jouait alors un grand rôle à Poggiolo et Domenico Felice devait être un personnage particulièrement important pour bénéficier d'une telle sollicitude.

 

Domenico Felice enseveli dans la chapelle du Rosaire en 1783.

Domenico Felice enseveli dans la chapelle du Rosaire en 1783.

 

    Un autre exemple, onze ans plus tard, qui concerne encore la famille FRANCESCHETTI. En 1793, Angelafelice fut inhumée sous le carrelage de l'église.

 

    On lit bien dans la marge les mots "sepultura grande".

 

Inhumation sous le carrelage de l'église en 1793.

Inhumation sous le carrelage de l'église en 1793.

 

    La fin de l'arca

 

    Il faudrait vérifier attentivement les registres  mais il semblerait d'ailleurs qu'Angelafelice fut le dernier habitant de Poggiolo à avoir été mis dans l'arca.

 

    Tous les enterrements eurent lieu désormais dans le cimetière situé derrière l'église. 

 

    Pour Soccia, où il existait aussi une arca en deux ou trois parties, l'étude publiée voici quelques années par Jean-Baptiste PAOLI indique que la première inhumation dans le cimetière communal eut lieu en 1812, année où des édits préfectoraux particulièrement coercitifs accélérèrent la fin des arche.

 

L'ancienne église St Siméon, détruite à partir de 1863. Dessin réalisé par M. Bessières en 1856 et mis à notre disposition par Emilie Tomas.

L'ancienne église St Siméon, détruite à partir de 1863. Dessin réalisé par M. Bessières en 1856 et mis à notre disposition par Emilie Tomas.

 

    Avec la démolition de la vieille église en 1863 et la construction de l'actuel Saint Siméon, il ne reste plus rien de l'arca poggiolaise, même pas la dalle qui la recouvrait (alors que le couvent St François conserve des dalles de certaines familles vicolaises).

 

    Mais sous le carrelage de la nef, quelques restes de nos ancêtres de trouvent certainement encore.

 

    Visibles ou invisibles, les morts restent parmi nous et il nous montrent d'où nous venons, quelles sont nos racines. Nous sommes les héritiers d'une histoire et d'une communauté.


Bibliographie:
       - "Le couvent Saint François de Vico" par le R. P. Louis DOAZAN (ed. Alain Piazzola)
    - "Soccia. Santa Maria delle grazie. A nostra ghjesgia" par Jean-Baptiste PAOLI (dactylographié, avec l'aide d'"A Mimoria")

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29 octobre 2020 4 29 /10 /octobre /2020 18:00

 

Au moment du 2 novembre, jour des Morts dans le calendrier chrétien, les cimetières sont visités par les familles qui vont fleurir les tombes de leurs parents. S'il est normal que chacun s'intéresse à l'endroit où se trouvent les restes de ceux qu'il a connus, d'autres sépultures méritent un intérêt particulier.

 

Antoine François LECA, qui participa à la guerre de 1870-1871 (voir article précédent), ne devrait pas être un inconnu pour tous ceux qui sont entrés au moins une fois dans le cimetière de Poggiolo.

 

 

Son nom est gravé sur la plaque métallique placée sur une croix près du mur en face de l'entrée du cimetière de Poggiolo. Mais qui lit encore ce texte émouvant?

 

Photo Michel Franceschetti

Photo Michel Franceschetti

ICI DORMENT DANS LE SEIGNEUR LECA MARTIN PÈRE 84 ANS LECA FRANÇOIS ANTOINE CAPORAL 25 ANS LECA PAUL 22 ANS ET LECA ANTOINE FRANÇOIS GARDE FORESTIER DOMAINIAL 37 ANS FILS EN ATTENDANT LE JOUR DE LA RÉUNION ÉTERNELLE.
VOUS QUI PASSEZ JETEZ UNE PRIÈRE SUR LA TERRE QUE LES LARMES ONT CONSACRÉE.

 

Les larmes mentionnées dans ce texte sont faciles à deviner quand on se rend compte que le père est mort à 84 ans alors que ses trois fils moururent bien plus jeunes. 

 

Ce père de famille poggiolais est Giovan "Martino" LECA. Ses trois fils mentionnés sont ceux qu'il eut avec son épouse Angèle Marie DESANTI.

François Antoine, né le 27 juin 1846 et mourut le 9 janvier 1872, à 25 ans. 

Antoine François naquit le 6 juillet 1850 et vécut jusqu'au 28 juillet 1887, soit 37 ans.

Paul, né le 16 septembre 1853, décéda 23 ans plus tard, le 6 septembre 1876.

Cette fratrie a été présentée dans le dernier article.

 

Si vous ne "jetez" pas "une prière sur la terre", si vous ne priez pas pour eux, ayez au moins une pensée pour cette famille en passant devant cette plaque.

 

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27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 18:00

 

En publiant la liste des Poggiolais ayant participé à la guerre de 1870-1871, nous demandions aux lecteurs qui auraient des renseignements supplémentaires de nous les signaler. Nous avons eu une réponse: un de nos abonnés nous a signalé l'oubli d'Antoine François LECA.

 

Cet oubli est d'autant plus regrettable que pratiquement toutes les personnes qui sont entrées au cimetière de Poggiolo ont dû remarquer son nom. Il en sera question un peu plus tard.

 

 

 

ANTOINE FRANÇOIS, LE CLAIRON

 

Fils de Giovan "Martino" LECA et de sa deuxième épouse Angèle Marie DESANTI, Antoine François LECA naquit à Poggiolo le 6 juillet 1850.

 

Le conseil de révision du 7 septembre 1870 le déclara "bon pour le service" et il se présenta le 27 octobre au 48e régiment d'infanterie de ligne, d'après sa fiche matricule (9 NUM 11/116 - Archives Pumonti).

 

Cette date est importante car elle prouve qu'Antoine François n'a pas participé aux combats des premiers mois, quand son régiment faisait partie de l'armée du Rhin commandée par MAC-MAHON. Il le rejoignit au moment où le 48e fut agrégé au 17e corps d'armée au sein de l'Armée de la Loire. Notre Poggiolais participa peut-être aux combats de Loigny et du Mans où ces troupes affrontèrent les Allemands. Les renseignements sur le 48e proviennent de la fiche Wikipedia.

 

Le registre matricule note qu'Antoine François LECA participa à la campagne contre l'Allemagne du 16 novembre 1870 au 5 juin 1871 (le traité de paix avait été signé à Francfort le 10 mai).

 

Resté dans l'armée, il passa le 12 mars 1872 au 22e de ligne comme clairon. Après  la fin de son service militaire, qui durait six ans, il passa dans la territoriale en 1879. Antoine François LECA devint garde forestier (à Murzo, semble-t-il) et décéda à Poggiolo le 28 juillet 1887 (et non pas le 1er août comme consigné sur le registre matricule), à l'âge de 37 ans.

 

Un clairon de la guerre de 1870 par Edouard Detaille (forum des Amis du Souvenir Napoléonien)

Un clairon de la guerre de 1870 par Edouard Detaille (forum des Amis du Souvenir Napoléonien)

 

 

LE CAPORAL ET LE DISPENSÉ

 

Mais il avait deux frères:

 

 - Son frère aîné, François Antoine, était né le 27 juin 1846 à Poggiolo et décéda au village le 9 janvier 1872. Le registre d'état-civil précise qu'il était caporal au 32e de ligne et qu'il se trouvait alors en convalescence (d'une maladie ou de blessures?).

 

Acte de décès de François Antoine LECA.

Acte de décès de François Antoine LECA.

 

Peut-être participa-t-il lui aussi à la guerre franco-allemande. Le régiment, cantonné à Metz, se distingua dans plusieurs combats au début du conflit. Il est impossible de connaître les réels états de service de François Antoine car, très curieusement, il est totalement inconnu du registre des matricules militaires. Impossible également de savoir s'il était appelé ou engagé.

 

 

 - Un frère plus jeune, Paul, né le 16 septembre 1853, fut dispensé du service militaire car "frère au service", d'après le registre matricule. En 1873, François Antoine étant mort l'année précédente, ce frère devait être Antoine François qui se trouvait alors au sein du 22e de ligne. Le clairon a évité à son petit frère de revêtir l'uniforme.

 

Paul décéda à Poggiolo à 26 ans, le 6 septembre 1876, avant son aîné.

 

 

Avec Antoine François, le clairon, et François Antoine, le caporal, nous avons donc le 24ème et le 25ème soldat poggiolais de la guerre de 1870-1871.

 

 

Si les frères LECA ont été oubliés en tant que soldats, une raison très particulière fait qu'ils ne peuvent pas être ignorés des Poggiolais qui se rendent au cimetière.

Ce sera l'objet du prochain article.

 

 

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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 19:00

 

Pendant la guerre de 1870, quatre frères DEMARTINI de Poggiolo firent partie de l'armée française mais avec des situations très différentes qui illustrent les difficultés des familles corses de cette époque.

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Dominique DEMARTINI (1806 ou 1807-1880) et son épouse Madeleine (1810-1871) eurent six garçons. L'aîné Jean Baptiste et le benjamin Dominique Antoine n'avaient pas l'âge pour participer aux combats de 1870.

 

 

Maison Demartini à Poggiolo. Etait-ce celle des frères Demartini? photo Michel Franceschetti

Maison Demartini à Poggiolo. Etait-ce celle des frères Demartini? photo Michel Franceschetti

 

 

DEUX MARINS

 

Le second des enfants du couple, Antoine Mathieu, né le 4 avril 1841, fut appelé à l'armée en mars 1862. Il fut envoyé par le conseil de révision comme apprenti marin à Toulon. Il participa à la guerre dans la Marine où il fit carrière. Il décéda comme matelot vétéran le 14 juillet 1885 à l'hôpital maritime de Toulon.

 

 

Son frère Antoine, né en 1844, fut convoqué en 1865 par le conseil de révision qui l'envoya chez les apprentis marins de Brest. Mais, en février 1866, l'armée s'aperçut qu'une erreur avait été commise: il n'aurait pas dû être mobilisé car il était frère d'un militaire déjà sous les drapeaux (Antoine Mathieu).

 

Il fut renvoyé dans ses foyers à Poggiolo et ne participa pas aux opérations militaires. Cependant, quand il déclara le décès de sa mère Madeleine le 22 juin 1871 à la mairie de Poggiolo, le registre d'état-civil le mentionna comme "marin domicilié à Poggiolo". Il ne fut libéré des obligations militaires que le 31 décembre 1871. Il décéda en avril 1873 à l'hôpital d'Angoulême.

 

Antoine qualifié de "marin" en 1871.

Antoine qualifié de "marin" en 1871.

 

 

MORT EN INDOCHINE

 

Né le 25 avril 1847, François Marie était berger quand il se présenta au conseil de révision du 14 juillet 1868. Versé dans la garde mobile, il aurait pu ne pas prendre l'uniforme tout de suite mais il fut désigné (car cela était alors possible) comme remplaçant d'un appelé de Gironde. Il dut partir dans les troupes coloniales (on disait alors troupes de marine) vers l'Indochine alors en voie de conquête. Saïgon avait été prise par une expédition franco-espagnole en 1859.

 

Prise de Saïgon en 1859 (image Wikipedia)

Prise de Saïgon en 1859 (image Wikipedia)

 

"Canonnier à la première batterie du régiment d'artillerie de marine et des colonies", il mourut de dysenterie dans l'hôpital de cette ville le 27 juin 1870, donc quelques semaines avant le début de la guerre avec l'Allemagne.

 

L'annonce officielle de ce décès fut retranscrit à Poggiolo pratiquement deux mois après, vers la mi-août.

 

 

MORT EN LORRAINE

 

Pour Antoine-Laurent, né le 28 juillet 1850, l'armée était un choix: il s'engagea volontairement le 17 février 1869 au 6e de ligne de l'armée du Rhin.

 

Il prit part aux combats dès la déclaration de guerre et il fut déclaré comme mort le 26 août 1870 à Pont-à-Mousson. Comme la ville avait été prise par les Allemands le 14 août après deux jours de violents combats, on peut supposer qu'Antoine Laurent mourut dans le camp de prisonniers français installé dans cette ville, peut-être à la suite de blessures reçues les jours précédents.

 

 

Soldats allemands à Pont-à-Mousson le 14 août 1870, dessin d'Auguste Lançon, Musée Carnavalet.

Soldats allemands à Pont-à-Mousson le 14 août 1870, dessin d'Auguste Lançon, Musée Carnavalet.

 

Curieusement, son décès ne fut retranscrit sur le registre d'état-civil de Poggiolo que le 25 décembre 1871, soit plusieurs mois après la fin de la guerre. Retard dû à des difficultés de communications entre autorités françaises et allemandes?

 

 

A cette date, sa mère était trépassée depuis le 22 juin 1871.  Elle avait eu le temps d'apprendre la disparition de François Marie. La notification officielle du décès d'Antoine Laurent n'était pas encore parvenue au village mais son silence depuis dix mois ne laissait plus d'espoir.

 

 

 La guerre de 1870-1871 est oubliée. Elle fit souffrir de nombreuses familles sur lesquelles nous n'avons pas beaucoup d'informations mais ces deux années furent particulièrement éprouvantes pour la famille DEMARTINI de Poggiolo.

 

Avec l'exemple de ces quatre frères, nous avons l'illustration des malheurs de la guerre de 1870, du début de l'expansion coloniale (ici, en Indochine) et du désordre administratif de l'armée du Second Empire. Et, surtout, nous voyons que le sort de nombreux enfants des familles corses de cette époque était de quitter le village.

 

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Une très grande partie des informations ayant servi à cet article vient des registres militaires matricules et des registres de la garde mobile (fiches 9 NUM 78/39, 9 NUM 11/111, 9 NUM 3/681 et 9 NUM 74/897 – Archives Pumonti), avec l’autorisation de Madame Laure FRANCK, directrice des archives de la Collectivité de Corse. Une autre partie provient des registres d'état-civil de Poggiolo également consultables sur le site des archives.

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 17:59

 

La liste des 23 soldats poggiolais de 1870 publiée dans l’article précédent entraîne quelques observations sur leur situation et leurs actions pendant cette guerre franco-allemande. Les renseignements viennent des fiches des registres matricules entreposés aux archives de la Collectivité de Corse et dont les coordonnées (suivies de l'indication "Archives PUMONTI") ont été données dans l'article du 9 octobre.

 

 

 

 

SITUATION DES POGGIOLAIS DANS L’ARMÉE FRANÇAISE

 

Quand la guerre éclata en juillet 1870, douze d’entre eux étaient déjà sous les drapeaux, cinq comme engagés et sept comme appelés.

 

Juste avant le début du conflit, le conseil de révision exempta Jules DEMARTINI en qualité de soutien de famille et à cause de sa petite taille.

 

A l’inverse, par patriotisme, deux s'engagèrent pour la durée de la guerre: Jean Baptiste, dit Jules Baptiste, DEMARTINI le 14 août et Darius Jean VINCIGUERRA le 26 août.

 

Six Poggiolais partirent comme remplaçants de jeunes (des Bouches-du-Rhône, de Garonne ou de Gironde) ayant tiré un mauvais numéro mais dont les familles avaient pu payer la prestation prévue par la loi de 1855.

 

 

 

DANS QUELLES UNITÉS COMBATTIRENT-ILS?

 

La majorité (dix d’entre eux) furent placés dans l’infanterie (on disait alors «infanterie de ligne»).

 

Cinq participèrent à la guerre comme membres de la garde mobile.

Monument à la mémoire des Mobiles à Marseille (photo Michel Franceschetti).

Monument à la mémoire des Mobiles à Marseille (photo Michel Franceschetti).

 

Deux étaient dans la marine. Plus exactement, Antoine Mathieu DEMARTINI  était matelot depuis 1862, tandis que son frère Antoine DEMARTINI, enrôlé à Brest par erreur, avait été renvoyé dans ses foyers.

 

Deux furent infirmiers: Philippe MARTINI et Darius Jean VINCIGUERRA, déjà mentionné ci-dessus.

 

Il y eut aussi :

- un dragon: Antoine Albert François DEMARTINI

- un chasseur à cheval: Jean Baptiste DESANTI

- un fantassin de marine: François Xavier VINCIGUERRA

- Enfin, Pierre François DESANTI fut déclaré «bon pour le service» mais le registre matricule n’indique pas dans quelle unité il fut aiguillé.

 

 

 

LES POGGIOLAIS CONTRE LES ALLEMANDS ET CONTRE LES PARISIENS

 

Les renseignements manquent pour savoir à quelles batailles chacun participa, sauf pour Jean Baptiste PINELLI qui était à Metz dans l’armée de BAZAINE et pour Jean Baptiste FRANCESCHETTI dont le dossier de légion d’honneur permet de savoir qu’il reçut quatre blessures lors de la bataille de Gravelotte le 16 août 1870.

 

Ainsi, on ignore si les cinq gardes mobiles restèrent en Corse ou s’ils firent partie des 2.600 hommes qui embarquèrent à Ajaccio le 27 juillet et «qui, n’ayant jamais servi sous l’uniforme, devront être formés sur le continent», d’après ce qu’a écrit Jean-Pierre GIROLAMI dans «Settimana» du 18 septembre 2020.

 

illustration publiée dans «Settimana» du 18 septembre 2020.

illustration publiée dans «Settimana» du 18 septembre 2020.

 

Toujours est-il que trois Poggiolais furent prisonniers:

- Antoine Laurent DEMARTINI, décédé le 26 août 1870 à Pont-à-Mousson, ville prise le 14 par les Allemands (il semble avoir été le seul Poggiolais mort pendant cette guerre);

- Jean Baptiste PINELLI, capturé quand l’armée de Bazaine capitula le 29 octobre;

- Jean Baptiste FRANCESCHETTI, pris à la suite des blessures reçues à la bataille de Gravelotte.

 

 

Trois se battirent contre des Parisiens car ayant été affectés à l’armée du gouvernement de Versailles qui combattit la Commune en mai 1871:

-Jean Baptiste DEMARTINI

-Jean Martin DESANTI

-Jean Baptiste PINELLI, après qu’il eut été libéré de sa captivité le 14 mai 1871, comme 60.000 autres soldats à la demande d’Adolphe THIERS, chef du gouvernement, pour écraser les révolutionnaires.

 

 

 

LEUR IDENTITÉ

 

Les différences d’âge n’étaient pas grandes (neuf ans). Au début de la guerre, le Poggiolais le plus ancien, Antoine Mathieu DEMARTINI, né le 4 avril 1841, avait 29 ans. Les plus jeunes, nés en 1850, étaient au nombre de cinq.

 

Lors de la première guerre mondiale, il y eut 51 ans entre le plus ancien (Jean Baptiste PINELLI né le 21 août 1848) et le benjamin (François Antoine Noël DEMARTINI né le 24 décembre 1899) des «poilus» poggiolais.

 

Le nom de famille le plus présent parmi eux était DEMARTINI (9 représentants) avant DESANTI (5 membres). Il est curieux de s'apercevoir que le nom très courant de PINELLI n’ait été cité qu’une seule fois, alors qu’il est troisième dans les noms des soldats poggiolais de la guerre 1914-1918.

 

Pour les prénoms, dix-sept de ces soldats en avaient deux et un en avait trois. En les comptant tous, il y en a dix-huit différents. Le plus courant était Jean, cité douze fois, largement devant Baptiste, cité sept fois. En 1914-1918, les prénoms les plus courants furent Jean, François et Toussaint, Baptiste n’apparaissant qu’une fois. On peut remarquer un Polo et un Darius.

 

 

 

ET APRÈS LA GUERRE ?

 

Onze anciens combattants de 1870-1871 étaient encore vivants quand la première guerre mondiale se déclencha. L’un d’eux, Jean Baptiste DESANTI, né en 1850, connut même le début de la seconde. Il mourut le 8 octobre 1939, à 88 ans, un mois après la déclaration de guerre (3 septembre 1939).

 

Médaille commémorative de la guerre de 1870 (site www.loire1870.fr/.jpg)

Médaille commémorative de la guerre de 1870 (site www.loire1870.fr/.jpg)

 

Les combattants de 1870 furent oubliés. Les monuments qui leur sont dédiés sont rares. Orto est une des rares communes à avoir inscrit sur le marbre le nom d’un mort de cette guerre.

 

Une médaille commémorative ne fut instituée qu’en 1911. Combien de Poggiolais la reçurent-ils?

 

Comment étaient-ils considérés au village ?

 

Malheureusement, nous n’avons pas assez de renseignements pour répondre à ces questions.

 

En tout cas, l’existence de ces vingt-trois soldats prouve que, comme les autres villages corses, Poggiolo ne resta pas à l’écart de la guerre franco-allemande de 1870.

 

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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 18:00

 

La guerre de 1870, qui eut lieu voici juste 150 ans, est maintenant bien oubliée mais les Poggiolais de l’époque la subirent fortement. Une vingtaine d’entre eux y participa sous l’uniforme. Toutes les familles de Poggiolo furent touchées, comme le montre la liste qui est proposée ici. 

 

 

 

Avant de la regarder, il importe de savoir comment était recrutée l’armée de Napoléon III.

 

Le service militaire était en principe obligatoire mais tous les jeunes de 20 ans ne le faisaient pas. Il y avait un tirage au sort pour avoir le nombre de militaires correspondant aux besoins. Ceux qui avaient tiré un mauvais numéro pouvaient payer pour être remplacés. Le service durait 7 ans et fut réduit à 5, à la veille de la guerre, en 1868, avec la réforme NIEL qui créa une garde mobile servant de réserve à l’armée impériale.

 

Quelques dates sont également à retenir pour comprendre les carrières de ces soldats:

19 juillet 1870: la France déclare la guerre à la Prusse.

2 septembre 1870: Napoléon III est battu à Sedan et se rend aux Allemands.

28 janvier 1871: armistice (fin des combats).

21-28 mai (semaine sanglante): la Commune de Paris est écrasée par l’armée fidèle au gouvernement de Thiers installé à Versailles.

10 mai 1871: traité de Francfort (fin de la guerre).

 

Les renseignements ci-dessous viennent en grande partie des registres militaires matricules et des registres de la garde mobile. Ils sont publiés avec l’autorisation de Madame Laure FRANCK, directrice des archives de la Collectivité de Corse. Chaque fiche est donc accompagnée de l’indication des cotes consultées et de leur lieu de conservation (– Archives Pumonti).

 

Les fiches généalogiques réalisées par Pierre LECCIA et accessibles sur Généanet ont été également utilisées.

 

Avertissement: Les renseignements qui vont suivre ne sont peut-être pas complets car la documentation sur cette guerre est assez rare. Si nos lecteurs ont des renseignements complémentaires, qu'ils n'hésitent pas à nous en faire part.

 

 

Dans le prochain article, un certain nombre d'observations sera tiré de cette liste.

 

------------

 

 

 

LES 23 SOLDATS POGGIOLAIS DE 1870-1871

(ordre alphabétique)

 

 

 

CECCALDI Jean (1844-?): fils de Valerio et Agathe Marie ARRIGHI. Frère de Jean Noël. Etant élève du grand séminaire d’Ajaccio, il est dispensé du service par le conseil de révision du 6 mai 1865. Mais il renonce à la dispense et part au 37e RI (régiment d’infanterie). 9 NUM 78/37 – Archives Pumonti.

 

CECCALDI Jean Noël (1850-1925): fils de Valerio et Agathe Marie ARRIGHI. Frère de Jean. Forgeron. Appelé dans la garde mobile le 27 septembre 1870. Licencié le 31 décembre 1872. Père de Jean-François qui fut maire de Poggiolo de 1919 à 1959. 9 NUM 77/22 – Archives Pumonti

 

DEMARTINI Antoine (1844-1873): Fils de Dominique et de Madeleine DEMARTINI. Frère d’Antoine Laurent, d’Antoine Mathieu et de François Marie. Appelé en octobre 1865 à l’école des apprentis marins de Brest, il est renvoyé dans ses foyers en février 1866, étant frère d’un militaire. Mais il reste considéré comme militaire jusqu'au 31 décembre 1871. 9 NUM 78/39 – Archives Pumonti

 

 

Ecole des apprentis de Brest.

Ecole des apprentis de Brest.

 

DEMARTINI Antoine Albert François (1847-?): Fils d’Antoine et Marie DEMARTINI. Menuisier. Incorporé au 17e Dragons en octobre 1868 comme remplaçant. En captivité en Allemagne du 2 septembre 1870 au 1er juillet 1871. Libéré des obligations militaires, devient gendarme. 9 NUM 74/909 – Archives Pumonti

 

DEMARTINI Antoine Laurent (1850-1871): Frère d’Antoine, d’Antoine Mathieu et de François Marie. Engagé volontaire en 1869 au 6e de ligne de l’armée du Rhin. Mort le 26 août 1870 à Pont-à-Mousson (prisonnier des Allemands?). Décès retranscrit sur l’état-civil de Poggiolo le 25 décembre 1871. Semble avoir été le seul Poggiolais tué pendant cette guerre. 9 NUM 11/111 – Archives Pumonti

 

DEMARTINI Antoine Mathieu (1841-1885): Fils de Dominique et de Madeleine DEMARTINI. Frère d’Antoine, d’Antoine Laurent et de François Marie. Appelé en 1862 à l’école des apprentis marins de Toulon et fait carrière dans la Marine jusqu’à sa mort. 9 NUM 3/681 – Archives Pumonti

 

DEMARTINI Jean Baptiste (1849-1919): fils de Jean Toussaint et Marthe MARTINI. Frère de Jules Baptiste. Incorporé le 14 août 1870 comme remplaçant au 68e de ligne, puis au 113e. Fait la campagne contre l’Allemagne jusqu’au 7 mars 1871, puis fait partie, du 18 mars au 7 juin 1871, de l’armée de Versailles qui écrase la Commune de Paris. Continue une carrière militaire jusqu’à sa retraite. 9 NUM 76/934 – Archives Pumonti

 

 

Combats entre Communards et Versaillais ("Le Cri du peuple" de Tardi).

Combats entre Communards et Versaillais ("Le Cri du peuple" de Tardi).

 

DEMARTINI Jules (1849-1927): fils de Jean Baptiste et de Julie DESANTI. Exempté par le conseil de révision du 24 juin 1870 pour défaut de taille et soutien de famille. 9 NUM 10/509 – Archives Pumonti

 

DEMARTINI Jean Baptiste dit Jules Baptiste (1846-1908): fils de Jean Toussaint et Marthe MARTINI. Frère de Jean Baptiste. incorporé le 9 août 1870, s’engage pour la durée de la guerre au 68e de ligne. 9 NUM 73/185 – Archives Pumonti

 

DEMARTINI Nicolas dit Colaté (1846-?): fils de Martin et Marie Marthe VINCIGUERRA. Déclaré bon pour le service et remplaçant par le conseil de révision du 16 juillet 1868. 9 NUM 73/186 – Archives Pumonti

 

DESANTI Pierre François ou François Pierre (1847-1927): fils de Jean et de Julie ANTONINI. Déclaré bon pour le service par le conseil de révision du 14 juillet 1868. Fut le père de Hyacinthe, gouverneur au Dahomey et au Soudan français.  9 NUM 8/788 – Archives Pumonti

 

DESANTI Jean Baptiste (1849-1909): fils de François Antoine et de Julie CARLI. Frère de Jean Martin. Déclaré bon pour le service et remplaçant par le conseil de révision du 24 juin 1870. 9 NUM 76/933– Archives Pumonti

 

DESANTI Jean Baptiste (1850-1939): fils de Jacques et d’Estelle Marie DEMARTINI. Frère de Jules François. Appelé le 25 octobre 1870 pour le 12e régiments de chasseurs à cheval. Fut le dernier des combattants de 1870-1871 à décéder, un mois après le déclenchement de la seconde guerre mondiale. 9 NUM 11/110 – Archives Pumonti

 

 

Jean Martin DESANTI (tableau peint entre 1885 et 1897) (photo Michel Franceschetti).

Jean Martin DESANTI (tableau peint entre 1885 et 1897) (photo Michel Franceschetti).

 

DESANTI Jean Martin (1846-1922): fils de François Antoine et de Julie CARLI. Frère de Jean Baptiste. Engagé le 15 mai 1865 au 46e de ligne. Quitte l’armée comme sergent le 19 mars 1870. Est rappelé le 21 juillet 1870 pour le 117e de ligne, puis le 120e. Opérations contre l’armée allemande jusqu’au 7 mars 1871. Puis, opérations contre la Commune de Paris du 18 mars au 7 juin. Reste dans l’armée jusqu’à sa retraite en 1897 où il a le grade de portier-consigne de première classe et la médaille de la Légion d’honneur. Est le père de Rosine de laquelle descendent les FRANCESCHETTI actuels.  9 NUM 7/702 – Archives Pumonti

 

DESANTI Jules François (1845-1902): fils de Jacques et d’Estelle Marie DEMARTINI. Frère de Jean Baptiste. Déclaré bon pour le service et remplaçant par le conseil de révision en juillet 1868 au 32e de ligne (?). 9 NUM 72/164 – Archives Pumonti

 

FRANCESCHETTI Jean Baptiste (1848-1916): fils de Jean Charles et de Marie Françoise PAOLI. Frère de Jean Polo. Engagé le 22 août 1868. Est caporal au 32e RI au début de la guerre. Le 16 août 1870, reçoit quatre blessures à Gravelotte avant d’être capturé par les Allemands: 

        un coup de feu au dessus de l'oreille droite,

​​​        un coup de feu à la cuisse gauche,

       un coup de feu au pied gauche qui a brisé la phalange de l'orteil,

        un coup de feu à la cuisse droite.

 

 

 

Bataille de Gravelotte (site La Croix).

Bataille de Gravelotte (site La Croix).

 

Libéré le 8 juillet 1871, reprend du service jusqu’à la retraite. Capitaine dans la territoriale, reçoit la légion d’honneur en 1896. 9 NUM 9/39 – Archives Pumonti

 

FRANCESCHETTI Jean Polo (1845-1921): fils de Jean Charles et de Marie Françoise PAOLI. Frère de Jean Baptiste. Appelé dans la garde mobile en août 1870 et libéré en mai 1871. 9 NUM 72/163 – Archives Pumonti

 

MARTINI Antoine Dominique (1849-1933): fils de Martin et Françoise MARTINI. Engagé volontaire le 22 août 1868 au 32e régiment d’infanterie. Libéré le 23 août 1871. 9 NUM 76/929 – Archives Pumonti

 

MARTINI Jean Baptiste (1850-1882): fils d’Antoine et de Marie Antoinette PINELLI. Frère de Philippe. Déclaré bon pour le service dans la garde mobile par le conseil de révision du 27 septembre 1870. Licencié le 31 décembre 1872. S’installe à Constantine où il se marie et décède. 9 NUM 77/23 – Archives Pumonti

 

MARTINI Philippe (1847-1938): fils d’Antoine et de Marie Antoinette PINELLI. Frère de Jean Baptiste. Part comme appelé le 20 octobre 1868 à la 6e section d’infirmiers. Participe à la guerre contre l’Allemagne. 9 NUM 8/786 – Archives Pumonti

 

PINELLI Jean Baptiste (1848-1917): fils de Noël et Lucie NESA. Engagé volontaire en 1866. En 1870, à la déclaration de guerre, est sergent-fourrier au 28e de ligne. Prisonnier avec l’armée de Bazaine à Metz le 29 octobre 1870, est libéré le 14 mai 1871.

 

 

Soldats français de l'armée de Bazaine à Metz.

Soldats français de l'armée de Bazaine à Metz.

 

Fait partie de l’armée de Versailles qui écrase la Commune de Paris. Démissionne en 1876. Devient capitaine au 261e régiment de réserve. Obtient la légion d’honneur le 13 janvier 1907. Meurt à Paris où il s’était installé. Est inscrit sur le monument aux mort de 14-18 à Poggiolo sous le seul prénom de Baptiste. 9 NUM 9/38 – Archives Pumonti

 

VINCIGUERRA François Xavier (1850-1905): de Joseph et de Lilla CECCALDI. Menuisier à Aix-en-Provence. Part comme appelé le 25 octobre 1870 dans l’infanterie de marine et fait la campagne de France. 9 NUM 11/109 – Archives Pumonti

 

VINCIGUERRA Darius Jean (1846-1887): fils de Jacques Toussaint et de Marie CASANOVA. Domicilié à Corte lors du conseil de révision du 17 mars 1868. S’engage pour la durée de la guerre à Bastia le 26 août 1870 dans la 10e section des infirmiers. Libéré en janvier 1872, s’installe à Corte comme cordonnier, s’y marie et y décède.  9 NUM 73/505 – Archives Pumonti

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  • : Le blog des Poggiolais
  • : blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù). Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
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Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité.
POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici.
Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO.
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