L'emplacement des maisons dites "de notables" et leurs dates de construction ont déjà été évoquées (cliquer ICI). Il reste à voir leur organisation interne et leurs utilisations.
L'entrée de la maison est une porte à deux battants donnant sur un long couloir, comme le montre cette photo de l'intérieur de la maison de Marione.
On distingue bien, à droite et à gauche, les ouvertures vers des pièces qui étaient, en principe, la cuisine et un salon.
Au fond du couloir, se trouve un escalier en bois tournant à 180° à chaque palier.
Il permet d'accéder à un ou deux étages avec des chambres et souvent, au premier, un autre salon avec balcon. Le balcon, était autrefois signe extérieur de richesse.
L'escalier allait jusqu'au grenier souvent éclairé par des ouvertures rondes.
Balcon et ouverture du grenier s'observent bien sur la façade de la maison CECCALDI.
Par contre, pas de cave en sous-sol. Une pièce du rez-de-chaussée servait de cave et de cellier.
Des entrées secondaires existaient sur le devant ou sur le côté, l'une étant la porte de la cave.
Les pièces du bas pouvaient avoir des destinations particulières.
Dans l'actuelle maison de Valère, le salon servait véritablement de bureau de mairie quand le maire était Jean-François CECCALDI (de 1919 à 1941 et de 1943 à 1959). On raconte que la porte de côté servait à faire entrer les conseillers municipaux et les divers solliciteurs.
Un magasin se tint dans la maison MARTINI. Nous y reviendrons dans un prochain article.
L'été, l'atout principal de ces maisons était la présence d'une place ombragée.
On pouvait s'y prélasser comme cet individu à barbe rousse, chemise à carreaux et espadrilles en été 1972.
Les enfants avaient de l'espace pour s'amuser.
On pouvait réunir du monde, comme ici devant la maison MARTINI, lors d'une tournée électorale en 1926.
On pouvait bavarder avec le facteur (ici, Mimi CANALE) qui apportait le courrier.
Bien sûr, l'herbe pousse.
Mais un minimum d'entretien rend un aspect sympathique à l'endroit.
La plus récente des maisons datées de Poggiolo est à l'écart du cœur du village.
La villa MARTINI se trouve sur le côté gauche de la route, après le monument aux morts et la fontaine du Lucciu. Derrière une grille, une allée conduit directement à la maison, en partie cachée par la végétation.
Elle a les caractéristiques des maisons de notables déjà décrites (dans l'article "Les notables et les routes"): forme massive, presque carrée, balcon en façade, dans un terrain évitant de toucher un autre édifice. Bien évidemment, elle est au bord de la route construite à la fin du XIXème siècle.
La date de construction n'a pas été gravée sur le linteau de l'entrée mais sur une plaque apposée à côté de la porte d'entrée.
L'inscription complète est:
Villa
F. A. Martini
1933
Elle est donc la plus récente des maisons poggiolaises datées. Parmi elles, aucune n'a la qualification de "Villa".
D'ailleurs, parmi les anciens du village, on l'appelle plutôt "la maison de Ceccantone".
Les lettres F et A sont les initiales de "François Antoine", "Ceccu Antone" en corse, compacté en "Ceccantone".
François Antoine MARTINI est né en 1878. Il s'engagea en 1897 dans l'armée, au 12e Régiment d'Infanterie. En novembre 1903, il devint surveillant militaire dans les établissements pénitentiaires de Guyane, plus exactement au camp de Charvein.
Sa présence dans ce lieu, ainsi que les souvenirs qu'il en ramena, a été décrite dans un article précédent.
Les Poggiolais ont de l'initiative (n°4: le bagne présent à Poggiolo) - Le blog des Poggiolais
Le carnet des adhérents du Syndicat d'Initiative de Poggiolo en 1924, est une mine de renseignements (voir les articles du 15 juin et du 21 juin). Il nous apprend ainsi que le plus exotique des ...
http://poggiolo.over-blog.fr/article-les-poggiolais-ont-de-l-initiative-n-4-l-52030366.html
Ceccantone prit sa retraite en mai 1928 et s'installa dans sa "Villa" terminée cinq ans plus tard.
A cette époque, elle était la maison la plus éloignée du cœur du village.
Très loin, aux Trois Chemins, se trouvait seulement la maison attenante au "petit four" dont la date de construction est inconnue.
Il fallut attendre une vingtaine d'années pour voir s'édifier, à l'initiative de Martin de Sorru, la maison COLONNA.
Une photo prise d'avion autour de 1960 montre, au fond et en haut, le relatif isolement de ces deux maisons.
Mais, depuis les années 1970, de nombreux chantiers ont essaimé le long de la route de Soccia et un nouveau quartier est apparu.
François Antoine MARTINI est décédé le 20 janvier 1968. La famille de son neveu Xavier PINELLI y a logé. Puis, le couple ROSANO y fut locataire jusqu'en 2011.
En 2013 et 2014, de grands travaux ont complètement restructuré le bâtiment.
Les côtés de l'allée d'entrée avaient été transformés par ROSANO en un beau jardin floral qui a maintenant cédé la place à des installations de jeux pour les enfants de la famille.
La maison Ceccantone est toujours vivante.
(à suivre)
Il faut savoir se méfier des document officiels. Même s'ils présentent de grandes garanties de sérieux, ils sont remplis par des hommes qui peuvent se tromper ou écrire en se contentant de recopier ce que d'autres ont écrit. Des témoignages peuvent les contredire.
Ainsi, l'administrateur de votre blog a reçu un message d'un lecteur nommé Ange Paul MORETTI:
|
Pierre Toussaint ANTONINI fait partie des trente combattants de 1914-1918 dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts de Poggiolo. Mais, comme huit autres soldats de cette liste, il n'est pas né dans le village.
Il naquit à Guagno en 1882, et d'ailleurs son nom est présent sur le monument aux morts de cette commune.
Il s'engagea dans l'infanterie coloniale en 1902 et participa aux campagnes militaires du Tonkin et de la Guinée. Quand la guerre éclata, il était adjudant-chef et combattit en France, obtenant une citation à l'ordre du régiment le 25 octobre 1914:
"a enlevé à la baïonnette des tranchées ennemies et fait prisonnier un fort détachement commandé par un officier".
Pierre Toussaint ANTONINI fut envoyé sur le front d'Orient, aux Dardanelles, puis contre les Bulgares. Devenu lieutenant le 11 novembre 1916, il fut soigné pour ses blessures au HT 5 (hôpital temporaire numéro 5) de Salonique.
Il serait décédé dans cet hôpital le 22 novembre 1916 d'après une déclaration officielle reproduite dans le registre matricule et dans sa fiche de "Mort pour la France" accessible sur le site Mémoire des hommes du Ministère de la Défense.
Monsieur MORETTI affirme que son grand-oncle est décédé sur le navire (certainement un navire-hôpital) qui le ramenait en France. Nous le croyons volontiers.
Le fait certain est la présence du corps de Pierre Toussaint ANTONINI. Le site Mémorial GenWeb localise exactement ses restes au carré militaire de Lagoubran, près de Toulon, carré SF, rang I, tombe 26.
Merci à Ange Paul MORETTI d'avoir fourni cette précision sur les conditions de la mort d'un des trente héros dont la mémoire subsiste sur le monument de Poggiolo.
Les articles de ce blog évoquant le décès et le lieu d'inhumation de Pierre Toussaint ANTONINI ont été rectifiés en conséquence.
Les quatre maisons construites à Poggiolo entre 1879 et 1899 ont de nombreux points communs dans leur architecture, évoqués dans les articles précédents.
Leur situation dans le village est également particulière.
Elles sont placées entre les Case Suprane et le quartier Saint Roch.
Elles n'ont pas pris la place d'habitations plus anciennes car, comme le prouve le relevé cadastral de 1857, cette partie intermédiaire n'était pas encore habitée au milieu du XIXème siècle.
La route départementale n'existait pas encore. Les quatre maisons qui nous intéressent bordent cette route. Elles ont certainement été placées pour profiter des avantages de la proximité avec la route dont les travaux ont été très longs.
Pendant des siècles, Poggiolo n'a été reliée à Soccia et Orto que par des sentiers partant de Saint Siméon. Pour rejoindre Guagno-les-Bains et Vico, le chemin débutait aux Trois Chemins.
L'image ci-dessous montre l'ancien cadastre sur lequel ont été placées les quatre habitations et, en rouge, la nouvelle route.
Routes et "maisons de notables" ont provoqué un grand changement dans la structure du village. Les deux ensembles séparés ont été assemblés et la circulation qui était surtout nord-sud est devenue est-ouest, le long de la route. Le mouvement s'est accéléré à la fin du XXème siècle où les nouvelles maisons ont été installées en suivant la voie vers Soccia.
Elles se reconnaissent bien dans l'illustration suivante, qui utilise une vue photographique de Google Maps.
La lettre N a été placée sur les quatre maisons "de notables".
De Poggiolo aux Trois Chemins, toutes les constructions datent d'après 1950, sauf les numéros:
- 1: maison PASSONI
- 2: maison PAOLI (ex-LOVICHI)
- 3: maison dite "de Ceccantone"
- 4: maison DUBREUIL (dite "petit four")
Il reste une question: pourquoi la maison MARTINI, pourtant bien au bord de la route, lui tourne-t-elle le dos et a-t-elle son entrée principale du côté Saint Roch?
Certains descendants de Pierre MARTINI disent que, au moment de sa construction, en 1879, la route n'existait pas encore et que, quand le tracé devait être décidé, il fut demandé à "Muschino" s'il préférait que la route passât devant ou derrière la maison. La réponse fut: "derrière", choix dont la famille n'eut qu'à se réjouir, surtout quand on voit le flot quotidien de voitures vers le lac de Crenu l'été.
----------------------
Bien évidemment, si vous constatez des erreurs dans ce texte, vous pouvez en faire la remarque en écrivant dans la partie "Commentaires" sous cet article.
Les riches familles poggiolaises construisirent à la fin du XIXème siècle quatre belles maisons entre les Case Suprane et la place St Roch. La maison de Marione a été montrée la dernière fois. Voyons les trois autres.
Contrairement à la précédente, elles sont occupées régulièrement.
Juste au-dessus de la maison de Marione, sur le terrain de Vignarella, se trouve celle de Bernard et Marie-Claude FRANCESCHETTI.
Elle fut construite en 1899 par leur arrière-grand-père Jean-Martin DESANTI (1846-1922), après qu'il eut reçu la Légion d'Honneur et pris sa retraite de sous-officier de carrière.
Deux articles de ce blog lui ont été seront consacrés:
- Jean-Martin couche chez Leonore. 1/2 : LE SOLDAT
- Jean-Martin couche chez Leonore. 2/2 : LA VIE FAMILIALE
Ses initiales (DJM: DESANTI Jean-Martin) sont gravées avec la date 1899 dans la pierre au-dessus de l'imposte.
En continuant la route, sur le côté gauche, se trouve la maison de la famille CECCALDI.
Là aussi, une porte à deux vantaux est surmontée d'une imposte métallique (alors qu'elle est en bois dans la maison précédente) au centre de laquelle se trouve la date de 1885. Les initiales N et C sont gravées de part et d'autre du demi-cercle.
NC signifie Noël CECCALDI. Né en 1850 et décédé en 1925, il fut forgeron et maire de Poggiolo de 1894 à 1901.
Juste après, en traversant la stretta, il y a la maison MARTINI. Mais, bizarrement, sur le côté de la route, il n'existe qu'une petite porte, sans date ni initiales, qui est en vérité la porte de derrière de cette maison.
L'entrée du bâtiment est de l'autre côté, avec la double porte et son imposte.
Les indications habituelles (ici 1872 et MP) sont regroupées sur la pierre surplombant la partie haute de l'imposte.
MP signifie MARTINI Pierre. Surnommé "Muschino", il vécut de 1837 à 1907, eut huit enfants avec son épouse Antoinette DESANTI (1838-1908) et fut maire de Poggiolo de 1888 à 1894.
Comme aucune habitation n'existait à cet endroit auparavant, ses occupants furent surnommés "I Martini di a casa nova".
Mais l'énigme n'est pas résolue: pourquoi ces maisons ont-elles été construites à la même époque dans cette partie de Poggiolo?
Il s'y ajoute un autre mystère: pourquoi la maison MARTINI tourne-t-elle le dos à la route?
(à suivre)
En dehors de la première image tirée de Géoportail, toutes les photos utilisées dans cet article sont de Michel FRANCESCHETTI.
La plus vieille maison de Poggiolo est celle de la famille Pinelli, ainsi que l'a rappelé l'article précédent.
La date de 1702 gravée sur son linteau prouve cette ancienneté sans contestation. Cette maison fut construite soixante-six ans avant que la Corse devint française.
Quatorze habitations poggiolaises sont ainsi bien situées dans le temps.
Si vous comptez bien, vous ne voyez que treize années de construction sur cette photo. Il manque le lieu nommé "maison de Ceccantone" qui est un peu plus loin que la fontaine du Lucciu, hors du cadre de ce cliché. Elle sera présentée comme les autres, à la fin de cette série d'articles.
Les maisons datées se répartissent dans tous les quartiers. Trois ont été édifiées au XVIIIème siècle, cinq dans la première moitié du XIXème, quatre dans la seconde moitié et une au XXème (deux en comptant celle de Ceccantone).
Cette série ne concernant que les logements, les autres édifices (fours à pain, chapelles, fontaines, caveaux) en sont exclus.
MAISON 1787
Juste au-dessus de la maison Pinelli, on passe devant un petit bâtiment avec une date illisible.
La montée prend un fort virage à droite pour arriver à un lieu marqué 1787. Il est même doublement marqué.
En effet, deux entrées très proches ont cette même date, suivie, comme dans pratiquement toutes les inscriptions, de lettres évoquant la famille du constructeur. Les propriétaires actuels sont les familles TEYSSEDOU et PRINCE, descendants des DEMARTINI qui habitaient ici.
Le linteau de la porte de droite est plus lisible que celui de la porte de gauche mais l'année 1787 est bien apparente.
MAISON 1834
Après être passé devant ces deux portes, on se trouve en face de la maison de la famille CHABROLLE, ancienne maison BARTOLI et plus anciennement maison DESANTI.
Au dessus de la porte d'entrée, on remarque une grosse pierre polygonale avec une croix et la date de 1834.
En réalité, cette date est peu lisible. Anna-Maria LECA et Noelle MEDURIO, dans leur travail pour l'Université de Corte, ont réussi à prendre un cliché qui permet de décrypter un peu l'inscription. La dernière ligne semble comporter le nom de la famille DESANTI.
Agrandissement de la gravure, photo prise par Leca Anna-Maria et Medurio Noelle, Médiathèque Culturelle de la Corse et des Corses, http://m3c.univ-corse.fr/omeka/items/show/1099677.
Cette grande maison pourrait avoir été construite en 1834 mais ce n'est pas une certitude. En effet, l'auteur de ces lignes se souvient que cette pierre se trouvait dans les années 1960 de l'autre côté de la terrasse, au bord de la stretta. Et Rose-Marie CHABROLLE affirme que son déplacement avait été une initiative de son père, le docteur BARTOLI. L'inscription se trouvait sur un four à pain aujourd'hui détruit.
Alors, maison construite avant, en même temps ou après ce four?
Des détails supplémentaires sur cette énigme sont à lire dans l'article
"QUE SONT DEVENUS LES FOURS DES CASE SUPRANE ?" publié le 28 juin 2015
En dehors de la première image qui a utilisé Géoportail et du cliché réalisé par Anna-Maria LECA et Noelle MEDURIO, les photos viennent toutes de Michel FRANCESCHETTI.
La devinette du mois vous demandait laquelle, parmi les vieilles maisons de Poggiolo, est la plus ancienne et quelle est sa date de construction.
Plusieurs vieilles bâtisses du village portent une date gravée au-dessus de leur porte d'entrée. Beaucoup sont du XIXème siècle, d'autres du XVIIIème.
On ne sera pas surpris d'apprendre que la doyenne est la maison PINELLI, aux Case Suprane, car cette famille est une des plus anciennes du village, et peut-être même la plus ancienne.
Quelle est donc sa date de construction?
Au bord de la streta, sur la façade où se trouvent les portes d'entrée de cette maison, aucune date n'est visible.
Dans leur inventaire du patrimoine bâti du canton (consultable sur le site de la Médiathèque Culturelle de la Corses et des Corses), Noëlle MEDURIO et Anna Maria LECA ont pourtant noté la présence d'"un linteau gravé donnant une datation (1702)".
Mais elles n'ont pas précisé de quel côté est ce linteau.
D'ailleurs, l'ancienneté du bâtiment est encore plus grande si l'on en croit la brochure sur les PINELLI écrite voici plusieurs années par Toussaint PINELLI.
On y lit:
"Les PINELLI entreprennent dans la première décennie XVIIème siècle la constrution à Poggiolo de leur maison familiale sur un mur de laquelle on peut remarquer, gravée dans le granit, la date de 1610 (partie appartenant actuellement à nos cousins PINELLI qui l'occupent).
Cette première construction fut agrandie ultérieurement pour satisfaire à l'accroissement familial et atteignit ses dimensions actuelles dès l'année 1702 (date gravée sur la façade est)."
Mais il y a une erreur: la date 1702 se trouve sur la façade OUEST, ou plus exactement SUD-OUEST, du côté appartenant à Ernestine.
Si la date est lisible, le reste de l'inscription est vraiment indéchiffrable. Mais le doute n'est pas permis: la maison PINELLI est la plus ancienne de Poggiolo.
A la suite de partage d'héritage, la maison est maintenant divisée en deux. Dominique PINELLI et sa sœur Félicie, descendants directs des premiers bâtisseurs, habitent toujours la partie la plus ancienne, celle de 1610, dont la porte est bien placée du côté EST, ou plus exactement NORD-EST. Mais la pierre portant cette date a disparu lors de travaux.
Merci à Dumé pour ces renseignements.
-----------------
Cet article a déjà été publié le 3 octobre 2017.
Calendrier des messes de mars et avril dans les Deux Sorru:
VACANCES SCOLAIRES COVID
-fin des cours:
samedi 10 avril
-reprise des cours:
lundi 26 avril (classes maternelles et primaires)
lundi 3 mai (collèges et lycées)
Le mensuel "INSEME" d'avril vient de paraître: