Quel bonheur pour ceux qui veulent fêter Noël en allant à l'église: Corse-Matin publie aujourd'hui samedi la liste des cérémonies religieuses des 24 et 25 décembre.
Enfin, pas pour toute la Corse.
Rien n'est écrit au sujet des offices dans les villages des Deux Sorru. Il y a bien "Cargese, Piana et Deux Sevi" et aussi "Cinarca et Cruzini" mais vraiment rien pour Orto, Guagno, Poggiolo et Soccia.
Comme, sur le site du diocèse de Corse, le calendrier des messes du haut-canton s'est arrêté au 1er novembre, la seule façon d'avoir un Noël chrétien serait donc le "bouche à oreille"?
Mais non, on est sauvé: les horaires sont sur la page Facebook du couvent de Vico, sauf que...
Sauf que cette liste a été publiée aujourd'hui 24 décembre vers 8 h 30, ce qui est tard pour prendre ses dispositions.
Le célèbre Pascal PAOLI fut remplacé dans une circonstance très particulière par Gian Antonio PINELLI, ce qui montre l’importance que le Poggiolais avait pu atteindre.
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Nous avons commencé à publier la notice biographique rédigée par Eugène GHERARDI dans le Dictionnaire historique de la Corse.
D’après ce texte, publié ici sur fond jaune, le prêtre poggiolais avait jugé plus prudent d'aller habiter Florence à l'époque des troubles du royaume anglo-corse entre 1794 et 1796.
Gian Antonio PINELLI retourne en Corse en 1796
Mais Xavier PAOLI, l'historien poggiolais, avait trouvé, dans les registres paroissiaux de Poggiolo, le document suivant qui contredit cette date et montre que Gian Antonio fut mêlé à un acte important.
Le document peut être agrandi en cliquant dessus.
Il s’agit d’un acte de baptême établi le 30 septembre 1795. Le nouveau chrétien était un membre de la famille PINELLI, fils de Gioan Natale et de son épouse Maria LECA, auquel on donna les prénoms de «Carlo francesco Pasquale».
UN BAPTÊME POLITIQUE ?
Le dernier prénom est aussi celui du parrain que le document appelle «Sua Xccelonza il Signore Generale Pasquale de Paoli», formule écrite avec des lettres plus grosses que les autres et avec de grandes boucles.
Le doute n’est pas permis: ce personnage est bien Pascal PAOLI, u «Babbu di a Patria», le Père de la Patrie corse.
Le choix de ce parrain n’était pas innocent. Poggiolo et les villages voisins des Deux Sorru ont soutenu Pascal Paoli contre les Génois puis contre les troupes françaises.
Les parents PINELLI avaient voulu montrer leur attachement à celui qui avait permis l’indépendance de la Corse avant son rattachement au royaume de France en 1768. D’autres familles insulaires firent le même choix pour le baptême de leurs enfants. Jean-Laurent ARRIGHI a compté trois cas similaires chez des notables de Vico, entre 1756 et 1764, pendant la période de l’indépendance (Vico Sagone, Regards sur une terre et des hommes, ouvrage collectif, ed. Piazzola, 2016, pages 81 et 82).
En septembre 1795 le contexte était totalement différent. Depuis juin 1794, sous l’influence de Pascal PAOLI, la rupture avec la France révolutionnaire avait été votée par la Consulte de Corte et le royaume anglo-corse avait été institué.
Le baptême eut lieu en septembre à Poggiolo alors que d'importantes révoltes rurales s'étaient déclenchées dans le Vicolais en juin, par opposition à la politique fiscale mise en place par Charles André POZZO DI BORGO, président du Conseil d'Etat sous l'autorité du vice-roi britannique sir Gilbert ELLIOT. Les familles aisées soutenaient ce mouvement par crainte d'une révocation de la nationalisation des terres d'Eglise. L'agitation se répandit rapidement dans la partie occidentale de l'île.
D'après Antoine CASANOVA et Ange ROVERE (La Révolution française en Corse, Payot, 1989, page 258), "Paoli manifeste sa sympathie pour le mouvement populaire" mais s'inquiète de son ampleur, déclarant que "li popoli del delà da Monti sono peu furioso chez da questa parte".
Faudrait-il interpréter le baptême poggiolais, avec le choix du prénom, comme un acte éminemment politique? Serait-il une manifestation d'attachement au Père de la Patrie et de méfiance envers le gouvernement anglo-corse?
Carlo Francesco Pasquale PINELLI fut donc baptisé le 30 septembre 1795 alors qu'il était né le 11 janvier 1794. Il avait 1 an et 8 mois, âge assez habituel pour l'époque.
L'absence du parrain à la cérémonie n'a rien d'étonnant. Pascal PAOLI n'était pas non plus venu aux baptêmes vicolais mentionnés ci-dessus. Il avait été chaque fois remplacé par un mandataire.
Au moment de ce baptême, il n'était d'ailleurs pas libre de ses mouvements. Il se trouvait à Bastia, sous la surveillance constante des Anglais. Le 14 octobre, le vieux chef corse s'embarqua à Saint-Florent pour son exil en Angleterre où il finit sa vie en 1807.
Pasquale Paoli en exil en Angleterre par W. Beckey
Deux semaines plus tôt, son filleul avait reçu la "cérémonie battesemale al sacro fonte di questa parochia", c'est-à-dire sur les fonts baptismaux de l'église Saint-Siméon.
LE MANDATAIRE D'U BABBU
Le parrain étant absent, la procuration ("mandat di prépara") avait été attribuée "nella persona del Signor Dottor Giovantonio pinelli".
Il est facile de reconnaître sous ces mots Gian Antonio PINELLI. Il était le grand-oncle du jeune enfant baptisé car il était le frère de son grand-père Anton Francesco PINELLI. Il est ici qualifié de "Signor Dottor", car il était docteur en théologie et en droit.
D'après la notice d'Eugène GHERARDI parue dans le Dictionnaire historique de la Corse", Gian Antonio serait allé habiter Florence pendant la période du royaume anglo-corse. Mais nous avons ici la preuve qu'il était bien présent au baptême de son petit-neveu le 30 septembre 1795.
Etait-il en vacances? Etait-il venu spécialement pour représenter Pascal PAOLI à cette cérémonie? Ou était-il définitivement revenu en Corse?
Toujours est-il qu'il fut bien "procuratore" du Père de la Patrie. La "madrina", la marraine, était Angela Francesca PINELLI qui ne signa pas l'acte de baptême car "dichiara di non sapere scrivere".
Une dernière signature termine le document: celle du curé Giovanni BONIFACY qui s'opposa à l'administration française pour conserver le titre de "piévane" à l'église Saint Siméon. Il a été question de lui dans l'article "Les origines et l'organisation religieuse de la pieve".
Les années suivantes, Gian Antonio PINELLI eut un rôle de premier plan dans l'Eglise et dansl'administration de la Corse, ce que contera le prochain épisode.
Serait-ce par masochisme? MaisPoggiolo semble prendre un malin plaisir à ne jamais mettre en valeur son passé et son patrimoine.
Ainsi, rien n'a été fait pour évoquer la figure de l'homme le plus cultivé de Corse, Gian Antonio PINELLI, dont le décès a eu lieu le 26 décembre 1832, voici exactement 190 ans.
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On croit que Poggiolo est un petit village où rien ne se passe jamais et où aucun personnalité n'a émergé. Pourtant, cet enfant du village a eu une influence considérable en Corse pendant le Premier Empire et la Restauration.
Gian Antonio (Jean-Antoine) PINELLI est d'ailleurs le seul Poggiolais à être mentionné dans le Dictionnaire historique de la Corse publié sous la direction d'Antoine-Laurent Serpentini voici quelques années.
Pour le connaître, nous allons publier des articles en partant de la notice rédigée par Eugène GHERARDI dans ce Dictionnaire. Ce texte, publié ici sur fond jaune, sera coupé par des explications et des compléments s'appuyant sur des documents sérieux. Les intertitres ont été ajoutés par la rédaction du blog.
PINELLI, Gian Antonio (Jean-Antoine) (Poggiolo 6 sept. 1760 - id. 28 déc. 1832). Issu d'une famille originaire de Poggiolo,
Une erreur dans la date de décès: il se produisit le26 décembre 1832 et fut déclaré à la mairie de Poggiolo le 27, et donc pas le 28. Nous le verrons dans le dernier article de cette série.
Gian Antonio était le fils de Gioan Stefano PINELLI (1731-1786) et l’arrière-petit-fils de Natale (né vers 1690 et mort vers 1729), premier PINELLI connu à Poggiolo. Voir le dépouillement des registres d'état-civil par Pierre LECCIA, disponible surGénéanet.
LES ANNÉES DE FORMATION
c'est chez les frères du couvent de Vico qu'il effectue ses premières études,
C’est à Vico qu’il entra dans les ordres et qu'il commença à se faire connaître. Il était qualifié de diacono (diacre) dans le rapport établi par le podestat et les “padre del comune” (dont un était son père) daté du 30 avril 1783 et destiné à l’intendant royal qui voulait connaître la situation des écoles primaires. Agé de 23 ans, Gian Antonio avait alors 16 élèves. Voir l'article sur L'école poggiolaise au XVIII ème siècle.
On peut imaginer Gian Antonio tel que cette image extraite du Précis d'histoire de l'éducation en Corse(édité par le CRDP de Corse) représente un autre enseignant, Petru CIRNEU.
Il ne resta pas longtemps
avant de prendre le chemin de Rome où il se dote d'une solide formation en poursuivant des études de théologie à la Faculté Saint-Thomas-d'Aquin et des études de philosophie, de lettres et de droit à l'Archigymnasium Romanum. Il devient docteur «in teologia sacra» (20 déc. 1785) et docteur en droit (23 juil. 1789).
Sa culture phénoménale fera l’admiration de tous ceux qui le fréquentèrent. Ainsi, à la fin de sa vie, il rencontra Antonio BENCI, écrivain toscan qui, partisan du Risorgimento (l’unité de l’Italie), s’exila en Corse de 1831 à 1834. Dans sa préface à son roman Piero d’Orezza,BENCI écrivit, à la page 76, “Le docteur PINELLI lisait en plus de notre idiome (l’italien), le français, l’anglais, le latin, le grec, l’hébreu; et à l’érudition, il joignait l’étude des sciences physiques, économiques, du droit et je ne sais combien de fonctions et de charges il exerça !” (traduit de l’italien par Dominique ANTONINI-LIARD).
Destiné à faire une brillante carrière ecclésiastique dans la cité pontificale, Giao Antonio Pinelli accède à la charge de protonotaire apostolique (1er sept. 1789) et est accepté comme avocat de la curie romaine (11 juil. 1790). Ses activités sont aussi à caractère littéraire. Ainsi, le 11 mai 1790, est-il reçu “pastore” au sein du Sacro Collegio di Arcadia « col nome di Filelfo e con l'onore di pater recirare ne! Bosco Parrasio ».
UN DÉBUT DE VIE PUBLIQUE HÉSITANT
La Révolution Française, dont il semble approuver les principes, le ramène en Corse au printemps de 1790. Inscrit comme avocat au barreau de Bastia (25 juin 1790), il fait partie des trente-six membres de l'assemblée du département de la Corse. Il est élu par le district de Vico en même temps que Cittadella, Vincenzo Colonna et le chanoine Multedo. Opposé à la Constitution civile du clergé, Pinelli se retire dans son village où il s'occupe de sa très importante bibliothèque. S'il désapprouve le régime de terreur qui s'instaure en France, il n'accepte pas l'expérience du Royaume anglo-corse, et choisit de s'exiler à Florence.
Il ne se présenta pas pour l’élection du Parlement anglo-corse dans lequel Sorro in sù fut représenté par le podestat Francesco FRANCESCHETTI(voir article "Contestation ortigaise").
Pourtant, son frère Gian Stefano sert comme capitaine au sein d'une compagnie indépendante au service du roi d'Angleterre.
Giaon Stefano avait 10 ans de moins que Gian Antonio et mourut en 1857. Plusieurs milliers de Corses combattirent avec les Anglais contre la république française, certains même jusqu’à la fin du règne de Napoléon. Voir la fiche Wikipedia consacrée à ces troupes à l’adresse:
On ne l'attendait plus mais il est revenu. Le bulletin Inseme est de retour. Avec François NATALI qui signe l'éditorial et Maryse NATALI au secrétariat, l'association des amis du couvent vient de publier le numéro de décembre.
Lien indispensable entre les personnes des Deux Sorru et des Deux Sevi, le journal "attend les articles proposés par tout un chacun, dans des rubriques telles que : témoignage de vie, site ou monument du canton, moment spirituel, poème et prière, livres remarquables, en particulier pour notre formation chrétienne, événements vécus dans notre région..."
La mise en œuvre de l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat depuis le mois de décembre 2017 permet à la communauté de communes Spelunca-Liamone de disposer jusqu’en 2023 d’une enveloppe subventionnée de plus de 10 millions d’euros, dédiée à l’engagement de travaux de réhabilitation au profit des propriétaires occupants et des propriétaires bailleurs du territoire.
A terme, plusieurs centaines de logements éligibles bénéficieront de ces subventions, qui peuvent être complétées par les aides issues des mesures ORELI et des aides aux économies d’énergie instruites par EDF.
Bureau Etude et Habitat :
Une permanence est assurée au bureau de la Communauté de Communes tous les mercredis et jeudis de 9h30 à 13h30 par le bureau Etude et Habitat, Mr Jean-François Margelli.
Tél : 04 95 77 09 22 / 06 80 95 85 42
ATTENTION !
Le siège de la Communauté de Communes vient d'être transféré à Vico, route du Couvent (ancien centre des Finances publiques).
L'histoire de la Poste à Poggiolo est très simple car le village n'a jamais eu de bureau de Poste. Mais la commune en avait une dans le hameau de Guagno-les-Bains.
Le 25 octobre 1912, Charles Chaumet, sous-secrétaire d'Etat aux Postes et Télégraphes, décida la création d'un établissement de facteur-receveur à Guagno-les-Bains (décision publiée au "Journal Officiel" du lendemain). Le nombre important de curistes fréquentant les lieux à l'époque avait certainement pesé sur cette décision.
Journal Officiel du 26 octobre 1912
Par la voix d'Antoine LECA, alors conseiller général du canton, le village de Guagno avait pourtant demandé l'année précédente (le 2 octobre 1911) l'ouverture d'un bureau de Poste particulier car les Guagnais devaient parcourir dix kilomètres pour retirer des mandats au bureau de Soccia. Mais le gouvernement lui avait répondu quelques mois plus tard que cette commune n'était pas prioritaire et qu'il n'était "pas possible d'indiquer, même approximativement, l'époque à laquelle pourra être réalisé le vœu que" le Conseil général avait adopté...
... et Guagno-les-Bains passa devant Guagno!
Demande de création d'un poste de facteur-receveur à Guagno (réunion du Conseil Général de Corse du 2 octobre 1911)
Désormais, pour envoyer une lettre à Poggiolo, à une époque où, jusqu'en 1964, le code postal n'existait pas encore, il fallait écrire sur l'enveloppe:
"Poggiolo par Guagno-les-Bains".
Le courrier était oblitéré avec un cachet particulier.
Même si l'inscription est difficile à lire, on peut voir sur cette carte postale de 1922 qu'il est écrit dans la couronne:
"GUAGNO-LES-BAINS CORSE"
Au centre, en plus de la mention écrite par l'expéditeur, on a la date qui montre que l'envoi a été effectué pendant l'été 1922, voici cent ans:
"10 - 8
22"
La poste se trouvait derrière l'établissement dans une maison occupée maintenant, de façon épisodique, par la famille Colonna. Elle se situait au troisième niveau. Elle était derrière l'établissement thermal, derrière la maison des Franco (où se situait d'ailleurs l'école de Guagno les Bains). Elle a dû disparaître dans les années 68-70.
Maintenant, le bureau des Bains n'existe plus et les enveloppes doivent afficher le code 20125 qui est aussi celui de Soccia, beau prétexte pour des Socciais d'annexer Poggiolo à leur commune !!!
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blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).