Le brigadier enregistre la plainte de MATTONE qui, contrairement à de nombreux villageois de l’époque, sait bien s’exprimer en français.
L’affaire est jugée suffisamment importante pour que les représentants de la loi emportent leurs armes. Ils s’assurent que la procession puisse aller sans encombre jusqu’au bout de l’itinéraire prévu.
Mais leur venue a fait fuir PALELLU qui s'imagine déjà contraint à devenir un bandit. En 1923, les Deux Sorru étaient le terrain d’élection de nombreux malfaiteurs. Voir les séries d’articles parus sous les titres « Mauvaise pub pour Guagno-les-Bains » et notamment
http://poggiolo.over-blog.fr/article-mauvaise-pub-pour-guagno-les-bains-n-2-l-82765801.html
La plainte n’est pas enterrée et un procès a lieu. Le nom du tribunal et son emplacement ne sont pas désignés dans le poème mais, comme il y a un procureur et un président, la scène doit s’être déroulée à Ajaccio. Soccia avait alors un juge de paix mais, visiblement, il n’était pas compétent pour cette si grosse affaire.
A propos des débats, il est fait référence à FOCH:
"Ancu Foccu u generale
Même Foch le général"
L'action se situe peu après la première guerre mondiale, en tout cas avant 1924. La popularité du maréchal FOCH était alors grande, ainsi que celle de JOFFRE. Des enfants nés à ce moment reçurent le prénom d'un de ces militaires. On se souvient peut-être à Poggiolo que ce fut le cas d'une personne.
Dans le récit du procès, trois strophes avant la fin, un vers peut étonner :
« Benchi Soccia un sia Palneca » (Bien que Soccia ne soit pas Palneca).
Quel rapport avec Palneca, ce village du Taravo, dont le nom traditionnel est Palleca, et qui est bien loin de Sorru ?
D’après Sixte UGOLINI, dans « Macàgna e detti di i paesi corsi » (Ed. Piazzola, 2008), Palneca avait autrefois une très mauvaise réputation dont témoignaient plusieurs proverbes comme celui-ci :
« In Palleca, un ci vive mancu una serpa »
(A Palneca, même un serpent n’y vivrait pas)
Il en est un autre qui pourrait s’appliquer à l’attitude de PALELLU pendant son procès :
« Palleca, Palleca,
a chi fura e a chi nega ! »
(Palneca, Palneca,
les uns volent et les autres nient !).
Le procès se termine par la condamnation de MATTONE à une amende.
Les deux vers de conclusion expriment la honte de PALELLU d’avoir été condamné :
« Cusi vide in prucissione
A san Roccu in lu stagnone »
(Ainsi je vis en procession
Saint Roch dans le bidon).
Cette expression peut être traduite par: j'en ai vu de toutes les couleurs. Mais que vient faire saint Roch?
L'explication sera donnée dans un très prochain article.