Pour mieux connaître l'activité pipière de Guagno-les-Bains, déjà évoquée, on peut se référer à un article de Xavier PAOLI.
Xavier, qui était la personne connaissant le mieux l’histoire de la communauté poggiolaise, avait rédigé sur les moulins d'autrefois un texte, accompagné d’un croquis de sa main, qu’il avait eu la gentillesse de confier au Blog des Poggiolais. Il fut publié le 23 juin 2013.
En voici la première partie.
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"Le 7 juillet 1828, le maire de Poggiolo Charles François PINELLI répond à une enquête économique de la préfecture :
« … il existe un moulin à farine sur le territoire de la commune sur le « Liamone » (sic) au lieu-dit « FANGO ». Il a été construit il y a environ cent ans. Il fonctionne avec un homme et appartient à Jules MARTINI. Les dépenses annuelles sont de 94 francs et les revenus de 141 francs… ».
Sur le cadastre de 1857, ce moulin est nommé : «Moulin du COTICCIO» et appartient à :
- MARTINI Pierre (de Paul) 2/6 – 12 francs
- FRANCESCHETTI François (maire) 1/6 – 6 francs
- MARTINI Jules César (meunier) 3/6 – 18 francs
Sa surface est de 37 m2.
Au début du XXème siècle, il sera transformé en scierie par Jean ARNAUD et son beau-frère PINO qui fournissaient Saint-Claude (dans le Jura) en ébauchons de pipes en bruyère.
En fait, il existait un autre moulin qui, en 1828, était déjà à l’état de ruine et devait l’être depuis longtemps.
Sur le cadastre, il est nommé «Moulin de LUCCIACCIA»
En se reportant au croquis, on s’aperçoit que nos ancêtres avaient très habilement utilisé un coude du Fiume Grosso et, de plus (ce qui n’apparaît pas sur le plan), le terrain à cet endroit est plat et donc facilement aménageable."
(à suivre)
Dans ce texte, Xavier PAOLI montrait l'importance économique de la rivière. La force de l'eau permettait de faire fonctionner aussi bien des moulins que des scieries.
Il est à noter que le moulin du Coticcio fut d'abord destiné à produire de la farine à partir de seigle, orge, froment, "bled de barbarie", preuve supplémentaire que l'activité agricole poggiolaise n'était pas dominée par l'élevage (voir "L'histoire abrégée du village avant 1914", autre texte de Xavier PAOLI disponible sur ce blog).
La scierie ARNAUD employait des personnes qui n'étaient pas toutes Corses et pouvant venir de loin, comme ce fut le cas pour Guillaume CUBE, venu de Perpignan.
En 1921, les Russes Blancs réfugiés de leur pays tombé aux mains des communistes fournirent une nouvelle main-d'œuvre pour les scieries. Même s'ils installèrent un véritable petit village, ils ne restèrent pas. Dans l’entretien accordé par Mimi COLONNA à «INSEME», en avril 1998, on peut lire:
Jean-Toussaint ARNAUD se souvient qu'un autre bâtiment, au Genice, avait sa place dans l'activité pipière. Il s'agissait de l'endroit où les racines de bruyère étaient bouillies. En effet, il fallait les mouiller pour qu'elles ne se fendent pas et les bouillir pour éliminer la sève.
Guagno-les-Bains fut une localité industrielle et pas seulement thermale et touristique.