A la suite de la bataille navale de La Meloria (1284),
Pise est définitivement éliminée de Corse par Gênes, malgré la résistance de Giudice de Cinarca.
Le Génois Luccheto Doria, nommé vicaire général, obtient le rapide ralliement de tous les nobles corses à la République.
L'anarchie des XIVème et XVème
siècles
Le XIVème siècle est plutôt calme dans l'Au-Delà et permet aux Cinarchesi de s'enrichir grâce aux impôts sur leurs sujets.
Cependant, "en 1393, des membres de la faction populaire, lassés des désordres engendrés dans la seigneurie de Leca, alors limitée aux pièves du Vicolais et au Sia (Ota), par la rivalité opposant le seigneur cinarchese, Nicolo de Leca, à son cousin Ghilfuccio et par l'assassinat de ce dernier, ont à nouveau recours à Gênes. L'intervention du gouverneur génois Battista de Zoaglio, auquel le parti populaire du nord de l'île prête son concours, met fin au pouvoir de Nicolo et entraîne, notamment, la destruction du château de Leca (à Arbori). Mais ce territoire retombera vite dans une anarchie commune à l'ensemble de l'île." (d'après: http://deuxsevienvironnement.e-monsite.com/)
blason de Gênes
Le siècle suivant, le XVème, est une période de véritable anarchie où s'affrontent Gênes, l'Aragon, le Milanais, le duché de Piombino, les caporaux (notables locaux du nord), les évêques, etc, etc.
Les alliances sont nouées et détruites continuellement. Les combats et les exécutions les plus cruelles sont incessants. Les châteaux sont pris et repris, détruits et reconstruits.
Vincentello et Raffé
Vincentello d'Istria (à droite, statue édifiée à Biguglia), débarque à Sagone en 1404
et devient comte de Corse (en 1407), puis vice-roi d'Aragon (en 1420). Son principal adversaire est Rinuccio de Leca qui fait ériger, de 1413 à 1414, sur le dernier contrefort de la crête d'Andatone (Ota), le château ou castellu di Rocche di Sia commandant la basse vallée du Porto.
Après l'exécution de Vincentello le 27 avril 1434, sur les marches de l'escalier du palais ducal de Gênes, Rinuccio prend possession du château de Leca (près de Vico, entre Arbori et le Liamone) restauré par Vincentello, et étend sa seigneurie aux pièves du Vicolais. Il est tué dans une escarmouche en 1445.
Son fils Raffé (Raffaello) de Leca se soulève en 1454. Il est assiégé dans le château de Cinarca (voir épisode précédent), entre le 18 août et le 30 novembre, par les Génois qui engagent d'importantes troupes soutenues par quatre bombardes. Il obtient une reddition honorable. Mais il se révolte de nouveau et il est capturé dans son château, par les troupes d'Antonio Calvo, "en même temps que vingt et un de ses frères et cousins germains. Tous sont mis à mort, le même jour, et son cadavre sera même coupé en quatre morceaux, pour être exposés à Biguglia, Bonifacio, Calvi et Corte, alors que sa tête, salée, est envoyée à Gênes." (François PAOLI, "Letia et la région de Vico", p. 32).
Ce massacre s'accompagne d'une répression brutale dans toute la région. "Parmi les villages ainsi dévastés et brûlés, se trouvaient forcément ceux de Evisa, Tasso, Marignana et Cristinacce, et, en même temps que les différents hameaux de Vico, les villages de Renno, Balogna, Letia et Murzo. Sans préjuger d'autres destructions, ici ou là" (F. PAOLI, op. cit., p. 33). Rien n'interdit de penser que Poggiolo ait fait partie des villages victimes.
Mais le pire était encore à venir.
(à suivre)