Il est curieux de savoir qu'il existe une cérémonie en l'honneur de la Madunaccia à Orto alors qu'il y en a une, de très grande ampleur, à Ajaccio depuis la peste de 1656. A priori, rien à voir avec le village d'Orto.
Mais la piété envers cette N.D. de Miséricorde fut d'abord italienne.
Le site officiel de la ville d'Ajaccio indique:
Le 18 mars 1536, la Vierge Marie apparut à un vieux paysan, Tonio Botta, près de Savone et lui dit : «n'aie pas peur ! je suis la Vierge Marie. Dit au peuple de faire pénitence en l'honneur du Christ et de sa Mère ».
Orto, un capitaine marin, ramena à Ajaccio une statuette de la Vierge en 1645. Lors d'une rixe, un ordre jaillit de la statuette et les combattant, effrayés, s'arrêtent sur le champ.
Une grande statue de Notre Dame de la Miséricorde fut alors placée à l'église des Jésuites, aujourd'hui Eglise Saint Erasme.
En 1656, une peste – comme il en éclatait souvent alors – ravagea la cité de Gêne et menaçait de toucher Ajaccio. Les habitants d'Ajaccio mirent toute leur confiance dans Notre dame de la Miséricorde qui préserva leur ville de ce mal contagieux.
C'est à la Cathédrale, le 18 Mars 1661 que les Magnifiques Anciens prononcèrent à genoux le vœu définitif et solennel où ils acceptent la Très Sainte Vierge pour Protectrice, Patronne et Avocate d'Ajaccio, la remercie pour tous ses bienfaits, et promettent que chaque année, le doyen d'âge des Magnifiques Anciens mobilisera ses collègues pour célébrer le jour du 18 mars à la perfection.
D'autres précisions se trouvent dans le livre "A Madunnuccia" écrit par France Sampieri et publié en 2010 (ed. Albiana). La quatrième de couverture précise que la maison du capitaine Orto se trouvait dans le quartier de Candia. Au sujet de la statue, il est écrit:
Enchanté par ce miracle, le capitaine Orto voulut honorer sa Très Sainte Vierge, sa madunnuccia, pour la remercier d’avoir arrêté un massacre, parlé et manifesté la volonté de Dieu. Oui, sa figurine en plâtre n’avait aucune valeur, mais pour lui elle constituait un trésor inestimable. Il eut peur qu’on la lui dérobe, la niche sur la façade de sa maisonnette isolée étant facilement accessible.
(...)
Il commanda une grande et belle statue de la Vierge en marbre blanc à un artiste de Gênes. Devant elle, il y aurait deux petites statues représentant la première Tonio Botta, le jardinier de Savone à qui la Sainte Vierge était apparue et la seconde lui-même qui avait eu l’honneur du miracle de Candia.
La tradition, toujours vivante dans le village, rapporte que la statue qui se trouve à Orto, et qui y est honorée en même temps qu'à Ajaccio, a été offerte par le même capitaine aux habitants du lieu portant le même nom que lui. En tout cas, la statue ortigaise ressemble beaucoup à l'ajaccienne, avec la Vierge et Botta à ses pieds.
Il n'est donc pas nécessaire de déplacer jusqu'à Ajaccio pour honorer N. D. de Miséricorde.
De même, l'autre lieu important de vénération de Marie en Corse, Lavasina, est symbolisé au col de Sorru par une chapelle qui lui est dédiée et qui évite de traverser toute l'île pour le pèlerinage (voir sur ce blog les articles consacrés à cet endroit ICI et ICI).
Finalement, un catholique fervent a tout dans le canton.
Cela fait penser à une publicité de Panzani qui eut un succès énorme dans les années 80. On y voyait un train de raviolis passer devant les yeux émerveillés d'un paysan qui se mettait à lui courir après tandis que son épouse criait: "Reviens, Léon, j'ai les mêmes à la maison."