La situation sécuritaire à Marseille a été jugé très grave par le Président de la République qui a décidé de changer le préfet de police et d'augmenter les effectifs policiers. dans les Bouches-du-Rhône. Le déclencheur a été l'affaire d'un parking qui était tombé aux mains d'un groupe de Roms, lesquels rackettaient les automobilistes qui y stationnaient.
Pourtant, rien de bien nouveau: dans notre partie de la Corse, la tranquillité du stationnement et des déplacements a souvent été assurée par les bandits eux-mêmes.
BELLACOSCIA ou les frères-bandits
Ce système fut l'objet d'un assez long article dans "LE FIGARO" du 18 mars 1875. Le journaliste Adrien MARX évoque le véritable partage du travail entre les gendarmes et différents "bandits d'honneur". Il termine sur les frères Antoine et Jacques BONELLI dits BELLACOSCIA (ils avaient hérité ce surnom, qui signifie "belle cuisse", de leur père qui avait eu 24 enfants).
Antoine prit le maquis pour avoir abattu le maire de Bocognano qui avait émis la "prétention" de reprendre les terres communales de la Pentica, vallée granitique enclavée qui lui servit de refuge pendant près de 40 ans. Avec son frère Jacques, il fut l'auteur de nombreux autres meurtres.
Mais, dans le quotidien parisien, on trouve un véritable panégyrique.
"Les frères-bandits ont les mains pures de tout acte de pillage. Ils "détournent" un gendarme de sa caserne, mais ils ne détourneraient pas un sou d'un coffre-fort. Ils font mieux. C'est eux qui se sont chargés de la police des grandes routes du canton de SOCCIA; on leur doit la mise en déroute d'une bande de fripons qui se disposaient à attaquer une patache."
Il était alors de bon ton dans certains milieux intellectuels d'admirer "la féroce odyssée de ces héros de broussailles",
ainsi que l'écrit encore Adrien MARX.
Antoine BONELLI se livra de lui-même aux gendarmes, en 1892 (17 ans après cet article!), ce que montre l'image du supplément illustré du "PETIT JOURNAL" reproduite ci-contre.
Acquitté grâce à la prescription de ses crimes, mais relégué à Marseille, il ne tarda pas à rentrer en Corse, dans son
village de Bocognano où il devint marguillier (membre du conseil de fabrique d'une paroisse).
Son frère Jacques décédera d'une congestion pulmonaire dans le maquis.
Le bandit et l'avocat
Mais le contrôle sur la circulation exista encore longtemps.
"LA CROIX" publia, le 12 novembre 1931, un article non signé intitulé "Le bandit et l'avocat". On peut y lire notamment:
"Me MORO de GIAFFERI, le célèbre avocat parisien, qui est d'origine corse, passait en auto, l'été dernier, dans la région de VICO, lorsqu'il fut arrêté, raconte un de nos confrères, par BARTOLI et sa bande; la situation était grave et les personnes qui accompagnaient le brillant avocat n'étaient pas très rassurées. Celui-ci ne perdit pas son sang-froid. Il tendit sa carte au chef des bandits. Revirement immédiat de BARTOLI qui, se découvrant, proposa à MORO de l'accompagner pour lui servir de garde du corps.
"Les routes ne sont pas assez sûres pour que je vous laisse circuler seul", ajouta-t-il..."
Vincent de MORO-GIAFFERI était un avocat célèbre qui fut aussi député de Corse de 1919 à 1928 (voir ICI) et de la Seine sous la Quatrième République (voir LÀ).
La publication de cette histoire venait alors que le cadavre de Joseph BARTOLI avait été découvert six jours auparavant, le 6 novembre 1931, en bordure de la route du Col de Verde, dans la forêt de Marmano. Originaire de PALNECA, il opérait d'ordinaire dans le TARAVO, bien plus au Sud que VICO.
Mais cette anecdote fut le chant du cygne de cette sorte de banditisme car l'expédition militaro-policière, commencée le 8 novembre 1931, épura complètement le maquis.
Une série d'articles sera consacré dans quelque temps sur ce blog à cette vaste opération, à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire (d'autant plus que notre commune y joua un rôle important).
Depuis, il n'existe plus de soucis car nous n'avons plus, paraît-il, que des gens honnêtes!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
PS: pour plus de renseignements sur la carrière de MORO-GIAFFERI, on peut se reporter à la
biographie qui vient de paraître aux éditions ALBIANA, sous la signature de Dominique LANZALAVI.