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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 18:00

1501 est le début d'une longue troisième année zéro

 

  La nouvelle tentative de Giovan Paolo en 1501 exaspère encore plus les Génois. Elle est très dangereuse pour eux mais ne dure que quelques mois (en lire le récit en cliquant ici). La répression, parfaitement planifiée, est appliquée par Niccolo DORIA, qui débarque à Ajaccio début 1503 avec son cousin Andrea, 800 fantassins et 100 cavaliers. La disabitazione atteint un degré supérieur à celui de 1489.

   Elle est clairement décrite dans le rapport envoyé le 5 août 1507 par Niccolo à l'Office de Saint-Georges:

"J'ai expulsé les habitants, semé la ruine totale et détruit tous les arbres fruitiers et les vignes dans les pieve de Carbini et d'Attala, ainsi que dans les habitats qui sont au nombre de vingt environ. Comme ce qui subsiste dans cette région permet à peine de se rendre compte qu'elle a été habitée, les habitants s'en sont allés. Je leur ai donné jusqu'au milieu du présent mois pour emporter tous les biens; aussitôt passé ce terme, j'assignerai, aussi bien aux hommes qu'aux bêtes, un délai au-delà duquel ils ne devront ni ensemencer ni paître sous peine de sévères punitions. Et je ferai veiller à l'observation stricte de ses décisions."

 

   Le doute n'est pas permis: les Génois veulent transformer les pièves révoltées en véritables déserts. Ils sont aidés par quelques Corses qui avaient été hostiles à Giovan Paolo, comme Rainero et Battista de Cristinacce qui habitaient Vico et obtinrent toutes sortes "d'avantages pour avoir aidé Niccolo Doria à expulser les habitants du Niolo, de Sevidentro, de Letia et de Sorroinsù" (note d'Antoine-Marie GRAZIANI dans "Histoire de la Corse" de Marc Antonio CECCALDI).

 

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   Il y eut pourtant certains villageois qui échappèrent à cette déportation et survécurent dans les hauteurs de la montagne avec des abris de fortune.

    Un document très important, un manuale (manuel) du 5 juillet 1513, montre l'instinct de survie de nos ancêtres.

   Ces six pages nous font connaître une liste de gens étant revenus semer chez eux ou sur des territoires interdits:

- des gens de Lopigna installés à lo Corsolino sous Rosazia;

- des gens de Lopigna et Rosazia à Rosazia;

- des gens de Salice, de Sarri, de Sant'Andrea et de Rezza à Salice;

- des gens de GUAGNO à GUAGNO;

- des gens d'ORTO et de GUAGNO à ORTO;

- des gens de GUAGNO, des SOPRANE, de Lonca, de POGGIOLO, d'ORTO, de Murzo et de SOCCIA aux SOPRANE (1) et à POGGIOLO;

- des gens des SOPRANE, de Letia, de Murzo, de Chigliani et de Vico à Murzo;

- des gens de Letia et de Renno à Letia;

- des gens du Niolo, de Renno, de Balogna et de Cristinacce à Cristinacce;

- des gens de POGGIOLO, d'Evisa et de Tasso à Evisa;

- des gens de POGGIOLO, de Letia, de Vignale et de Tasso à POGGIOLO;

- des gens de Chidazzo et de Marignana à Marignana,

- diverses personnes dans la pieve de Sia, à Vico, à Corrano et à Bocognano.

(Archivio di Stato de Gênes, Banco di San Giorgio,  Primi Cancellieri di San Giorgio, liasse 16, pièces 601-63).

   Ce texte donne l'identité précise des trente-sept paysans (parmi lesquels des Poggiolais) qui ont osé semer dans la zone interdite(2). Il donne "les quantités exactes utilisées, en blé, en orge et en seigle, pour un  montant total de 441 mezini, correspondant donc à une surface de l'ordre de deux cents hectares en tout."  (François PAOLI, "Letia et la région de Vico", p. 37).

  On y apprend aussi que la plupart de ces irréductibles vivent dans des baraques en bois ou dans des cabanes.

   Il semble que les contrevenants n'aient finalement eu que des amendes à payer. Il est vrai que, pour les Génois, le danger s'éloignait.  Rinuccio della Rocca était mort en 1511 et Giovan Paolo de Leca en 1515.  La disabitazione avait foudroyé leurs partisans.


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    En 1516, le repeuplement fut autorisé dans la pieve de Sia (Ota). En 1517, une lettre du chanoine de Sagone, Giovan Francesco delle Cristinacce, demande que Letia en bénéficie également. Elle semble avoir reçu un accueil favorable, et on peut supposer que les villages voisins, comme POGGIOLO, en ont profité.

   La preuve du renouveau est en tout cas fournie par Agostino GIUSTINIANI, évêque de Nebbio depuis 1515, qui,  en 1530, dans sa "Description de la Corse", parle du village de "Podiolo" et d'un autre plus petit, les "Soprane".

 

   Cette vivacité justifie l'antienne que plusieurs générations ont entonnée:

Poggiolo est bâti sur roc,

Poggiolo ne périra pas.

 

   Mais combien de familles poggiolaises ont-elles complètement disparu?  Combien sont-elles à être revenu es de ces exils? Combien de Poggiolais d'aujourd'hui ont-ils des ancêtres qui vivaient au village avant ces "années zéro"?


P.S.: Pour SOCCIA, Jean-Baptiste PAOLI, dans "Histoire d'un petit village de montagne au cœur de la Corse du Sud", relève que le registre des tailles de 1537 compte vingt-trois feux, ce qui montre que ce village avait alors lui aussi retrouvé son importance.

 

(à suivre)

 


(1) les Soprane étaient une partie de Poggiolo dont il reste encore une petite trace dans le maquis  au-dessus du village actuel et qui comptait 14 feux sur le registre des "taglie" de 1537.

(2) Malheureusement, les ouvrages qui ont servi à rédiger cet article n'en recopient pas la liste.

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 18:00

Le festival de musique se terminant, il ne faut pas croire que la seule occupation qui reste est de manger des pizzas (voir article précédent) ou de s'empiffrer dans les fêtes.

 

mariage 7 août 2004

(photo du 7 août 2004, mariage de Stéphanie et Philippe)

 


Notre région permet d'éliminer les kilos superflus, à condition de marcher et de boire... de l'eau.

Berthaud 22 juillet 1973(photo prise par Michèle Genêt, 22 juillet 1973)

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 18:50

Si vous préférez manger plutôt que d'écouter les œuvres proposées par le Festival Sorru in Musica, vous pouvez aller déguster des pizzas en restant à Poggiolo.

L'article publié dans "Corse-Matin" le 8 juillet expose (avec une belle faute d'orthographe au mot "effervescence") cette nouvelle possibilité (annoncée par ce blog lors de son ouverture).

 

pizza Poggiolo

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 18:00

La seconde année zéro se produisit trente ans après la première, en 1489.

  

    Un degré supplémentaire dans la violence génoise est atteint en 1489, devant la persistance de l'agitation dans la "Terre des seigneurs".

  A la suite du soulèvement suscité par Giovan Paolo di Leca pendant l'été 1488, le Génois Ambroggio de Negri, nommé commissaire dans Outre-Monts, débarqua à Bastia en octobre.  En mars 1489, après la prise de Foce d'Orto et de la reddition de Ranuccio à la Zurlina, au-dessus de Murzo, l'armée génoise est maîtresse du terrain (voir l'article "La fin de la Cinarca").

    Aussitôt, avant même le nouvel exil de Giovan Paolo, Ambroggio de Negri alla plus loin que Spinola. Il révéla son programme:

 "il faut dépeupler la région de Cinarca et peupler Aiacciu (ville fondée par les Génois pour contrôler l'Au-Delà des Monts), construire une forteresse dans la ville, et éliminer complètement la race des Leca".

    Il appliqua sauvagement la politique de disabitazione qui visait à détruire les villages cinarcais et à déporter leurs populations. Poggiolo en est victime, comme tous les villages de Sorro-in-sù. 

 

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    Les archives de la Banque de Saint Georges conservent plusieurs lettres sur ce sujet (reproduites dans la revue "Corse historique", 1er et 2ème trimestres 1962).


- En mars 1489, Ambroggio écrit que "finit le terme assigné dans le commandement" qu'il "a fait aux habitants de Sorno-in-sù (Sorro-in-sù) et de Crutino (Cruzzini) d'avoir à quitter leurs montagnes pour venir habiter Celavo et Cinarca". Les Protecteurs (dirigeants de la Banque) indiquent qu'ils ont appris "la "dépopulation" de tout le pays depuis Sorno-in-sù, à savoir de Goalvi et d'autres villages de la piève de Croce, d'Evisa et des Chrestianaghe".

- Le 30 avril, Ambroggio demande "d'expédier des outils pour détruire les maisons des pièves qu'ils vont faire évacuer".

- Le commissaire n'a pas besoin de beaucoup de temps pour dressser son tableau de chasse. Il écrit que l'on a dépeuplé les pièves de Sevinentro et de Sorro-in-sù, ainsi que celle de Crutino, dont les populations ont été dispersées par toute la Corse. La piève de Vico a été traitée de la même façon. En tout, quatre pièves comprenant environ 1.200 feux, en y incluant Chioni, Filasormo et Liciola, dont les terres ont été dévastées et la population transplantée.

- Il en est de même dans la piève de Cinarca: "De la Pieve di Cinarcha abiamo dessabitato Sari et Lopigna et Arro che sono foco cento cinquanta", ce qui signifie que 150 familles furent chassées de la montagne vers la marine. Même chose pour les villages de Tavacho, Vero et Murcho, dans la piève de Celavo.

 

    Grâce à de tels états de service, Ambroggio de Negri pourra bénéficier d'une faveur exceptionnelle. Les Protecteurs de Gênes décidèrent le 4 mars 1490 l'érection d'une statue (la première dédiée à un Génois vivant) au palais San Giorgio, qui fut commandée au sculpteur Michele d'Aria.

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    Les habitants survivants revinrent plus ou moins vite. Ainsi, en 1491, le gouverneur génois signale que Sagri (Sari), avait été reconstruit sans autorisation après la destruction de ses maisons en 1489 ("La Corse au XVe siècle" d’A Franzini, Ed. Piazzola).

(à suivre)

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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 17:53

 

grosso minuto boit

 

Un des intérêts du Festival Sorru in Musica est la diversité de ses activités destinées à faire apprécier la musique.


Ainsi, mercredi 18 juillet, à 21 h 30, à Poggiolo, la place Inghjo verra se dérouler un concert-dégustation.


Raphaël PIERRE-BIANCHETTI, président de l'Association des Sommeliers de Corse, fera goûter plusieurs vins en harmonie avec les morceaux de musique qui seront proposés au public.


Patrick MESSINA (première clarinette solo de l'Orchestre national de France), l'accordéoniste Jean-Luc MANCA et l'orchestre Paris Classik interpréteront:

 

- le concerto pour clarinette et orchestre en si bémol majeur de Johann STAMITZ (violoniste allemand du XVIIIème siècle qui contribua à fixer la symphonie dans sa forme classique en quatre mouvements)

- Les Bagatelles pour deux violons, violoncelle et accordéon, opus 47, d'Anton DVORAK (œuvre dans laquelle se sent l'influence profonde exercée par les airs populaires tchèques)

- Rakastava, opus 14, de Jean SIBELIUS (d'après un poème finlandais traditionnellement accompagné au kantele, la cithare traditionnelle de ce pays)

 

Une soirée à savourer sans modération (du moins pour la musique).

 

NB: en avant-concert, dès 20 h, les étudiants de l'Académie de musique du Festival feront écouter leurs interprétations.

 

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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 18:00

"Allemagne année zéro" est un film de Roberto Rossellini, sorti en 1948. Il évoque la tragédie des Allemands déboussolés par la défaite de 1945 et survivant avec difficultés dans un pays dévasté, une Allemagne qui n'existe plus et qui n'a plus d'avenir.

Le feuilleton de l'été - Poggiolo, les années zéro: 1459 (1/3)

      La même situation a existé pour les Poggiolais à la suite des guerres des seigneurs de la Cinarca, à la fin du Moyen Age. On peut même distinguer trois années zéro. 

 

    La première année zéro, en 1459, fut la répression qui suivit la révolte de Raffé de Leca.

   L'idée de base en est donnée par le blog casa di a memoria:

"Si les Génois de l'office avaient dû comparer les Cinarchesi à un végétal, ils auraient sans aucun doute choisi le chiendent, a rimigna. Cette plante a la facheuse habitude, alors qu'on la croit exterminée, de repartir d'un minuscule bout oublié de sa racine blanche pour réoccuper le terrain en quelques mois. Celui-ci reverdit entièrement mais plus rien n'y pousse hors cet envahissant gazon sauvage. Le seul moyen de s'en débarrasser est d'en oter le plus de racines possible puis d'y planter des légumes riches en amidon."

   Jean-Ange Galletti, dans "Histoire illustrée de la Corse", décrit ainsi cette répression:

"En 1459, la Compagnie de Saint-Georges envoya en Corse Antoine Spinola; homme rapace et perfide, qui laissa sur tout son passage les traces de sa férocité. Les pièves de Niolo, de Sia, de Cruzini, de Sevedentro et Sorrinsù furent dévastées de fond en comble, surtout celle de Sia, dont les habitants furent obligés de quitter pour toujours leurs habitations."

  A la page 33 de son livre "Letia et la région de Vico", François PAOLI précise: "Parmi les villages ainsi dévastés et brûlés, se trouvaient forcément ceux de Evisa, Tasso, Marignana et Cristinacce, et, en même temps que les différents hameaux de Vico, les villages de Renno, Balogna, Letia et Murzo. Sans préjuger d'autres destructions, ici ou là".

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   L'auteur fait remarquer qu'incendier les maisons était facile car elles "avaient l'essentiel de leurs murs en bois, et leurs toits de scandole également en chêne ou en châtaignier"Rien n'interdit de penser que Poggiolo ait fait partie des villages victimes

    Le cataclysme fut violent mais bref. Les Génois ont utilisé les brutalités habituelles du temps: massacres des adversaires, incendies des maisons, confiscation de la nourriture... 

   Antoine Spinola promulga ensuite une amnistie mais le mal avait été fait: les communautés de Sorrù in Sù se retrouvaient dans des champs de ruines.

 

(à suivre)

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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 18:00

Si vous n'aimez pas la musique, vous n'irez pas au Festival Sorru in Sù, ce qui serait dommage. Vous pourrez aller au cinéma.

Comme chaque année, le cinéma en plein air U Sampieru, sur le bord de mer à Sagone, fonctionne presque chaque soir de juillet et août à partir de 22 heures.  Les films projetés sont tous récents. Certains de grande qualité, d'autres beaucoup moins, comme vous pouvez le constater en regardant la programmation pour juillet.

Mais, franchement, n'est-il pas plus agréable de profiter d'une belle musique, dans un village de montagne?

N.B.: une description du cinéma itinérant dans les villages il y a un demi-siècle a été publiée dans l'article "Cinema in paese années 60"

 

cinéma sagone juillet 2012

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 18:02

    Un tournant  important de l'histoire corse se produit en 1453 quand la Sérénissime République de Gênes cède ses droits sur l'île à une banque privée: l'Office de Saint Georges. Cet organisme va utiliser les moyens les plus brutaux pour s'imposer.

 

Le piège de Vico

   En 1459, exaspéré de l'agitation persistante en Cinarca, l'Office  envoie Antonio Spinola comme commissaire extraordinaire. Celui-ci invite les familles de Leca et della Rocca à un festin de réconciliation à Vico. Une fois arrivés, 23 d'entre eux sont arrêtés et exécutés, décapités ou pendus. Seul, le jeune neveu de Raffé, Giovan Paolo de Leca, né en 1445, échappe au traquenard.

 

Giovan Paolo, de la collaboration à la révolte

    Ce même Giovan Paolo s’affirme ensuite dans les années 1470 comme le plus puissant des Cinarchesi. En se soumettant d'abord à l’Office, il domine un vaste territoire qui s’étend de la Cinarca à la Balagne.

 

castelli

 

    Mais en 1486, il rentre en révolte ouverte avec ses bienfaiteurs et se fait proclamer comte de Corse lors d'une "veduta" en janvier 1487. Il se heurte à son cousin Rinuccio della Rocca qui se met du côté des Génois. Une armée de 1.500 fantassins, avec 18 chevaux et des canons (peut-être les premiers à avoir été utilisés en Corse) débarque à Sagone le 1er avril 1487. Elle est commandée par le Français de FALCON et le Génois Damiano CANAZZO. Le 31 mai, le château de Cinarca, assiégé depuis le 5 mai, capitule. Vico tombe en juin, puis, en octobre, les châteaux de Leca, Arbori et Sia. Dès septembre,  Giovan Paolo s'est exilé en Sardaigne.


 Giovan Paolo

Giovan Paolo haranguant ses partisans ("Mémorial des Corses", tome 1)

 

 

La guerre de 1488-1489

    En août ou septembre 1488, Giovan Paolo revient et retrouve Rinuccio qui s'est réconcilié avec lui et qui a construit le château de Zurlina, près de Murzo et en face de Letia. Le Génois Ambroggio de Negri débarque à Bastia à la mi-octobre et arrive à Vico dès le 28 octobre.

   Giovan Paolo et Rinuccio, d'abord présents à Sari d'Orcino, gagnent Murzo puis passent à l'attaque. De Negri est assiégé au château de Cinarca. Les 300 hommes de renforts qu'il attendait, commandés par Andrione, capitulent à Bocognano. Ces prisonniers, ne pouvant être gardés, sont envoyés désarmés à Bastia, puis à Calvi. Là, ils se joignirent aux nouveaux renforts commandés par Filippino de Fieschi. Rinuccio, battu le 10 février 1489 à Arro, se réfugie dans la place de la Zurlina. De Negri entre à Vico le 12 mars (d'après "Archives de St Georges", dans "Corse historique", 1er et 2ème trimestres 1962).

    "Une partie de l'armée génoise, conduite par Filippo Fieschi, attaque le castellu de Foce d'Orto, simple petit col, situé au nord-est de Piana, que Giovan Paolo avait fait fortifier à la hâte à la fin de 1488. Située entre des aiguilles rocheuses jugées inaccessibles, cette place-forte, défendue par une quarantaine de ses parents et de ses partisans les plus fidèles, tombe en deux heures, le 29 mars, alors qu'elle paraissait inexpugnable. Un détachement de vingt-cinq hommes, conduit par un cousin de Giovan Paolo de Leca qui lui était hostile, prend en effet les occupants à revers après avoir emprunté un itinéraire périlleux en surplomb. Seuls deux défenseurs parviennent à se soustraire aux attaquants et avoir la vie sauve, selon la chronique. Certains meurent au cours de cet engagement ; une vingtaine d'autres sont exécutés après avoir été capturés." (site http://www.corse.culture.gouv.fr/inventaire/publications/2sevi/2sevi-3.htm).

    Découragé et attiré à Vico par la promesse de Filippino de Fieschi de lui permettre de retrouver son fils Francesco, prisonnier des Génois, Rinuccio capitule et quitte la Zurlina le 29 avril. Il est envoyé à Gênes et y meurt en prison en juin ou juillet. En octobre, Giovan Paolo s'exile en Sardaigne.

 

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    Dès l'été, les Génois appliquent sauvagement la politique de disabitazione qui vise à détruire les villages cinarcais et à déporter leurs populations. Poggiolo en est victime. Un prochain article décrira les ravages génois dans notre piève.

   L'emblématique château de Cinarca est détruit en 1494-1495.

 

 

1501, la dernière tentative

    Giovan Paolo revient en Corse en 1498 et connaît un échec rapide face au même Ambroggio de Negri.

  Il fait une nouvelle tentative au début de l'année 1501. Il débarque à Aleria avec une dizaine d'hommes et traverse l'île pour retrouver les Deux Sorrù, tout en ralliant des partisans grâce à son réel charisme.

   "Avec deux cents hommes environ, prenant la route de Vico, il arriva au point du jour et fit mettre à sac quelques boutiques de marchands génois qui y négociaient" (Marc Antonio CECCALDI, "Histoire de la Corse (1464-1560)", traduction et notes par Antoine-Marie GRAZIANI). 

   Une lettre existant dans les Archives de St Georges prouve qu'il se trouve à Soccia le 19 mars.

   Les effectifs de ses troupes atteignent 7.000 hommes et 200 cavaliers, recrutés dans les villages dévoués des Deux Sorrù (et donc sûrement à Poggiolo). Mais l'arrivée de l'été et des moissons entraîne de nombreuses désertions de ces soldats-paysans. Il doit alors se replier sur le château de la Zurlina (certains, comme François-Guillaume ROBIQUET, dans "Recherches historiques et statistiques sur la Corse" écrites en 1831, parlent de la Forcina, juste au-dessus). Le site était inexpugnable mais les Génois font prisonnier son fils Orlando entre Murzo et Vico (où il se rendait pour une intrigue amoureuse). Giovan Paolo capitule de nouveau et repart en Sardaigne. Il décéda à Rome en 1516.

  Avec sa mort et celle de Rinuccio della Rocca en 1511, disparaît la dernière grande maison féodale de l’île et s'achèvent les guerres cinarchese.

   L'ordre génois règne.

 

(à suivre)

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 17:53

Les maisons sont nombreuses à être fermées une grande partie de l'année. Elles s'ouvrent pour l'été où elles reçoivent leurs propriétaires et leurs enfants qui vivent sur le continent. Les familles n'oublient pas qu'elles ont des racines, qu'elles ont leurs ancêtres, qu'elles ont un peu de leur âme au village. Les maisons les attendent, maisons qui ne sont pas des résidences secondaires mais des aides-mémoires familiaux. Quand elles sont bien entretenues, elles montrent que les membres de la famille y attachent toujours de l'importance, qu'ils souhaitent le montrer et, souvent, que l'un ou l'autre reviendra vivre plus longtemps ou même s'y installera définitivement.

bénédiction maisonIl est donc important de protéger matériellement les maisons avec des travaux d'entretien et aussi de les protéger spirituellement en les bénissant avec de l'eau bénite. Cette coutume de la spergiata se déroulait autrefois le Samedi Saint. Dans notre canton, elle a lieu en juillet, quand de nombreuses habitations sont ouvertes. La bénédiction peut ainsi éloigner le "mauvais œil" à la fois de la maison et des membres de la famille.

 

Un bon accueil sera sans nul doute réservé au prêtre qui viendra de Vico le lundi 23 juillet à POGGIOLO.

A GUAGNO-LES-BAINS, la cérémonie est prévue pour le mercredi 18 juillet.

Elle aura lieu les 16 et 17 juillet à Guagno, les 19 et 20 juillet à Soccia, le 26 juillet à Orto.

Il est recommandé de téléphoner au couvent pour prendre rendez-vous.

Des renseignements plus complets sur cette coutume ont été publiés l'an dernier dans l'article à lire en cliquant ICI.

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 17:58

    A la suite de la bataille navale de La Meloria (1284),

http://www.herodote.net/Images/Meloria.jpg

Pise est définitivement éliminée de Corse par Gênes, malgré la résistance de Giudice de Cinarca.

   Le Génois Luccheto Doria, nommé vicaire général, obtient le rapide ralliement de tous les nobles corses à la République.

 

L'anarchie des XIVème et XVème siècles

     Le XIVème siècle est plutôt calme dans l'Au-Delà et permet aux Cinarchesi de s'enrichir grâce aux impôts sur leurs sujets.

   Cependant, "en 1393, des membres de la faction populaire, lassés des désordres engendrés dans la seigneurie de Leca, alors limitée aux pièves du Vicolais et au Sia (Ota), par la rivalité opposant le seigneur cinarchese, Nicolo de Leca, à son cousin Ghilfuccio et par l'assassinat de ce dernier, ont à nouveau recours à Gênes. L'intervention du gouverneur génois Battista de Zoaglio, auquel le parti populaire du nord de l'île prête son concours, met fin au pouvoir de Nicolo et entraîne, notamment, la destruction du château de Leca (à Arbori). Mais ce territoire retombera vite dans une anarchie commune à l'ensemble de l'île." (d'après: http://deuxsevienvironnement.e-monsite.com/)

 

80px-Armoiries_G-nes.png

blason de Gênes

 


 

    Le siècle suivant, le XVème, est une période de véritable anarchie où s'affrontent Gênes, l'Aragon, le Milanais, le duché de Piombino, les caporaux (notables locaux du nord), les évêques, etc, etc.

    Les alliances sont nouées et détruites continuellement. Les combats et les exécutions les plus cruelles sont incessants. Les châteaux sont pris et repris, détruits et reconstruits.

 

Vincentello et Raffé

    Vincentello d'Istria (à droite, statue édifiée à Biguglia), débarque à Sagone en 1404

http://www.colonnadistria.net/GaleriePhotos/Vincentello_d_Istria/Carrefour_Ceppe.JPG

et devient comte de Corse (en 1407), puis vice-roi d'Aragon (en 1420). Son principal adversaire est Rinuccio de Leca qui fait ériger, de 1413 à 1414, sur le dernier contrefort de la crête d'Andatone (Ota), le château ou castellu di Rocche di Sia commandant la basse vallée du Porto. 

   Après l'exécution de Vincentello le 27 avril 1434, sur les marches de l'escalier du palais ducal de Gênes, Rinuccio prend possession du château de Leca (près de Vico, entre Arbori et le Liamone) restauré par Vincentello, et étend sa seigneurie aux pièves du Vicolais. Il est tué dans une escarmouche en 1445.


    Son fils Raffé (Raffaello) de Leca se soulève en 1454. Il est assiégé dans le château de Cinarca (voir épisode précédent), entre le 18 août et le 30 novembre, par les Génois qui engagent d'importantes troupes soutenues par quatre bombardes. Il obtient une reddition honorable. Mais il se révolte de nouveau et il est capturé dans son château, par les troupes d'Antonio Calvo, "en même temps que vingt et un de ses frères et cousins germains. Tous sont mis à mort, le même jour, et son cadavre sera même coupé en quatre morceaux, pour être exposés à Biguglia, Bonifacio, Calvi et Corte, alors que sa tête, salée, est envoyée à Gênes." (François PAOLI, "Letia et la région de Vico", p. 32).

 

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    Ce massacre s'accompagne d'une répression brutale dans toute la région. "Parmi les villages ainsi dévastés et brûlés, se trouvaient forcément ceux de Evisa, Tasso, Marignana et Cristinacce, et, en même temps que les différents hameaux de Vico, les villages de Renno, Balogna, Letia et Murzo. Sans préjuger d'autres destructions, ici ou là" (F. PAOLI, op. cit., p. 33). Rien n'interdit de penser que Poggiolo ait fait partie des villages victimes


 

Mais le pire était encore à venir.


(à suivre)

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Présentation

  • : Le blog des Poggiolais
  • : blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù). Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
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Qu'est-ce que ce blog?

Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité.
POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici.
Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO.
Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images.
Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).

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Votre ancêtre a participé à la guerre de 1914-1918?

Envoyez une photo de lui à l'adresse larouman@gmail.com

Elle pourra être publiée dans notre dossier des combattants poggiolais.

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Artisans, inscrivez-vous pour le marché du 1er mai au couvent de Vico (06-46-50-33-60)

VACANCES SCOLAIRES:

du samedi 27 avril au lundi 13 mai.

Début des vacances d'été: samedi 6 juillet.

La météo poggiolaise

Pour tout savoir sur le temps qu'il fait et qu'il va faire à Poggiolo, cliquez sur LE BULLETIN METEO

Un bulletin indispensable

  le bulletin des paroisses des Deux Sorru.

 

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