LE XIXème SIÈCLE, PÉRIODE DES DEMANDES DE SECOURS
La documentation sur les transformations de l'église Saint Siméon est beaucoup plus abondante pour le XIXème siècle.
Pourquoi, sur la façade de l'église, cette inscription particulière au roi Charles X qui régna de 1824 à 1830?
Il faut certainement chercher l'explication dans la réponse à la lettre-circulaire envoyée le 4 octobre 1825 par le préfet de Corse à toutes les communes pour connaître la situation des églises et des presbytères ainsi que les travaux éventuels à prévoir.
Le maire de Soccia répondit, le 25 octobre, que ces bâtiments étaient "dans une situation passable" et ne demanda que de quoi couvrir entièrement en tuiles le toit qui était fait en partie de planches.
Il n'en alla pas de même à Poggiolo. Dès le 24 octobre (lettre reproduite ci-dessous), le maire Charles PINELLI se plaignit du délabrement de Saint Siméon et demanda une aide de 1.200 francs.
Dans cette lettre, les arguments forment une longue liste:
- l'église est vieille
- le délabrement est tel "qu'on peut à peine y célébrer la messe, sans risque"
- il faut refaire les murs, le toit, le sol
- la commune est "très pauvre, ne jouissant d'aucun bien communal"
- les Poggiolais sont volontaires pour travailler volontairement.
Ces éléments resservirent ensuite.
On peut penser que les Poggiolais obtinrent satisfaction en 1829 et que cette inscription de reconnaissance envers Charles X fut peut-être gravée après l'inauguration des locaux restaurés.
Mais pourquoi l'autre inscription "R 1831"?
Le roi avait changé. Depuis les "Trois Glorieuses" de juillet 1830, le trône était occupé par Louis-Philippe. Mais la situation de San Simeone était toujours inquiétante.
Les Archives Départementales contiennent une lettre (reproduite ci-dessous) du 23 novembre 1830 par laquelle le secrétaire général de la Préfecture proposait au Préfet de donner son accord à un devis de 348 francs avec un très bon argument:
"Les habitans, attendu l'insuffisance des ressources municipales, se prêtant volontairement pour le transport & même la fourniture des matériaux, ainsique pour les journées demain d'œuvre" (orthographe respectée).
Grâce à cette aide, les travaux furent adjugés par la mairie à l'entrepreneur Jean François BONIFACY (d'Orto) dès le 3 janvier 1831.
Mais tout n'était pas vraiment terminé car les demandes de subventions pour de nouveaux travaux se succédèrent:
- en 1835 (à la suite de l'écroulement de murs qui avaient été reconstruits par le maître-maçon OTTAVJ),
- en 1837 (la commune reçut 200 francs),
- en 1839 (pour la couverture d'un agrandissement: réponse négative de la Préfecture),
- en 1844...
Chaque fois, les textes des demandes sont des variations sur les thèmes déjà utilisés dans la lettre de 1825.
Finalement, la décision, prise en 1863, de détruire l'ancienne église et de la remplacer par le bâtiment actuel fut un moyen d'arrêter ces séries de rafistolages.
Heureusement que M. Bessières fit son dessin en 1856! Autrement, nous n'aurions aucune image de l'ancien Saint Siméon !
A partir de ce dessin, et en tenant compte de la documentation utilisée dans ces deux articles, Philippe FRANCESCHETTI propose ce schéma qui résume les modifications de l'église:
La construction de l'actuelle église fut quand même une tâche de longue haleine comme on peut le voir dans deux précédents articles de ce blog:
- "L'église d'en haut": Saint Siméon
- A la recherche de l'arca perdue
Eglise en constante évolution, Saint Siméon a bien souvent été au premier plan des préoccupations poggiolaises.
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