Le dimanche 6 juillet, à 18 heures, une célébration suivie d'une petite fête aura lieu au couvent de Vico autour du père Dominique N'DJOKO, dont l'annonce du départ a suscité beaucoup de tristesse dans le canton, où ce jeune père jovial et chaleureux a marqué son empreinte.
Le numéro de juin du bulletin "INSEME" a publié l'entretien suivant du Père Dominique avec Pascale CHAUVEAU.
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PC: Père Dominique, personne ici ne comprend votre départ ...
Père Dominique : C'est pourtant ainsi que fonctionnent les missionnaires Oblats: nos missions durent trois ans et sont renouvelables une fois, exceptionnellement deux. Qui plus est en ce qui me concerne, j'ai été « prêté» par la Province du Congo, car il n'y a hélas plus de vocations chez les Oblats en France, et les effectifs sont vieillissants. La dernière ordination ici remonte à 2009, alors qu'au Congo il y a encore cinq ou six prêtres Oblats ordonnés chaque année. Pourtant, c'est une congrégation qu'on ne connait pas assez bien, mais qui est très ouverte sur le monde. Nous faisons vœu de pauvreté, chasteté, obéissance comme les autres, mais nous faisons en plus un quatrième vœu de persévérance.
PC : Pouvez-vous en dire plus sur votre prochaine mission à Orly?
Père Dominique : Je m'occupais ici d'une vingtaine de paroisses mais à Orly, je vais m'occuper de deux seulement. Comme dans toutes ies banlieues, ii y a beaucoup de problèmes spécifiques à la jeunesse : drogue, délinquance, pauvreté. Cela représente beaucoup de défis. Ma mission sera de trouver comment marquer la présence oblate sur ces jeunes. Là-bas, il n'y a pas de couvent ou de maison oblate: les trois pères déjà en place vivent avec les gens dans un immeuble, assistent aux réunions de quartier, et sont très impliqués dans les différentes associations, à Orly même et en dehors. En partant d'ici, je pensais retourner au Congo. Je n'ai jamais travaillé à Paris. C'est l'inconnu pour moi et j'espère pouvoir m'adapter à la vie là-bas.
Le Père Dominique à Poggiolo (procession de St Roch, 16 août 2013)
PC: Aviez-vous eu des difficultés d'adaptation ici en Corse?
Père Dominique : Absolument aucune! J'ai vraiment apprécié l'accueil que j'aÎ reçu en arrivant ici, on aurait dit que tout le monde m'attendait. D'ailleurs, c'est quelqu'un d'ici qui m'avait appuyé auprès de l'ambassade de France au Congo pour que j'obtienne un visa au plus vite. J'ai ensuite expérimenté un accueil formidable dans chaque paroisse, où j'étais souvent invité à manger après les messes. Quand je sors du couvent, dans les villages, dans les bars, les gens se précipitent vers moi pour bavarder. A la récente Festa di a Natura de Vico, on m'a même offert quelques produits. Je sais déjà qu'à Paris ce sera différent.
PC : Je sais en revanche que vous aviez été déconcerté par le peu de gens assistant à la messe le dimanche.
Père Dominique : C'est vrai qu'à mon arrivée cela m'avait profondément choqué, mais j'ai vite compris que je ne pouvais pas faire de comparaison avec la foule dominicale dans mon propre pays.
Mais je me suis adapté à cette situation, d'autant qu'ici il y a de fortes mobilisations aux processions, fêtes patronales, et aussi aux enterrements. Je dirais qu'il faut réinventer la manière d'évangéliser les gens. Ce n'est plus le dimanche? D'accord! Je délivrerai mon message quand les gens viennent vers moi: à une fête patronale, mais aussi dans un bar pourquoi pas: on a le temps de discuter, et c'est plus profitable. Il ne faut pas attendre les gens, on ne les verrait jamais, mais quand on est parmi eux, notre présence est une bonne nouvelle.
Procession de St Roch à Poggiolo, 16 août 2013
PC : Qu'est-ce que la Corse et les Corses ont de plus que les autres?
Père Dominique : je ne dirais pas çà comme çà. Chaque peuple est unique, et il faut le respecter comme tel. Je suis embarrassé quand j'entends les gens me dire que je les abandonne, çà me fait beaucoup de peine et je souffre vraiment intérieurement. Ça me montre aussi que les gens m'appréciaient et j'en suis très heureux. J'ai beaucoup aimé cette terre corse.
PC : Peut-on se prendre à espérer votre retour?
Père Dominique : oh oui! Si le Provincial me demandait de revenir à Vico, j'accepterais sans hésiter. Je sais déjà que je viendrai de temps en temps de Paris pour aider. Je me suis fait beaucoup d'amis ici. Ce n'est qu'un au-revoir et je remercie vraiment tout le monde, sans citer de noms pour n'oublier personne, mais merci aussi à tous ceux qui ont travaillé à mes côtés dans les équipes paroissiales du canton et aux élus qui m'ont beaucoup encouragé. Les souvenirs que j'ai eus ici, je les garde dans mon cœur.
Recueilli par Pascale Chauveau.