La nouvelle concernant la Corse ne vint pas, en ce jour du dimanche 29 novembre 1931, du maquis mais des Assises. En effet, LE PETIT PROVENÇAL etLE PETIT MARSEILLAISannoncèrent que Marc-Jean MATTEI venait d'être condamné à mort pour avoir tué le commissaire de police ALBERTINI à Bastia, le 8 mai précédent, à l'issue d'une partie de poker.
LE PETIT PROVENÇAL du 29 novembre 1931.
LE PETIT MARSEILLAIS du 29 novembre 1931.
Cette affaire n'avait rien à voir avec le banditisme que les gendarmes mobiles tentaient de supprimer dans le maquis. Du moins a priori car il fut de nouveau question de lui dans un journal du lendemain, ce que montrera le prochain article.
Marc-Jean MATTEI eut la chance d'être grâcié le 25 mars 1932.
Avant lui, la précédente condamnation à mort en Corse avait été prononcée en 1925 contre Antoine-Dominique RUTILI qui, lui, avait un lien étroit avec SPADA. Qui était RUTILI?
"A 28 ans, il est compagnon d'André Spada, ayant pris le maquis en octobre 1922. Assomme d'un coup de canon de fusil M.Marchi à Lopigna, le 2 janvier 1924, parce que celui-ci l'avait dénoncé aux gendarmes. Quelques instants plus tard, tapi dans les buissons, tire à vue sur les passants, blessant son propre frère Pascal, le garde champêtre André Lecca, et le beau-père de Pascal, Mathieu Torre.
Le 4 janvier 1924, une trentaine de policiers font irruption chez les Musio, à Finosella, où se sont réfugiés Rutili, Spada et Lecca, passé "du côté obscur" en deux jours ! Rutili, persuadé d'avoir été trahi par ses hôtes, abat Antoine Musio d'un coup de fusil, et blesse gravement de la même façon Mme Musio mère à la cuisse. En s'enfuyant, abat d'une balle de pistolet en pleine tête l'inspecteur Papin, blesse l'inspecteur Suzzoni au bras gauche et le gendarme Canale d'une balle dans la main avant d'être maîtrisé et ficelé. Lecca se rend sans résister, André Spada s'enfuit."
RUTILI à Lopigna quelques années avant sa mort (photo extraite du livre de Jean BAZAL "Avec les derniers bandits corses").
Condamné à mort le 25 février 1925 et grâcié le 11 juin 1925, Dominique RUTILI fut envoyé au bagne de Cayenne. Il s'en évada en 1931 mais fut repris en Colombie. Libéré en 1952, il rentra à LOPIGNA, au hameau de TADJA, chez son frère Pascal, où il mourut en juillet 1973.
Après RUTILI, les condamnations à mort prononcées en Corse le furent à l'encontre de Jean-Baptiste TORRE (l'un des agresseurs de GUAGNO-LES-BAINS) le 20 novembre 1933 et d'André SPADA le 5 mars 1935. Tous deux furent guillotinés.
Attendue depuis longtemps, la nouvelle a été rendue officielle le 24 novembre: le chantier de réhabilitation de la station thermale va débuter.
2,3 millions d'euros ont été alloués au projet qui permettra de rouvrir la station thermale fermée en raison d'une pollution bactériologique.
Les retombées économiques seront importantes pour...Isulacciu fi Fium'Orbu.
Mais oui, le chantier concerne I Bagni de Pietrapola, la station thermale de cette commune.
Bains de Pietrapola (photo Stéphane Gamant)
Vous vouliez des nouvelles de Guagno-les-Bains?
Pour notre station, il faut attendre, et attendre encore.
Il est bien écrit dans l'article paru dans Corse-Matin le 25 novembre: "la Collectivité entend développer le thermoludisme dans d'autres établissements à fort potentiel: Baracci bien sûr, mais aussi Guagno ou Guitera".
Alors, attendons, attendons, attendons.
Ci-dessous: lien pour accéder à l'article sur le site du journal.
Un chantier d'ampleur et des délais contraints. Voilà qui peut résumer le projet de réhabilitation de la station thermale de Pietrapola, en Plaine orientale. Après avoir fermé en 2019 en rais...
En ce samedi 28 novembre 1931, il y eut bien un article sur la Corse dans LE PETIT PROVENÇAL. Mais il il était difficile à trouver car il était tout petit.
Sous le titre "La situation est stabilisée", l'auteur semblait faire de l'auto-intoxication pour se persuader que les bandits étaient à bout de forces:
"Caviglioli et Torre sont cernés par les gardes mobiles qui leur coupent ainsi toute possibilité de ravitaillement. Fatigués et affamés, les bandits seront contraints à la reddition qui, toutefois, peut être longue à venir".
Et, pendant ce temps, les gardes mobiles continuaient à patrouiller le long des golfes de Lava et de Sagone...
Un simple avis de décès paru aujourd'hui samedi 27 novembre nous apprend le décès de Luc CHIAPPINI, plus connu sous son nom d'artiste "Luc VICO".
Luc VICO avait eu une certaine notoriété dans les années 1960 et 1970, surtout dans les Deux Sorru où, comme Charles ROCCHI ou Jules NICOLI, il animait souvent les bals d'été. Les enfants des "Trente Glorieuses" qui eurent 20 ans à cette époque s'en souviennent sûrement.
Le blog des Poggiolais lui avait déjà consacré un article le 3 mai 2021 à propos de sa chanson consacrée au pécheur de Sagone.
Plusieurs de ses chansons sont proposées ci-dessous. On en trouve d'autres sur internet.
R.A.S., rien à signaler, pourrait-on être tenté d'écrire.
En effet, LE PETIT MARSEILLAIS fut le seul quotidien du vendredi 27 novembre à faire paraître un article sur les opérations policières.
Et encore, il recopia une rumeur selon laquelle le bandit ETTORI, opérant près de Sartene, serait sur le point de se rendre.
Il était également annoncé que, à Paris, la Chambre criminelle de la Cour de cassation venait d'estimer que plusieurs bandits arrêtés ne devaient pas être jugés en Corse qui n'aurait pas "une atmosphère de quiétude compatible avec une saine administration de la justice". Leur procès aura donc lieu à Lyon.
Et, pendant ce temps, les gardes mobiles continuaient à patrouiller le long des golfes de Lava et de Sagone...
Rien de vraiment intéressant dans les journaux datés du jeudi 26 novembre 1931.
LE PETIT PROVENÇAL indiqua, dans un petit article, que "une opération n'a pas donné les résultats escomptés". "Dans le secteur de Laresta (sic, pour l'Aresta)", les policiers ont cherché en vain CAVIGLIOLI et TORRE.
Le sentiment général de découragement dans la presse, les forces de l'ordre et l'opinion était bien représenté par le dessin qui avait été publié le 23 novembre dans le journal LE PEUPLE:
LE PETIT PROVENÇAL publiait lui aussi des caricatures. Elle étaient de la main de S'tick, artiste marseillais dont la véritable identité était Raoul GARCIN (1891-1981). Sa "semaine humoristique" se trouvait chaque dimanche au bas de la deuxième page.
Après la seconde guerre mondiale, il dessina, de 1944 à 1950, dans le journal MASSALIA(voir le livre publié par Jeanne de GÉRIN-RICARD).Mais sa spécialité fut le portrait de sportifs dans LE PROVENÇAL de Gaston DEFFERRE.
En 1931, la chasse aux bandits corses fut évoquée deux fois:
- le 15 novembre:
- et le 22 novembre:
L'artiste le plus prolifique de cette période de répression du banditisme se trouvait dans L'HUMANITÉ: René DUBOSC. Né en 1897 et mort en 1964, il dessina dans le quotidien communiste de 1925 à 1939. Pendant la guerre, il collabora avec l'Allemagne et donna des dessins dans LE CRI DU PEUPLE de Jacques DORIOT.
Pendant le mois de l'expédition militaro-policière, huit de ses œuvres furent inspirées par la Corse.
Un énorme rocher bloque la circulation ce jeudi matin dans les calanche de Piana, entre Porto et Piana. Les pompiers de Corse-du-Sud sont sur place. Un éboulement a eu lieu ce jeudi matin dans le...
Pour une fois, LE PETIT PROVENÇAL sembla présenter les bandits d'une façon plus sympathique que d'habitude. Le mercredi 25 novembre 1931, il décrivit le transfert d'Antoine ROSSI à Ajaccio en citant des extraits de son interrogatoire.
"<<Ah! J'en ai fait du chemin. Je suis allé à Sagone, à Vico, à Calcatoggio. Partout. La nuit, je dormais dans les grottes ou dans des bergeries. Le jour, je faisais ma provision de châtaignes, ou bien je péchais dans les torrents, ou bien j'allais à la chasse.
- Tu chassais? Où est ton fusil?
- Je chassais au lacet, le fusil fait trop de bruit.>>
Et le jeune bandit dit encore d'une voix grave:
<<J'ai vécu comme je pouvais, mais je n'ai jamais demandé ni volé de l'argent à personne. Je ne suis pas un bandit d'argent, je suis un bandit de vengeance>>.
A peine la voiture s'était-elle arrêtée devant le Palais de Justice, qu'une jeune femme bondit sur le marchepied et serra Rossi dans ses bras. C'était la sœur du dévoyé qui appartient à une famille d'honnêtes commerçants ajacciens."
Le journal n'insista pas sur la raison de l'arrestation du bandit: il avait tué l'entrepreneur Antoine MORAZZANI et grièvement blessé une autre personne à Ajaccio le 29 août 1931, deux mois avant le début de l'expédition policière.
LE PETIT MARSEILLAIS précisait quand même que, avant de se rendre, ROSSI avait regagné la maison familiale à Ajaccio et avait changé de vêtements "car ceux qu'il portait, déchirés par deux mois de séjour dans le maquis, n'étaient plus que des loques".
Plus prosaïquement, L'HEBDOMADAIRE DES BASSES-PYRÉNÉES titra "La faim fait sortir les bandits du maquis".
LE PROGRAMME COMMUNISTE
L'HUMANITÉ de ce même jour n'eut pas le même sentimentalisme en publiant une caricature contre François COTY, une de ses têtes de Turc préférées, maire d'Ajaccio depuis quelques mois mais surtout symbole pour le PCF du grand capitalisme.
Le journal communiste continua sur la lancée du meeting du 23 novembre en donnant le texte du manifeste adopté à la fin de cette réunion. Chacun pouvait ainsi connaître le programme du Parti communiste qui, au nom des Corses, n'acceptera pas "de laisser nos foyers, nos femmes et nos enfants sous la botte de la soldatesque du militarisme français".
Les lecteurs du PETIT PROVENÇAL purent souffler mardi 24 novembre en apprenant la reddition du bandit Antoine ROSSI sur la route des Sanguinaires à Ajaccio. Il y avait enfin une bonne nouvelle à annoncer.
Mais L'HUMANITÉ se gaussa de cette prise qui n'était pas très grosse et écrivit que l'activité des soldats du général FOURNIER "qui, paraît-il, coûtera à la malheureuse Corse la coquette somme de vingt millions, se solde par un double zéro".
Beaucoup plus importante était la relation du meeting que le Parti Communiste avait tenu la veille lundi 23 novembre à la rue Cadet, au siège du Grand Orient de France.
Cette "magnifique protestation des travailleurs corses de Paris, fraternellement mêlés
aux prolétaires parisiens", était organisée par l'association "L'Emancipation de la Corse", une courroie de transmission du Parti Communiste présidée par BOZZI (dont le prénom n'est pas donné) et qui doit être un conseiller municipal de la banlieue parisienne. Un journal du même nom fut publié (ci-contre, un exemplaire de février 1938).
Parmi les responsables et les orateurs présents sur la tribune, PERI et BERTHON furent les seuls à avoir leur prénom cité.
Gabriel PERI fut la grande vedette de cette réunion. Voici le texte de son discours.
Né en 1902 à Toulon dans une famille d'origine corse, il fit ses études au lycée Périer puis au lycée Thiers, tous deux à Marseille. Engagé très tôt en politique, il devint responsable de la rubrique internationale à L'HUMANITÉ. En 1931, il n'était pas encore député.
Avec ce meeting, le Parti Communiste voulait démontrer qu'il était le seul à défendre le peuple corse.
Deux fautes de frappe à remarquer:
- dans le discours de PIETRI, le député PIERANGELI, auteur de romans sous le nom de PIERHOMME (voir ici), est devenu PIERANJELY;
- dans la dernière phrase de son discours, Gabriel PERI évoque le drapeau corse, ce qui donne: "au-dessus des têtes des combattants flottent côte à côte le drapeau à tête de mort et le drapeau où s'entrecroisent la faucille et le marteau".
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blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).