Un an après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, la laïcité est de plus en plus invoquée dans une société inquiète.
Ce principe, qui est en théorie la tolérance et l’indépendance de l’Etat par rapport aux religions, est maintenant souvent considéré comme un moyen de lutter contre l’islamisme radical.
UNE LAÏCITÉ DE COMBAT
De même, il y a cent dix ans, quand, le 9 décembre 1905, la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat eut été votée, elle fut interprétée comme un instrument de combat de la République contre la religion catholique. Des députés radicaux l’avaient d’ailleurs conçue ainsi. La fin du Concordat signé en 1801 entre Napoléon BONAPARTE et PIE VII pouvait asphyxier financièrement l’Eglise de France. De nombreux chrétiens le ressentirent. Ayant le sentiment d’être attaqués dans leur foi la plus profonde, ils furent nombreux à s’opposer aux conséquences de la loi sur la laïcité.
Les villages des Deux Sorru ne furent pas épargnés par cette agitation.
La loi du 9 décembre 1905 décidait que l’Etat ne subventionnait plus aucun culte et proclamait la liberté religieuse individuelle. Mais, au-delà de ces principes, il fallait en tirer les conséquences concrètes.
La loi fut promulguée au «Journal Officiel» le 12 décembre 1905 pour entrer en application le 1er janvier 1906. Son article 3 prévoyait de dresser un «inventaire descriptif et estimatif» des biens ecclésiastiques avant leur répartition à des associations cultuelles qui devaient être fondées ensuite. Une circulaire du Ministère des Finances publiée le 2 janvier ordonna aux fonctionnaires de procéder de façon approfondie, y compris en demandant l’ouverture des tabernacles.
«Dans les tabernacles, faut-il le rappeler, sont conservées les hosties consacrées qui contiennent, selon la doctrine catholique, la présence réelle du Christ: l’objet sacré par essence. (…) Toute la presse catholique s’enflamme, dénonçant cette menace de profanation. Elargissant la protestation, les journaux appellent au rejet des inventaires, présentés comme le prélude à la spoliation des biens de l’Eglise.» (Jean SÉVILLIA, «Quand les catholiques étaient hors la loi», Perrin, 2005, p. 197).
Même dans les petits villages comme Poggiolo, le tabernacle est une partie richement décorée et à laquelle on tient particulièrement (un article sur les tabernacles poggiolais sera ultérieurement publié sur ce blog).
LA COLÈRE CONTRE LES INVENTAIRES
Plusieurs évêques et prêtres tentèrent l’apaisement. Ce fut l’attitude du Père Antoine-Louis OTTAVY, qui avait à la fois les fonctions de professeur au petit séminaire d’Ajaccio et de conseiller général républicain du canton de Soccia élu en 1901.
Mais le mal était fait. De nombreux croyants se mobilisèrent contre le sacrilège. Les premiers incidents se produisirent à Paris les 31 janvier et 1er février.
«Le peuple catholique se rebelle, laissant exploser sa colère contre les brimades incessantes que le pouvoir lui fait subir depuis plusieurs années» (Jean SÉVILLIA, op. cit. p. 205-206).
Le sang coula dans plusieurs départements.
En Corse, les inventaires débutèrent à Bastia le 26 janvier et les incidents se succédèrent.
«Dans l’intérieur de l’île, les percepteurs, même escortés par la gendarmerie, ne peuvent le plus souvent instrumenter. Les opérations se déroulent toujours de la même façon. Au jour notifié, l’agent de l’Etat se présente devant l’église. Le curé, généralement assisté du conseil de fabrique, donne lecture d’une protestation et se retire dignement. Si le percepteur tente de pénétrer dans l’église, celle-ci est inabordable. Les hommes s’y opposent, avec violence s’il le faut; les femmes, barricadées à l’intérieur, chantent des cantiques et les cloches sonnent à toute volée. Pour éviter tout affrontement sérieux, le percepteur et son escorte se retirent. Quelques jours plus tard, à la suite d’un arrangement avec le curé, l’inventaire est annoncé comme ayant été effectué, alors qu’il n’est qu’une composition factice du curé» (François J. CASTA, «Le diocèse d’Ajaccio», ed. Beauchesne, 1974, p.222).
Il en fut ainsi dans les Deux-Sorru.
A SOCCIA
Cette photo montre la population socciaise rassemblée devant son église. On remarque bien les bâtons dont hommes en chapeau et femmes en fichu noir s’étaient armés pour défendre la porte du bâtiment.
Jean-Baptiste PAOLI, dans «Histoire d’un petit village de montagne au cœur de la Corse du Sud», décrit ce qui se passa alors:
«Le percepteur chargé des opérations d’inventaire ne put instrumenter qu’escorté par la Gendarmerie qui se heurta à une vive résistance de la part aussi bien des hommes que des femmes, malgré la protestation du curé POLI, assisté du conseil de fabrique».
Plus précisément, les témoins de l’inventaire furent Pierre Antoine MAINETTI, président du conseil de fabrique, et le forgeron Antoine Dominique OTTAVI.
Mais il n’y eut pas de violences comme, par exemple, à Ota où trois gendarmes furent blessés.
Les inventaires se déroulaient en pleine campagne électorale, les élections législatives ayant été fixées aux 6 et 20 mai. Sur les 510 prêtres de Corse, 250 firent activement campagne contre le gouvernement anticlérical. De l’autre côté, 160 religieux soutinrent, souvent discrètement, le candidat républicain. L’abbé OTTAVY, qui n’avait pas désavoué la loi de séparation, appuya ouvertement FORCIOLI, qui fut réélu député gauche radicale d’Ajaccio.
La majorité de gauche s’étant renforcée à la Chambre des Députés, la laïcité s’imposa.
Les Corses ont plus de mal que les autres Français à pouvoir accéder aux différents services. Le fait est connu depuis longtemps mais il vient d’être confirmé par une étude de Marie-Pierre NICOLAÏ publiée jeudi 7 janvier. Intitulée «Une nouvelle approche du territoire: densité de population et accessibilité aux services», elle est disponible sur le site de l’INSEE Corse :
http://www.insee.fr/fr/themes/document.aspreg_id=6&ref_id=23678#inter1
La vie quotidienne est très difficile pour les habitants des petites communes à cause à la fois de la faible population et du relief compliqué.
«Résider dans une commune très peu dense implique un accès particulièrement long aux services. Ainsi, accéder aux équipements du panier de vie courante, tels qu’un supermarché, un médecin, ou un collège, nécessite un temps moyen de 21 minutes dans la région, quand 10 minutes suffisent en moyenne sur le continent. Sur l’île, le temps d’accès est aussi plus élevé que dans les autres départements à dominante rurale: 14 minutes en moyenne dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, en Lozère ou dans la Nièvre.»
Or, les villages des Deux Sorru font partie des communes très peu denses (moins de 25 habitants au kilomètre carré et moins de 300 habitants) sauf Vico qui a 885 habitants (chiffres INSEE de 2010) dont 78% dans la catégorie peu dense.
Curieuse coïncidence: par le «Corse-Matin» de vendredi 8 janvier, on apprend que les bureaux de la Trésorerie d’Evisa (déplacée à Piana) et de Vico ont fusionné depuis le 1er janvier. Pour le moment, les conséquences sont faibles (Piana ne vend plus de timbres fiscaux !).
Mais Pascale CHAUVEAU, correspondante du quotidien, annonce que:
«à terme, il est prévu que les deux antennes disparaissent au profit d’une seule qui sera implantée à SAGONE, dans la zone de la cathédrale.»
Et, pour aller de Poggiolo à Sagone, il faut bien plus que les 21 minutes trouvées par l’INSEE.
« Quand le désert avance.
C'est la vie qui s'en va »,
chantait France GALL en 1989.
En début d’année, il est habituel d’établir le bilan des douze mois précédents. Votre blog se prête à cette coutume afin que vous connaissiez mieux son fonctionnement.
230 articles ont été publiés en 2015, ce qui peut étonner pour un blog consacré à un petit village de montagne. Même si la population n’est pas nombreuse, des activités s'y déroulent pendant l’année. Et, quand on fouille un peu, on s’aperçoit que Poggiolo a une histoire riche, un patrimoine particulier et une belle nature.
Normalement, il est prévu d’écrire un texte tous les deux jours, avec publication vers 18 heures, ce qui donnerait 15 articles mensuels. Mais l’actualité a plusieurs fois obligé à ne pas respecter ce rythme. Ainsi, janvier et mars ont eu 24 publications chacun.
Pendant ces douze mois, 55.695 visiteurs ont été enregistrés, représentant le meilleur chiffre depuis la création du blog des Poggiolais en 2009. Il faut mettre à part l’année 2014 où les chiffres ont explosé pendant les trois premiers mois à cause des passions suscitées par les élections municipales.
La moyenne est donc de 152 visiteurs par jour.
102.417 pages ont été vues en 2015 avec un record en mai (11.443).
Les jours où les meilleures audiences ont été notées sont :
- 10 mai pour "Dernière mise au point avant le Festival"
- 14 mai: "Les fleurs de l'Ascension"
- 16 mai: "La baignoire de l'impératrice"
- 6 septembre: "Une plaque à Letia. Et pourquoi pas à Poggiolo ?"
- 27 octobre: "Mimi est toujours avec nous"
Mais les articles qui ont été consultés le plus souvent dans l’ensemble de l’année sont les champions depuis longtemps:
- Poggiolais frères et sœurs: vu 3.600 fois en 2015 et publié la première fois le 28 janvier 2014, texte qui montre que, malgré les chamailleries, on fait partie d'une famille, d'une communauté,
- Les bastelle des morts (1.356 fois) datant du 1 nov 2009 et comportant un reportage video de Thierry CALDERONI,
- La seule carte postale actuelle (1.126 fois) du 20 dec 2013,
- Les légendes de chez nous (4/7): la nuit des mazzeri (685 fois) du 30 juillet 2014.
Parmi les catégories proposées, la série d’articles sur "L’épuration du maquis" en 1931-1932 http://poggiolo.over-blog.fr/tag/l%27epuration%20du%20maquis/ a été demandée 721 fois
contre 516 pour Guagno-les-Bains: http://poggiolo.over-blog.fr/tag/guagno-les-bains/.
L’importance de Facebook
La page Facebook (https://www.facebook.com/pages/ Poggiolo/167056470125907), qui sert surtout à annoncer les publications du blog, a des amis fidèles.
Il y a 113 «j’aime la page».
Parmi les fans et les personnes atteintes, un quart sont d’Ajaccio, 12% de Paris et 5% de Marseille. Curieusement, l’étranger est surtout représenté par les Pays-Bas.
Les mois les plus actifs ont été juillet, août et octobre.
Les articles les plus appréciés sur le réseau social ont été dans l’ordre décroissant :
- "N'oubliez pas de regarder "Des racines et des ailes"" le 4 novembre
- "Guagno-les-Bains face à l’Académie" le 30 octobre
- "Comment on processionne à Soccia" le 4 septembre
L’avenir du blog
Tous ces résultats montrent bien que le blog répond au besoin des Poggiolais, où qu’ils soient, même loin de la commune, de garder le contact avec leurs racines. Bien que peu habité, Poggiolo a des atouts qu’il serait possible de développer.
Bien entendu, la vie des villages voisins doit continuer à être évoquée car des liens existent entre eux.
La présentation date un peu et devrait se modifier au cours de l’année pour être plus lisible et plus attrayante.
Le blog continuera son activité tant que des sujets existeront et que les lecteurs montreront leur fidélité. Il faut remercier ceux qui ont la gentillesse de fournir des idées ou des documents pour de nouveaux articles. Ainsi, en 2015, Hervé CALDERONI a fourni des images originales des lacs de Creno et de Melu, Rose-Marie CHABROLLE a donné le calendrier des passages de commerçats dans les années 60 et Nicolas MARTINI a réalisé d’excellentes photographies.
Le blog des Poggiolais vous remercie tous.
Si vous ne savez pas quoi faire lors des week-ends dans les Deux Sorru, ce mois de janvier vous propose des activités lors des trois prochains samedis :
- SAMEDI 9 JANVIER:
à 16h, la Communauté Oblate et les Amis du Couvent invitent la population du canton à venir déguster la galette des rois au Couvent St François de Vico
également à 16h, mais à la salle des fêtes de Soccia, galette des rois du comité des fêtes.
- SAMEDI 16 JANVIER: à 15h, messe à la chapelle de Guagno-les-Bains à l’occasion de la fête de St Antoine abbé, protecteur du village.
- SAMEDI 23 JANVIER: à partir de 20 h, soirée PULENDA au couvent de Vico. Renseignements et inscriptions au 04-95-16-83-83 (le matin seulement).
La solution à la devinette du mois est bien visible sur les cinq photos qui ont été publiées pour cette énigme. Elle se trouve même en plein centre de chacune de ces images. Sur les trois premières, elle est mise en valeur par une trace de peinture orange.
Le point commun est donc un morceau de métal rond enfoncé dans le mur des ponts, du côté de la route, dans le mur de la maison et sur le mur du fond de la fontaine.
Ce sont des bornes de nivellement posées par l’IGN (Institut Géographique National). Il s’agit de repères dont l’altitude est déterminée avec précision. Le réseau de nivellement ne doit pas être confondu avec le réseau de géodésie, constitué de points (bornes, clochers…) définis par leurs coordonnées tridimensionnelles. Le clocher de St Siméon de Poggiolo et la chapelle St Antoine de Guagno-les-Bains en font partie.
Ces deux réseaux couvrent de façon homogène la France métropolitaine et l’outre-mer.
Chaque borne porte son altitude, arrondie au mètre, dans un but d’information d’un public non technicien, gravée sur sa plaque de cuivre ou d’aluminium. Ainsi, on peut voir avec la photo ci-dessous que le Fragnu est à 579 m d’altitude (en réalité, 578,838 m).
Chaque borne, où qu’elle soit située, a une fiche que l’on peut consulter sur le site de l’IGN :
Pour avoir des informations sur une borne particulière, il faut alors chercher sur ce site la commune puis la borne, représentée sur la carte par un rond jaune ou rouge. Les triangles rouges sont les points géodésiques.
En cliquant sur l’icône Informations puis sur la borne recherchée, on obtient, comme dans l’exemple suivant, sa fiche avec tous les renseignements d'altitude, de coordonnées géographiques, d'emplacement exact, etc.
Ainsi, on peut savoir de façon très précise que:
- le pont de Genice, sur le Fiume Grosso, est à 443,498 m
- le Fragnu à 578,838 m
- la maison Martini à 589,660 m
- la fontaine à 596,194 m
ATTENTION ! Une petite difficulté existe pour la maison Martini: la borne est maintenant cachée par un cable électrique qu'il faut écarter pour lire l'altitude.
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Rappel:
Les bornes de nivellement de Poggiolo ont déjà été présentées dans un précédent article de ce blog:
C'est à combien, Poggiolo? - Le blog des Poggiolais
C'est à combien, Poggiolo? La question revient souvent quand on évoque notre village à un interlocuteur et qu'on lui apprend qu'il est perdu dans la montagne. Cela signifie: "C'est à quelle ...
http://poggiolo.over-blog.fr/article-c-est-a-combien-poggiolo-45351571.html
Pour la devinette de ce début 2016, nous vous proposons de regarder ces cinq photos prises en différents endroits de Poggiolo et Guagno-les-Bains afin de trouver ce qu’elles ont en commun.
La première photo montre le parapet du pont de Genice, près de Guagno-les-Bains.
La seconde est celle de la base du petit pont, à près de 300 mètres du précédent, à la bifurcation des routes allant vers Guagno, Poggiolo et Guagno-les-Bains.
Le troisième cliché est la croix du Fragnu, à l’entrée de Poggiolo.
Ensuite, voici la maison Martini, au carrefour de la route et de la Stretta.
La dernière vue est celle de la fontaine du Lucciu.
Ces lieux sont bien connus mais quelle est la raison qui les rassemble ici ? Quel est leur point commun?
Solution après-demain.
Ceppu di Natale (la Bûche de Noël): le feu de Noël accueille le visiteur qui vient apporter la bonne nouvelle.
Chì ghjè issu passu issu pichju chì ghjè
Entrite puru chì chjave ùn ci n’hè
Viaghjadore bona sera
Parite stancu calatevi quì
U focu anch’ellu vi dici di sì
Hè ora digià, digià di fà cena
A ci sparteremu state tornu appena
Ceppu di Natale piccia piccia tù
Ingrendaci u core grande ancu di più (bissu)
Issu luminellu chì luce culà
U seguitate vi ferà francà
Muntagne è mari sin’à ghjornu
A terra sana pigliate à girà
Fateli tutti paesi è cità
Mettite alegria in tutte e case
Voi o messagieru di speranza è pace
Ceppu di Natale piccia piccia tù
Ingrendaci u core grande ancu di più (bissu)
Quel est ce pas ? Qu’est ce que c’est ce coup ?
Entrez, il n’y a pas de clef
Voyageur bonsoir
Vous paraissez fatigué arrêtez vous ici
Même le feu vous le dit
Il est l’heure déjà, déjà de dîner
Nous partagerons restez encore un peu
Bûche de Noël enflamme toi
Grandis notre cœur un peu plus (bis)
Cette petite lumière qui luit là-bas
En la suivant vous fera franchir
Montagnes et mers avant le jour
Faites le tour de la terre
Faites tous les villages et les villes
Mettez de la joie dans toutes les maisons
Vous le messager de l’espoir et de la paix
Bûche de Noël enflamme toi
Grandis notre cœur un peu plus (bis)
Calendrier des messes de janvier et février dans les Deux Sorru:
Fête de Saint Siméon:
messe à Poggiolo
samedi 20 février
à 15 heures.
VACANCES SCOLAIRES DE FÉVRIER
fin des cours:
samedi 13 février
reprise des cours:
lundi 1er mars
La nouvelle formule du mensuel "INSEME":