Pour beaucoup, il semble que Poggiolo et les autres communes de montagne ne vivent que quelques semaines l'été. Pourtant, ce sont les habitants résidant toute l'année qui permettent à nos villages d'exister. Mais ils sont trop peu nombreux et ils attendent l'arrivée de nouveaux voisins. L'éditorial du numéro d'octobre de "INSEME", signé "Pascale Chauveau et le comité de rédaction", évoque très bien cette inquiétude, ainsi que l'espoir du renouveau.
-------------
VIVRE AU VILLAGE !
Encore une fois, l'automne est arrivé, et je ne peux m'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur. Fin août,
nous avons vu repartir nos parents et amis venus du continent, puis jusqu'à fin septembre, les touristes se faire de plus en plus rares, et nous savons déjà qu'avant que l'hiver ne s'installe,
d'autres maisons vont se refermer.
Pourtant, les derniers à partir n'ont pas forcément un travail qui les l'y oblige. Pendant des années, j'ai entendu nombre d'actifs qui étaient « montés au village pour le week-end ou les vacances »,
repartir à regret en disant: «vivement la retraite que je revienne m'installer au village définitivement!». En réalité, seul un infime pourcentage l'a fait. Certains ont même fait construire
entre-temps une autre maison, en ville ou plus proche de la ville, plus confortable, plus proche des services de santé, des commerces.
Depuis le mois dernier, le Parc Naturel Régional a engagé une vaste opération d'amélioration de l'habitat en milieu rural.
Dans les objectifs annoncés, on peut lire entre autres: «favoriser le maintien des personnes âgées à domicile», ou encore «dynamiser l'activité des artisans dans le secteur du bâtiment». On
pourrait se demander ce que le Parc, qui se consacre habituellement à la faune et à la flore, a à voir là-dedans. José Paoli, chef de projet de cette opération, argumente à juste titre: «dans la
nature, il y a la faune et la flore, et il y a l'homme. On ne peut se préoccuper que de l'un ou de l'autre, sinon il n'y aurait pas d'équilibre».
Alors, avec cette nouvelle action du Parc, qui prévoit de réhabiliter au moins 200 à 250 logements anciens dans les trois ans à venir, on se prend à rêver. On imagine
déjà des maisons dégradées devenir plus fonctionnelles, mieux isolées et plus douillettes; on imagine les différents corps de métiers du bâtiment grouiller dans les villages en ramenant un peu de
vie, voire embaucher pour faire face aux nombreux chantiers; on imagine qu'au lieu de constater qu'une nouvelle maison s'est fermée après un enterrement, on commencera à compter combien de
nouveaux auront osé franchir le pas de rester au village.
On oubliera les soirs où l'on n'était même pas quatre pour faire une belote, les commerçants ambulants retrouveront plus de
clients que de kilomètres parcourus, et on bombera doublement le torse quand, comme à chaque fin d'été, on nous demandera: «mais comment faites-vous pour rester là toute
l'année?»