Les lecteurs du "PETIT PROVENÇAL" purent souffler mardi 24 novembre en apprenant la reddition du bandit Antoine ROSSI sur la route des Sanguinaires à Ajaccio. Il y avait enfin une bonne nouvelle à annoncer.
Mais "L'HUMANITÉ" se gaussa de cette prise qui n'était pas très grosse et écrivit que l'activité des soldats du général FOURNIER "qui, paraît-il, coûtera à la malheureuse Corse la coquette somme de vingt millions, se solde par un double zéro".
Beaucoup plus importante était la relation du meeting que le Parti Communiste avait tenu la veille lundi 23 novembre à la rue Cadet, au siège du Grand Orient de France.
Cette "magnifique protestation des travailleurs corses de Paris, fraternellement mêlés aux prolétaires parisiens", était
organisée par l'association "L'Emancipation de la Corse", une courroie de transmission du Parti Communiste présidée par BOZZI (dont le prénom n'est pas donné) et qui doit être un
conseiller municipal de la banlieue parisienne. Un journal du même nom fut publié (ci-contre, un exemplaire de février 1938).
Parmi les responsables et les orateurs présents sur la tribune, PERI et BERTHON furent les seuls à avoir
leur prénom cité.
Gabriel PERI fut la grande vedette de cette réunion. Né en 1902 à
Toulon dans une famille d'origine corse, il fit ses études au lycée Périer puis au lycée Thiers, tous deux à Marseille. Engagé très tôt en politique, il devint responsable de la rubrique internationale à "L'HUMANITÉ".
En 1931, il n'était pas encore député. Pendant la guerre, après avoir été arrêté dans des circonstances obscures, il fut fusillé par les Allemands en 1941. Il est l'un des quatre résistants auxquels Louis ARAGON dédia son poème "La rose et le réséda" (« Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas »).
Biographie complète dans WIKIPEDIA:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Péri
Le Parti Communiste voulait démontrer qu'il était le seul à défendre le peuple corse.
Deux fautes de frappe à remarquer:
- dans le discours de PIETRI, le député PIERANGELI, auteur de romans sous le nom de PIERHOMME (voir ici), est devenu PIERANJELY;
- dans la dernière phrase de son discours, Gabriel PERI évoque le drapeau corse, ce qui donne:
"au-dessus des têtes des combattants flottent côte à côte le drapeau à tête de mort et le drapeau où s'entrecroisent la faucille et le
marteau".