Parmi les héros de la seconde guerre mondiale originaires de Poggiolo et Guagno-les-Bains, il ne faut pas oublier Jules Antoine Toussaint POLI.
Il naquit le 4 mai 1916 à l’hôpital d’Ajaccio. Ses parents étaient Antoine Dominique POLI et son épouse Louise CAMPANA.
Antoine Dominique, né le 19 août 1872 à Soccia, fut militaire de carrière. Après son service militaire accompli de 1893 à 1896, il se rengagea en 1898 dans l’infanterie de marine, devenue ensuite infanterie coloniale, participa à la campagne de Madagascar (1899-1900), où il fut blessé en service commandé et obtint la médaille coloniale.
Engagé volontaire en octobre 1914, Antoine Dominique fut réformé en décembre 1915. Il se retira à Guagno-les-Bains. Après la naissance de Jules Antoine Toussaint, il revint dans l’armée, dans un régiment de zouaves, le 14 mai 1917, en bénéficiant du classement comme « engagé spécial », et exerça la fonction de surveillant de prison en Algérie. Il termina sa carrière en tant que sergent-major.
Deux des enfants d’Antoine Dominique devinrent militaires.
L’aîné, Paul, fut capitaine au Maroc.
Jules Antoine Toussaint fut militaire dans les troupes coloniales.
Il n’accepta pas la défaite française de 1940. Il se trouvait alors à Bamako, capitale du Soudan français (le Mali actuel) dont le gouverneur, de mars 1938 à décembre 1940, fut le Poggiolais Jean Hyacinthe DESANTI (1889-1944). Sa biographie a été publiée sur ce blog sous le titre Un Poggiolais au Mali.
Peut-être se parlèrent-ils et s'opposèrent-ils.
Contrairement à Jean Hyacinthe DESANTI, fidèle à Vichy, Jules POLI voulut continuer à se battre, à l'exemple de Fred SCAMARONI alors emprisonné à Bamako.
Jules parvint à rejoindre la Grande-Bretagne par un grand périple partant de l'AOF et passant par Gibraltar.
Engagé dans l’aviation, il participa pendant quatre ans aux bombardements contre l’Allemagne. Il termina la guerre comme adjudant-chef et obtint la Légion d’honneur.
Il s’installa ensuite à Bordeaux et décéda d’un cancer le 1er mai 1983 à Pessac.
De son mariage avec Ginette DOUAT, il eut Marie-Louise Patricia en 1951 et Jean-Pierre né en 1952.
Dans sa famille maternelle à Bordeaux, la fille était Patricia, mais en Corse on l'appelait Marie-Louise.
En famille, Jules Antoine Toussaint ne parlait pas corse mais chantait parfois. Ses deux enfants connurent de bons moments lors des vacances à Guagno-les-Bains. Patricia s’en est rappelée dans des commentaires publiés en avril 2010 sur ce blog :
Je me souviens de la cruche au retour de la fontaine ainsi que des habits noirs et des fichus des femmes.
Nous étions deux petits enfants blonds venus de Bordeaux le temps des vacances jusqu’en 1961… Il y avait la rivière, les femmes qui lavaient le linge, celles qui pleuraient l’été, les cochons qui mangeaient le savon, la fontaine au-dessus, l’épicerie avec les caramels et les cartes postales, le four à pain de ma grand-mère qui un été s’est écroulé, son pétrin. Je me souviens très bien de tout, presque comme sur une carte postale, le baraquement aussi, le vieux car d’Ajaccio à Guagno-les-Bains…
Patricia rencontra à Fribourg un Allemand originaire de ce pays que son père avait bombardé, et elle devint Madame FIEBIG en 1974.
Le couple a eu trois enfants et plusieurs petits-enfants qui ont fait d’excellentes études. S’il y a actuellement un Jules et un Antoine dans la famille, le prénom du grand-père Dominique n’a pas été repris car personne ne le méritait.
Et Patricia parle parfois à ses petits-enfants de son père Jules Antoine Toussaint POLI, un enfant de ce petit village qui était allé à l’école pieds nus et qui longtemps ne parlait pas français mais qui sut bien mener sa vie.
Toutes les photos de cet article ont été fournies par Patricia Fiebig.
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