Oui, ils ont vraiment existé, les personnages dont les noms sont gravés sur les monuments aux morts.
Chaque 11 novembre, les cérémonies célèbrent des hommes qui ont vécu, grandi, aimé, souffert avant de tomber sur le champ de bataille.
Il reste à leurs familles de vieilles photos et aussi des lettres. La correspondance était le seul lien possible entre les soldats et leurs parents ou amis. Ils avaient besoin de ce véritable ballon d'oxygène pour oublier les horreurs du front et pour se sentir faire encore partie de la communauté familiale ou villageoise.
Ce blog a récemment publié le premier document de la guerre de 1914-1918 rédigé par François Marie Ceccaldi, document qui est un texte juridique: un testament.
Nous vous présentons maintenant les dernières lettres rédigées peu avant leur mort au combat par deux Poggiolais très différents qui sont mentionnés sur le monument aux morts de Poggiolo. La ponctuation et l'orthographe ont été respectées. Lettres et photos ont été fournies par les familles concernées.
Tout d'abord, les derniers écrits de Jean-Toussaint DEMARTINI.
Né le 1er novembre 1890, d'Antoine François DEMARTINI et Gracieuse DESANTI, il était timonier dans la Marine. Il dut la quitter pour des raisons liées aux élections municipales à Poggiolo (voir l'article en cliquant ici). Il entra dans l'infanterie coloniale et combattit au Togo, où il obtint une citation à l'ordre des troupes du groupe de l'A.O.F. (Afrique Occidentale Française) pour sa bravoure dans les combats contre les Allemands, puis en France. Il mourut le 9 février 1916 à Cappy dans la Somme.
Une lettre:
Aux tranchées le 30.1.1916
Mes chers parents
Toujours en bonne santé, je suis aux tranchées depuis trois jours, le 1er jour j'ai pris part à un rude combat, ma compagnie a beaucoup souffert, nous avons reçu des renforts et je crois que les Boches vont finir par croire que dans cette terrible guerre nous voulons le dernier mot.
Quant à mon ami, c'était un nommé Marcangelli il a trouvé la mort glorieuse; précisément sa permission avait été retardée. C'était un jeune homme plein d'avenir et mon meilleur ami à la compagnie. Son père avait travaillé à la maison Pinelli à guagno les Bains comme maçon, mais maintenant il n'est plus, laissons reposer le jeune héros en paix.
Toujours bien portant, je compte qu'il en sera de même par la suite.
Toujours dispos et le moral meilleur que jamais je vous embrasse bien affectueusement.
Toussaint
Une carte de correspondance:
4.2.1916
Mes chers parents
Je me porte toujours bien, et vous en souhaite autant.
Depuis 6 jours on se bat. Tout va bien pour le moment. Je vous embrasse
Toussaint Demartini
sergent 24ème colonial
5ème colonial
secteur postal 13
Deuxième série de lettres: celles de Jean Ary François Léon LOVICHI.
Né le 10 novembre 1893 à Constantine, fils de Charles LOVICHI et Odile DELON, il était licencié de philosophie à la Sorbonne et préparait l'agrégation.
Bien que réformé, il voulut absolument défendre son pays. Aspirant au 2ème RMA, il partit se battre aux Dardanelles. Son attitude lui valut une citation et la promesse du grade de sous-lieutenant mais il fut tué au combat le 14 juillet 1915.
Sans date mais étant une de ses dernières lettes:
J'allais commencer une longue lettre quand l'invitation est venue de repartir. Quelques embarras gastriques ont disparu et j'ai bien apprécié votre eau lithinée.
Je vis comme un capitaine et j'ai l'élixir le plus précieux, la confiance de mes hommes. J'ai vu des blessés qui ne voulaient pas être évacués avant d'avoir de mes nouvelles. Voilà la seule vraie récompense avec l'autre vos lettres qui redeviennent rares et que je lis avec mon cœur.
Vos petits paquets, précieux. Ajoutez livres et journaux, plumes, encre et crayons, une main-serviette pour "m'approprier": je suis chocolat et créole.
Je vous embrasse. Eu la joie de voir Théo Zanetacci ce matin.
Lettre du 6 juillet:
Retour de nouveaux combats. Je n'ai que la force, dans une fatigue de 5 jours d'action, de vous promettre une belle lettre.
Au camp, j'ai la joie de trouver deux lettres de maman, une - émouvante - de papa, et trois bons colis qui me comblent d'utile. La joie de ces lectures et de ces découvertes dans de pareils retours est un délice. Ô affection de mes parents!
Votre enfant vraiment à vous.
Mot du 11 juillet:
En action - constamment depuis le 21 -, je reçois une lettre de Fanny dont je suis heureux. J'en aurais voulu de vous tous. Pas trop fatigué et toujours paré. Parfait guerrier, vieux guerrier. Les cuisiniers redescendent*. Je vous embrasse.
* L'unité étant en première ligne, et afin d'éviter les pertes par trop d'allées et venues, les cuisiniers se chargeaient du courrier en plus de la nourriture.
Une lettre écrite par son père arriva aux Dardanelles après sa mort et fut retournée à l'envoyeur.
Un article a déjà été consacré à Jean LOVICHI: suivez le lien suivant:
Enterré face au tombeau d'Achille - Le blog des Poggiolais
Le rituel du 11 novembre permet d'honorer les Français tués pendant la guerre de 14-18 et même les morts de toutes les guerres. Les élus et la population se rassemblent autour du monument aux m...
http://poggiolo.over-blog.fr/article-face-au-tombeau-d-achille-112087144.html
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