La troupe guagnaise qui contestait les résultats de l'élection au conseil d'arrondissement et qui traversa le village de Poggiolo le 26 septembre 1892 n'est évidemment pas passé inaperçue.
Elle émut plus particulièrement Marc Antoine CECCALDI.
Marc Antoine CECCALDI était né à Poggiolo en 1832. Son père Saverio (1784-1865) avait eu également deux filles, Maria Lilla et Magdeleine, et un autre fils François Marie, né en 1829. Mais François Marie avait été tué par arme à feu le 10 février 1851, à l'âge de 21 ans, dans une bagarre à la sortie d'un bal à Soccia.
Un peu plus tard, profitant de l'expédition militaire française au Mexique (1862-1867), Marc Antoine s'installa dans ce pays et y resta après le départ de l'armée de Napoléon III.
Il eut un fils, né en 1869 à La Piedad, dans l'État de Michoacan, qu'il appella François Marie en souvenir de son malheureux frère.
Marc Antoine revint en Corse avec son fils, longtemps après, en 1892.
Arrivé à Vico en voiture à cheval, il continua à pied. Mais, ayant quitté le village depuis trente ans, il se trompa de route et arriva à Guagno, d'où il repartit, toujours à pied, pour Poggiolo.
Il se trouvait dans la maison familiale des CECCALDI le 26 septembre 1892 quand il entendit le remue-ménage provoqué par la troupe des Guagnais en route pour leur coup de force à Soccia. Surpris par ce bruit et par la vue des armes, il s'affola, se crut revenu dans les turbulences mexicaines et se mit à courir dans la maison, tout excité, en criant dans un mélange de français, de corse et d'espagnol: "Les Mexicains arrivent. Il y a la Riboluzione contre la force armée!". Il fut difficile de le calmer.
Est-ce le choc de cet événement? Il mourut quelques mois plus tard.
Après une carrière de quinze ans dans les troupes coloniales, son fils François Marie vint habiter à Poggiolo où il était surnommé "U Messicanu". Il sera évoqué dans le prochain article.
(à suivre)