Il n'existe plus aucune trace de l'hôpital militaire qui eut pourtant pendant soixante ans un rôle important dans la renommée de Guagno-les-Bains comme station thermale. Son histoire commença il y a deux cents ans.
L'AUTORISATION OFFICIELLE
Voici exactement deux siècles, en 1822, en même temps que put être édifié l'établissement thermal. Cette année-là, Jean MULTEDO, originaire de Vico, obtint l'autorisation du roi Louis XVIII de construire un hôpital destiné aux soldats malades ou blessés.
L'ordonnance est datée du 26 juin 1822. Elle est signée par le roi et par "le Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Intérieur" Jacques-Joseph CORBIÈRE.
Elle comporte deux articles dont voici le texte:
Art. 1er
Le maire de Guagno, département de la Corse, est autorisé à vendre, au nom de cette commune, au Sr MULTEDO un terrain de vingt-trois mètres vingt-neuf centimètres de long sur quatorze mètres quatre vingt six centimètres de large, moyennant la somme de deux cent quarante francs; montant de l'estimation, et à la charge pour l'acquéreur d'y élever un bâtiment propre à recevoir douze officiers et cinquante sous-officiers ou soldats, en exécution d'un projet arrêté par notre Ministre secrétaire d'Etat au Département de la guerre.
Art 2
Notre Ministre Secrétaire d'Etat au département de l'Intérieur est chargé de l'exécution de la présente ordonnance.
La décision royale intervenait après tout un processus administratif:
"Le montant de l'estimation avait été préalablement fixé de manière contradictoire par MM. Jean PINELLI et Jean-Toussaint CASANOVA, maçons de la commune de Guagno, experts nommés par délibération de cette commune le 30 septembre 1821. Vu l'enquête de commode et incommodo faite à Guagno le 13 février 1822, le préfet de la Corse avait autorisé cette aliénation le 28 février 1822" (François VAN CAPPEL DE PRÉMONT, Guagno-les-Bains à travers la petite histoire du thermalisme).
LA CREATION
Le terrain acquis par MULTEDO et sur lequel fut construit l'établissement destiné aux militaires se trouvait à l'endroit où la route venant de Vico se divise entre, d'un côté, la direction de Guagno et, de l'autre côté, celle d'Orto, Poggiolo et Soccia.
Le plan général "dressé et présenté" par l'architecte COTIN le 20 décembre 1838 permet de connaître la forme et les dimensions de ce bâtiment (qui est entouré de vert sur le plan).
Le cadastre napoléonien de 1857 le montre également.
Les lettres E.T. signifient: Etablissement Thermal.
Les lettres H. M. (Hôpital Militaire) montrent que la construction de Jean MULTEDO était composée de deux parties. La parcelle 169 (cerclée de rouge ici) correspond à la chapelle Saint-Antoine. Elle était englobée dans l'ensemble.
Mais on ne voit pas les "petites cellules placées à l'extérieur et adossées à la chapelle de Saint-Antoine et à l'une des ailes de l'hôpital militaire, (qui) servent logemens (sic) de domestiques", mentionnées par le docteur Jean-Baptiste THIRIAUX, à la page 4 de son Essai sur la topographie physique et médicale de Saint-Antoine de Guagno, publié en 1829.
Progressivement, après une période glorieuse sous le Second Empire, l'hôpital fut délaissé. Un décret décida de sa fermeture définitive le 1er juin 1883.
La ruine du bâtiment fut ensuite une longue agonie. Il n'en reste plus rien. Sur le terrain autrefois occupé par l'hôpital, il ne reste plus que la chapelle Saint Antoine.