Marie-Ange PAOLI, qui vient de nous quitter, était née à Soccia en 1939, au moment où débutait la seconde guerre mondiale. Cette naissance fut au centre d'une anecdote qui nous fut contée par Zaza et qui fut publiée sur le blog des Poggiolais le 28 août 2009.
Nous vous la proposons maintenant.
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Le 3 septembre est le début du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Mais, pour un jeune Socciais de l'époque, le grand événement était tout autre.
Le 29 août 1939, Antoine PAOLI s'attendait à tout moment à apprendre la naissance de son premier enfant. Son épouse Antonia était sur le point d'accoucher. Pourvu que ce soit un garçon qui puisse continuer la lignée, pensait-il, comme tout bon Corse de l'époque.
Les événements internationaux avaient bousculé la vie familiale. Si la déclaration de guerre eut lieu le 3 septembre, le gouvernement français avait décrété la mobilisation générale le 30 août avec mise en application le 2 septembre à 0 heure.
Dès les jours précédents, des réservistes et des permissionnaires avaient été rappelés. Antoine en faisait partie, ce qui explique que, le 29 août, il était sur les quais d'Ajaccio sur le point d'embarquer pour aller s'opposer aux Allemands, alors que sa jeune femme connaissait les premières douleurs.
Pour avoir des nouvelles, la seule solution était de se rendre à la Poste du cours Napoléon pour téléphoner au bureau de Poste de Soccia. Sa famille, comme pratiquement toutes les autres, n'ayant pas le téléphone, un de ses parents traversait le village pour donner des nouvelles à la postière qui le lui répétait. Et ainsi plusieurs fois dans la journée...
Les contractions augmentaient, la naissance approchait. Mais le départ du bateau était imminent. La sirène appelait les retardataires. Les passerelles allaient être enlevées.
Une fois encore, Antoine courut à perdre haleine jusqu'à la Poste pour dire que c'était son dernier appel. Et, au bout du fil, il entendit quelqu'un arriver dans le bureau socciais et crier à l'autre bout de la pièce: "C'est une fille!".
Soulagé que la naissance ait eu lieu, un peu attristé que ce ne fut pas un garçon, épuisé par ses courses répétées, inquiet de risquer de rater le bateau, il ne savait pas quoi dire et il lâcha sans y réfléchir cette phrase qu'il regretta aussitôt: "DITES-LUI QUE JE NE LUI EN VEUX PAS".
Et il partit immédiatement.
Ce ne fut que quelques mois plus tard qu'Antoine eut le plaisir de faire connaissance de sa fille MARIE-ANGE.
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