En dehors des téléspectateurs qui suivent la série "Alex Hugo", peu de Français connaissent la police rurale. Autrefois, ses membres étaient plus connus sous le nom de gardes champêtres.
Agents de la police judiciaire, ils étaient présents dans tous les villages mais, depuis 1958, leur existence n'est plus obligatoire. Il n'en reste qu'un millier, dont deux en Corse. A celui de Porto-Vecchio, vient de s'ajouter celui qui vient d'être nommé à Coggia, comme l'a signalé un article paru dans Corse-Matin le 21 novembre.
Peu de documents existent sur les personnes et les activités des gardes champêtres de Poggiolo mais deux lettres officielles trouvées aux Archives départementales montrent que, au XIXe siècle, cette fonction n'était pas attribuée à n'importe qui et qu'il fallait savoir la garder.
Le 18 juin 1856, le capitaine de la 57e légion de gendarmerie écrivit au préfet de la Corse que, après enquête du lieutenant de la gendarmerie de Vico, "le sieur OBINO (Joseph) ancien brigadier de gendarmerie demeurant à Guagno (...) est de bonne vie et mœurs et très capable de bien remplir l'emploi pour lequel il est proposé".
Joseph OBINI eut ainsi l'accord du préfet pour devenir garde champêtre de la commune de Poggiolo.
Francesco Giuseppe OBINO était un Italien, né le 19 octobre 1803 à Cagliari en Sardaigne, qui vint s'établir en Corse.
Il s'engagea comme gendarme à pied puis devint brigadier de gendarmerie.
Il demanda la nationalité française en 1840 et l'obtint facilement, d'autant plus qu'il s'était marié le 18 janvier 1838 à Guagno avec Angela Francesca LECA. Le couple eut quatre enfants: 2 garçons et 2 filles.
Le choix du personnage paraissait excellent pour faire régner la loi dans la commune poggiolaise.
Pourtant, le même préfet de Corse, dans un arrêté daté du 21 octobre 1857, remarqua "qu'il résulte de divers rapports qui nous sont parvenus que le garde-champêtre de Poggiolo néglige habituellement son service et qu'il fait des absences sans autorisation".
En conséquence, il destitua Joseph OBINO de sa fonction.
Par qui ces "divers rapports" avaient-ils été établis? Peut-être par le maire de Poggiolo. Peut-être par la gendarmerie qui avait un droit de regard sur les gardes champêtres. La documentation manque pour le savoir. Mais il y avait eu là un complet revirement en un an et demi !
Joseph OBINO décéda le 30 août 1881 à l'âge de 77 ans à Guagno où il avait fait souche.
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