Chronique de l'épuration du maquis. 18 novembre: Léon DAUDET le bandit et Léon BANCAL le raisonnable
LE PETIT PROVENÇAL SE RÉPÈTE
LE PETIT PROVENÇAL publia mercredi 18 novembre 1931 un article de son envoyé spécial sur "Le repaire du bandit Spada", qui n'était en réalité qu'une nouvelle version du texte édité la veille.
Il put faire un autre titre avec une bonne nouvelle: Dominique SANTONI, lieutenant de BARTOLI, s'était constitué prisonnier, preuve que l'intervention policière portait des fruits.
LÉON DAUDET LE BANDIT
Ce jour-là, la chronique de Léon DAUDET dans L'ACTION FRANÇAISE eut comme titre: Mémoires d'un "bandit".
Dans un premier paragraphe, il critiquait l'opération policière en Corse:
"Les communiqués de l'expédition sont baroques et rédigés en prose gendarmique. La population corse, qu'on nous peignait comme enchantée de ce déploiement militaire, commence, si j'en crois ce que l'on dit et ce que l'on écrit, à manifester une vive irritation d'un remède inopérant et qui sera bientôt pire que le mal. Bref, il serait temps, d'une façon ou d'une autre, que cela finit. Sans compter les fatigues effroyables auxquelles pandore est soumis, en raison de la mauvaise saison et du régime météorologique de la montagne corse" (Les premiers jours de l'expédition avaient été marqués par de fortes quantités de pluie).
L'adjoint de Charles MAURRAS rappelait qu'il avait été "bandit et traqué, comme Spada, Caneloni et Ravioli, par la police et la maréchaussée de mon pays, et sur toutes les routes de France."
Ayant accusé les chefs de la police d'avoir fait assassiner son fils Philippe, il avait été condamné pour diffamation à cinq mois de prison et incarcéré à la prison de la Santé le 13 juin 1927. Grâce à l'aide des Camelots du Roi, les militants de choc de l'organisation royaliste, il s'était évadé le 27 juin et s'était réfugié en Belgique le 1er août. Il rentra en France après avoir été grâcié le 30 décembre 1929.
Dans cet article, il s'identifiait aux bandits corses en mettant en parallèle ses pérégrinations et les échecs des policiers lancés à sa recherche avec la situation corse.
LES REMÈDES DE LÉON BANCAL
Beaucoup plus sage, Léon Bancal, le rédacteur en chef du PETIT MARSEILLAIS donna, le 18 novembre, la conclusion de sa douzaine d’articles sur « Le problème du banditisme ».
La veille, il avait rappelé que le problème corse avait été posé pour la première fois en 1789 par le député BARRÈRE. Depuis, des rapports ont été écrits et des commissions envoyées. Mais « les commissions passent, la misère reste ». « Ce qu’il lui faut, c’est un traitement énergique et définitif ».
Pour lui, la démonstration de force actuelle ne servira à rien si l’on n’agit pas, l’action principale étant d’appliquer les lois. Ainsi, les Corses auront confiance en la justice. Il faudrait tirer l’île de sa misère par de grands travaux.
« Et surtout pas de commission !
La Corse en a trop vu. Deux hommes. Pas plus. Un préfet et un procureur général. Mais tous deux intelligents, énergiques et, avant tout, soustraits par avance aux fluctuations de la politique.
Le salut de la Corse est là ».
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