Mardi 17 novembre 1931, la grande vedette du PETIT PROVENÇAL fut André SPADA.
La veille, LE PETIT MARSEILLAIS et L'HUMANITÉ avaient annoncé la découverte d'une cache, d'une "guitoune", du bandit à quelques centaines de mètres de sa maison de la Punta, ce qui lui avait permis d'échapper à l'arrivée de la police.
L'article de l'envoyé spécial du journal marseillais avait pour titre: "Dans le nid d'aigle du bandit parmi des images de piété". Il débutait par un coup de chapeau à l'intelligence de SPADA qui "était organisé d'une façon remarquable pour l'exercice de son farouche métier qu'il avait élevé à la hauteur d'une entreprise commerciale". Il insistait sur la remarquable situation de La Punta, sur un point culminant près de Calcatoggio et contrôlant les routes des alentours.
Le journaliste décrivit l'extérieur et l'intérieur de la bergerie investie par les gardes mobiles et s'intéressa beaucoup aux objets de piété:
"Des Sacré-Cœurs de Jésus et des Saintes Vierges en chromolithographie. Une statuette en plâtre de Saint Antoine de Padoue avec un chapelet au cou. Enfin, au-dessus de chaque lit, des rameaux d'oliviers, bénits sans doute le jour de Pâques, et posés sur de petits bénitiers de bazar.
(...)
Il est certain que ni Spada, ni Antoinette Leca n'apercevaient rien d'étrange à demeurer pieux dans leur métier de criminels."
La renommée de SPADA était si grande que la reddition d'un bandit, d'ailleurs de seconde zone, Toussaint VALLE, fut reléguée en pages intérieures.
André SPADA avait été l'objet d'une forte médiatisation et était le bandit corse le plus connu sur le continent. LE POPULAIRE du 16 novembre avait annoncé que, à Nice, où un cinéma du Casino municipal devait projeter un documentaire sur le bandit, un commissaire de police avait saisi le film. Le 12, en "une", L'HUMANITÉ avait montré une photo intitulée "Le cinéma au maquis" avec la légende suivante: "ce cliché montre le "bandit" Spada avec un journaliste [en réalité, unE journaliste] dans le maquis. A ce moment, reporters bourgeois s'entendaient fort bien avec les "bandits"".
En février 1931, deux journalistes parisiens du Pathé-Journal, Christiane HUBERT et Harry GRAY, étaient venus en Corse pour rencontrer SPADA, contre une forte rétribution. Ils rentrèrent largement dans leurs frais car ils en tirèrent un film (celui qui fut saisi à Nice) et un livre. L'entretien fut cité dans de nombreux magazines.
La partie la plus significative de cette interview dans le maquis (en fait, au bord de la route, près du repaire de La Punta) est constituée par les 30 secondes pendant lesquelles André SPADA dit que, pour lui, un "bandit d'honneur" est quelqu'un "qui fait ses affaires honnêtement" !!!
Quelques mois après avoir atteint ce sommet de gloire, SPADA n'était plus qu'un fugitif errant de grotte en grotte dans les Deux Sorru et le Cruzzini.
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