Bien que moins connu que DOISNEAU, Daniel MASCLET fut un photographe célèbre, notamment pour ses nus et ses visages. Il fit de nombreux portraits de son épouse Maria Francesca GAFFORY, d'origine guagnaise, dont la mairie de Guagno vient d'acquérir la maison familiale.
Pascale CHAUVEAU a présenté cette initiative dans "Corse-Matin" de mardi 2 mars.
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C’est ce qu’on appelle une maison de sgiò, toute en pierres de taille. À Guagno, on l’appelait aussi la maison de l’Américain. Pourtant, elle fut construite par des Guagnais, en 1760 comme l’indique la plaque apposée sur la porte d’entrée. Mais le fameux Américain, un certain monsieur Masclet, a bel et bien existé, même s’il était en réalité un français pur souche. Il rencontre à Paris une certaine Francesca Gaffory, qui fera fortune pour avoir créé dans son institut de beauté le premier masque cosmétique pour femmes. Le couple aime venir se ressourcer à Guagno, et contribuera à embellir et apporter des aménagements de confort à ce qui était déjà une bâtisse d’exception dans un village de montagne.
« D’autres acquéreurs privés étaient intéressés par la maison, mais je remercie l’unique héritier qui a souhaité donner la priorité à son village, et au préfet Lelarge qui a suivi le dossier », se félicite Paul Colonna, maire de Guagno. Jeudi dernier, il avait convié ses deux adjoints, Angela Charmillon-Rubini et Jean-Claude Leca, et Rose Leca, conseillère municipale, pour une visite découverte de la bâtisse. À charge pour l’équipe municipale d’imaginer désormais quels projets seront mis à l’étude. Avec 350 m² pour chacun des trois étages, auxquels s’ajoutent les combles, les caves, 60 m² d’annexes, un garage indépendant, et 25 hectares de terrain, le champ des possibles est vaste.
En tant qu’enseignante, Angela Charmillon-Rubini a déjà proposé d’y créer un centre d’immersion en langue corse, sur le modèle de ceux de Bastellica et de Savaghju, pour accueillir des élèves bilingues pour travailler sur la langue, la culture et l’environnement corses. A l’opposé, l’idée d’aménager un lieu d’accueil pour personnes âgées, ni Ehpad ni maison de retraite, mais néanmoins médicalisé. Ou tout simplement la proposition de logements, communaux mais non sociaux. « Avant tout je vais consulter un architecte pour savoir ce qu’on peut y faire », précise Paul Colonna.
« Le toit est sain, le principal budget sera consacré à la mise aux normes des installations électriques. Je veux connaître la faisabilité d’un ascenseur, d’un accès pour handicapés. » Sur son bureau, le dossier de demande de soutien des communes et de leurs établissements publics n’attend plus qu’à être rempli. « A la suite de la crise sanitaire, il s’agit d’un moyen de relance économique proposé par l’Etat, qui finance les rénovations à hauteur de 80 % », précise-t-il.
Et puisque la question a été posée, Paul Colonna a donné le montant du prix d’acquisition : 206 293 €, frais de notaire compris
Parvenu tout jeune à la célébrité comme violoncelliste, Daniel Masclet, décerné lors d’un concours de photographie, décidera d’en faire sa vocation définitive. De retour de la guerre, il intègre en 1919 Harper’s Bazaar, et travaillera ensuite pour le magazine Vogue. Toute sa vie, il quittera sans regret un style bien maîtrisé qui lui donnait le succès, pour se lancer dans un autre. Excellent dans le portrait, il passera aux natures mortes, avant d’être attiré par les paysages urbains.
Pour revenir enfin aux visages, puis aux nus. En 1946, il intègre le « groupe des XV », aux côtés des photographes français de l’époque, parmi lesquels Robert Doisneau. Leur but est de promouvoir, préserver et sauvegarder la photographie française en tant qu’art. Ayant abordé tous les thèmes, auteur de plusieurs livres de théorie photographique, critique dans de nombreuses revues, organisateur d’expositions en France et à l’étranger, il restera le photographe de référence pour la photographie française jusqu’à sa mort.
Masclet a amoureusement photographié sa femme Francesca tout au long de sa carrière. Pendant 50 ans, l’artiste et sa muse feront une union efficace.