Pour avoir organisé une procession d’une centaine de mètres l’été dernier, la cunfraterna San Teofalu de Corte a été condamnée par la justice. Une situation que personne ne souhaite voir se reproduire, alors même que des célébrations majeures du calendrier religieux approchent à grands pas.
« Les processions font partie de nos traditions et nous n’y renoncerons pas, mais nous ne voulons pas non plus braver la loi. Nous ne voulons pas que le cas de Corte se reproduise », synthétise le père Jean-Yves Coeroli, administrateur diocésain. Un résumé qui met surtout en exergue la contradiction devant laquelle se trouvent les confréries qui ont la charge d’organiser les célébrations.
« Nous voudrions pouvoir dialoguer avec les autorités civiles, poursuit-il, afin de trouver un compromis. Des contacts vont être pris et si l’on peut se rencontrer et dialoguer, il n’y a pas de raison que les choses n’avancent pas. »
Tiraillés entre leur foi de chrétien et leur statut de citoyen, on comprend aisément que les confrères puissent avoir des difficultés à se positionner. Et d’autant plus que pour certaines célébrations, le temps presse.
Au centre de l'équipe diocésaine des confréries, Elisabeth BERFINI, prieure de la Cunfraternità di u Padre Albini.
« Nous y tenons absolument »
La Miséricorde à Ajaccio et la Saint-Joseph à Bastia se dérouleront les 18 et 19 mars. Il reste donc moins d’un mois pour tout préparer, s’organiser et jongler avec « des consignes sanitaires évolutives ».
Pour ces deux rendez-vous de premier plan, le père Coeroli affirme que des entretiens sont déjà prévus -ou en passe de l’être- avec les services des préfectures concernées. Restent les autres rassemblements que sont les Rameaux ou le Vendredi Saint et ses catenacciià travers toute l’île… Là aussi, au-delà de la foi, il y a toute une organisation qu’il faut prendre en compte.
Et même si tous s’accordent à dire qu’il faut être « responsable », la possibilité de voir des processions de nouveau interdites soulève la grogne :« La condamnation de Corte était une condamnation de la manifestation de notre foi, martèle José Gandolfi de l’archiconfrérie Saint-Joseph de Bastia. C’est un événement majeur qui a ouvert des perspectives et dont on ne voudrait pas qu’il se reproduise. Nous persistons à dire qu’il y a des moments importants dans une année liturgique et que nous tenons absolument à pouvoir manifester notre foi dans ces moments-là. »
MORGANE QUILICHINI
"Corse-Matin" mardi 23 février 2021
MOQ
L’équipe diocésaine des confréries de Corse a rédigé une lettre ouverte dans laquelle elle rappelle que « le carême, la Semaine sainte et Pâques sont le plus grand temps fort de l’Église catholique ». À cette occasion, elle voudrait « s’adresser aux confréries, aux catholiques de Corse et aux habitants de notre île ». « Tous les Corses le savent, la religion catholique, la foi dans le Seigneur Jésus Christ et la dévotion à la Sainte Vierge Marie (...) ont constitué des oasis de paix et de joie dans une île trop souvent déchirée par les querelles et les guerres. (...). C’est pourquoi nous invitons les confréries de Corse à vivre intensément ce temps fort qui s’ouvre bientôt (...). Les processions sont l’une des expressions de notre vie d’Église, et nous y tenons particulièrement, car elles sont assez spécifiques de notre tradition corse. Nous n’y renoncerons jamais. Cependant, nous tenons à respecter la loi et les décisions de l’autorité civile, comme nous y invite saint Paul. »
« Pour avoir bravé, le 16 août dernier, la décision préfectorale qui interdisait la procession de saint Roch, invoqué lors des épidémies, la confrérie Saint-Théophile de Corte a été condamnée à payer une amende. Elle s’est soumise et n’a pas fait appel du jugement, même si elle a vécu douloureusement cet événement. Elle a respecté la justice des hommes. » « Mais l’amour du Seigneur est plus généreux ! Pour le paiement de cette amende, les chrétiens ont donné à la confrérie de Corte beaucoup plus que le montant requis. Avec le surplus, la confrérie a offert sa contribution au traitement d’Emna, petite jeune fille atteinte d’une maladie rare (...). »
« Que ce carême soit donc celui de la foi, de l’amour des pauvres et de l’espérance dans ce temps d’épidémie. En particulier, nous, confréries de Corse, soyons de valeureux témoins de l’Évangile. »
Jean-Pierre bonnafoux 23/02/2021 18:47