Pour connaître l'ampleur d'une épidémie, il est important de savoir si les décès viennent bien de la maladie du moment ou d'une autre raison.
Actuellement, les chiffres sont minutieusement collectés et publiés par les hôpitaux et les Agences Régionales de Santé, malgré les soupçons de certains qui pensent qu'ils sont truqués pour ne pas montrer l'ampleur réelle de la mortalité provoquée par le coronavirus.
Pour l'étude des périodes passées, les actes d'état-civil sont les seuls moyens d'étudier statistiquement, numériquement, la mortalité. Or, ils n'indiquent pas la cause de la mort.
Il exista pourtant une exception à Poggiolo en 1830.
Le matin du 6 janvier de cette année-là, le maire PINELLI (il ne donne pas son prénom) consigna sur le registre officiel avoir reçu deux personnes, Jules et Pierre MARTINI, qui ont déclaré le décès, la veille à quatre heures du soir, de leur beau-frère Jules DESANTI, né en 1774 et donc âgé de cinquante-six ans. L'annonce est suivie d'une phrase inhabituelle: "On a anticipé l'enterrement dudit Desanti, attendu qu'on a reconnu que la maladie est Epidémique Contagieuse".
La maladie devait être particulièrement grave pour que les deux adjectifs "Epidémique" et "Contagieuse" aient eu droit à des majuscules et, surtout, pour que l'enterrement ait été très rapide, avant même la déclaration à la mairie, si l'on comprend bien.
Quelle était cette maladie? Aucun autre renseignement n'est donné.
On peut cependant remarquer que, une semaine auparavant, le 30 décembre 1829, Antoinette, dite Antonia, quarante ans, l'épouse de Jules DESANTI, était morte. L'acte de son décès n'en mentionne pas la cause et n'évoque pas un enterrement brusqué. Antonia avait-elle contaminé son mari?
Curieusement, les trois enfants du couple, Jacques Antoine, Jeanne et Julie, furent indemnes. Jacques Antoine, qui avait seize ans au moment du drame, vécut jusqu'en 1879.
Le mystère sur la nature réelle de cette contagion subsiste.
Une première version de cet article a déjà été publiée sur ce blog le 14 octobre 2018.