Le pèlerinage de Saint Elisée a été particulièrement important cette année, de par le nombre et la ferveur des participants. Nous y revenons grâce à Jean-Marc TRAMINI qui nous a signalé le texte signé Francisco et les photos publiés sur la page Facebook de l'Hôtel des Deux Sorru. Un diaporama termine ce texte. Vous avez également un lien pour un reportage diffusé sur Youtube.
« Le Saint des Hauteurs » : Saint-Elisée.
Cinq heures 45, le réveil sonne alors qu’il fait encore nuit noire. Rien de tel qu’une bonne douche pour commencer une journée qui sera riche en émotions !
L’Hôtel « Les Deux Sorru » à Guagno-les-Bains, est encore plongé dans un silence réparateur, cependant une lueur dans la cuisine du restaurant m’indique que l’aubergiste m’a déjà devancé.
Du haut de ses cinq ans, Camille accompagnée par son grand-père arrive en se frottant les yeux, le réveil a été très matinal pour elle, car s’apprêtant à faire déjà son premier pèlerinage.
Une journée de transmission de valeurs, chère aux habitants de cette vallée et qui enrichira assurément à jamais cette enfant du pays.
Arrivés dans la partie haute du village d’Ortu, les places de stationnement font déjà défaut, la ferveur du pèlerinage de Saint-Elisée est déjà perceptible.
La journée s’annonce ensoleillée et nous nous mettons immédiatement en marche. L’arrivée est prévue pour 9h10 au terme d’un dénivelé de 850 mètres, soit 2h15 de montée dans un décor majestueux.
Premières rencontres et brèves salutations, car ce pèlerinage est physique.
Même si je l’avais lu, je ne peux que m’étonner de voir certains pèlerins s’élancer pieds nus sur ce sentier rocailleux de montagne. Je crois pouvoir dire avoir vu plus de filles que de garçons marcher de la sorte. Ce qui en revanche est une certitude, c’est qu’à aucun moment je n’ai entendu la moindre plainte, le moindre « aïe », « ouille », que les gens d’ailleurs n’auraient pu retenir. Si tant est qu’ils s’y essayèrent… .
Les pauses sont rares et éphémères, et alors que nous attaquons la dernière montée, un pas soutenu nous rattrape, puis s’éloigne rapidement. Au passage du pèlerin, un indice vestimentaire nous indique qu’il s’agissait de Monseigneur Olivier de GERMAY, que nous retrouverons par la suite en haut.
Arrivés sur le plateau du Monte de Sant’Eliseu l’ambiance est décontractée et bon enfant, chacun s’affaire aux tâches traditionnelles de ce patronage.
Ici l’on confectionne des bouquets de genévriers pour les faire bénir,
d’autres préparent la statue de Sant’Eliseu nouvellement restaurée par des experts du village, là l’on s’applique à organiser les cierges, ici c’est l’autel qui est préparé pour la cérémonie religieuse, ou encore les choristes donnent une touche finale à leurs accords de voix polyphoniques corses, qui font des merveilles !
La cloche sonne, la cérémonie va commencer :
Cliquez sur ce lien ci-dessous pour la voir en vidéo !
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Au-delà du caractère religieux de cette cérémonie, vous y entendrez le vibrant hommage rendu par cette mère qui a perdu son mari et sa fille dans la catastrophe de Soccia, au peuple corse.
Voici un simple rappel sur les prophètes Elie et Élisée, au sujet desquels je vous invite à lire leurs histoires dans l’Ancien Testament.
Fils de Saphat, riche agriculteur, Elisée est un disciple d’Elie, un des prophètes les plus cités dans la bible.
Dans l’ancien testament, Elie est considéré comme le personnage le plus « important » après Moïse.
Son histoire est racontée dans le livre des Rois (I &II).
Au cours de cette fête patronale, qui trouvera son épilogue le soir venu au village, c’est animés par différentes motivations que tous ces pèlerins se sont rassemblés.
Ce qui est indéniable, c’est une même ferveur qui les animent, un authentique esprit de convivialité, de partage et de communion.
À ce sujet, il faut saluer l’initiative des villageois, qui ont permis aux plus âgés de se joindre à eux grâce à la possibilité qu’ils ont organisée, de s’offrir les services d’un hélicoptère.
Leur humilité en ce jour sacré, leur sens de l’effort, de l’abnégation, leur résistance pour certains à la douleur, forcent le respect et l’admiration,...mais aussi leurs rires, leur complicité et leurs chants mettent du baume au cœur !
Aussi, avant de redescendre je ferme un instant les yeux pour mieux entendre les grelots des brebis que tous ces bergers ont gardé le temps des estives dans les montagnes. Je déguste un morceau de cabri, nourri tout autour des bergeries de Livru et dont les herbes ont naturellement parfumé la viande… .
Alors spontanément une question vient à moi : « Pourquoi les gens des villes empêchent nos bergers de perpétuer cette vertueuse tradition, par superposition de normes et de contraintes ? »… .
Très vite les premières gouttes me ramènent à la réalité, il est temps d’entamer la descente qui révélera que décidément les enfants de ce pays ont une sacrée force de caractère, qui a forcé mon émerveillement et celui de son grand-père au plus fort de l’orage !
Les enfants sont bien l’avenir de cette magnifique vallée, dans laquelle les mots valeurs et traditions ont encore un sens !
À Prestu.
Francisco
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Sant'Eliseu 2019 à Ortu, en Corse du Sud.
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