Carlo Francesco Pasquale PINELLI, le filleul de Pascal PAOLI, vécut à Poggiolo. En 1803, quand son père Gioan Natale décéda, il avait huit ans.
Il devint ensuite greffier de justice de paix du canton de Soccia, peut-être avec l’aide de son grand-oncle Gian Antonio. Le représentant du Père de la Patrie lors du baptême était devenu un personnage important: dernier vicaire général du diocèse de Sagone, secrétaire général de la préfecture sous Napoléon Ier, il fut nommé sous la Restauration conseiller général du canton de Soccia.
Il n’est pas interdit de penser qu’il ait permis à Carlo Francesco Pasquale de devenir maire de Poggiolo en été 1821 (à 26 ans!). A cette époque, les maires des petites communes n’étaient pas élus mais désignés par le préfet, donc avec l’accord du gouvernement.
«L’homme le plus cultivé de Corse» servit l’administration, favorisant la diffusion de la langue française dans la presse et les écoles corses.
Le filleul de PAOLI fit de même dans son domaine. A partir de 1824, tous ses actes d’état-civil furent rédigés en français. Par contre, dans les documents où il fut remplacé par son adjoint Antoine François PINELLI, le texte était entièrement en italien.
Rappelons que l'obligation de rédiger les actes d'état-civil dans la seule langue française date de 1852.
La signature de Carlo Francesco Pasquale est facile à trouver car elle s’accompagnait d’un dessin original.
En réalité, pas tout à fait original car le maire de Guagno, Francesco LECA, utilisait un dessin du même genre à la même époque.
Le maire de Poggiolo n’utilisait chaque fois que son premier prénom sous la forme française de Charles, oubliant complètement Francesco et surtout Pasquale. Très souvent, il écrivait simplement: «Pinelli maire».
Sa fonction l’entraîna à enregistrer le décès de sa mère Maria, morte le 27 avril 1841, et auparavant, celui de son grand-oncle Gian Antonio PINELLI, rappelé à Dieu le 26 décembre 1832 en la maison familiale des PINELLI.
Dans ce dernier document, le défunt est prénommé à la française «Jean Antoine» et ses titres sont détaillés:
«Curé de première classe de la Paroisse de Soccia, Docteur en utroque Jure en Théologie et Philosophie et ex-Secrétaire Général de la Préfecture de Corse».
L’expression latine «utroque Jure», qui est soulignée, signifie que "Jean Antoine" était diplômé à la fois en droit canon et en droit civil.
Maintenu à la tête de la municipalité poggiolaise sous la Monarchie de Juillet, Charles signa son dernier acte d’état-civil le 2 juillet 1847. Il décéda le 14 avril 1849 à l’âge de 54 ans. Il ne s’était pas marié et n’avait pas d’enfant.
Paradoxalement, le filleul de Pascal PAOLI fut un acteur docile de la francisation à Poggiolo.