Le décès de l'abbé Jean-Claude MONDOLONI, lundi 3 novembre, a touché de nombreux militants de la cause nationaliste corse. Cet homme d'Eglise a connu une vie très dynamique, depuis la défense de l'Algérie française au sein de l'OAS jusqu'à son adhésion à l'ANC (Accolta Naziunalista Corsa), tout en s'occupant de sa paroisse de Ponte Leccia. Il était devenu une référence incontournable.
Nous reproduisons ici l'article qui lui a été consacré par Morgane QUILICHINI dans "Corse-Matin" de dimanche 4 novembre.
MORGANE QUILICHINI
On le savait affaibli depuis longtemps, mais comme c’est souvent le cas pour ces gens que l’on a toujours connu, on espérait que, quelque part, il serait immortel.
Pourtant hier, Dieu a rappelé à lui l’abbé Jean-Claude Mondoloni. Au terme d’une vie à nulle autre pareille, qui l’a fait passer d’un prytanée militaire à la paroisse de Ponte-Leccia, après un détour par l’OAS et quelques séjours en prison, l’homme d’Église peut enfin goûter un repos qu’il n’a pas volé.
Cette existence qui aurait mérité que l’on en fasse un film, avait commencé en 1939, au Liban, à l’époque où le pays était sous protectorat français. "Je suis né sous les bombes, nous avait-il un jour confié. Des fois, on me dit que j’aime la bagarre, mais forcément... C’est de l’atavisme !"
Jean-Claude est au milieu d’une fratrie qui compte trois frères et deux sœurs jumelles. Papa est militaire, dans les chasseurs alpins.
Quelques années plus tard et alors que la famille est rentrée en France pour s’installer à Nice, il conserve comme le plus précieux des souvenirs les étés passés à arracher les patates chez son grand-père, "un p’tit paysan fauché comme tout" qui louait des terres au sgiò Fieschi à Petreto-Bicchisano.
Les années passent. Et celui qui est devenu un jeune homme plutôt remuant est inscrit au prytanée militaire de La Flèche, une prépa pour Saint-Cyr où, de son propre aveu, il ne foutra rien pendant deux ans. À l’issue, la prestigieuse école militaire lui tend les bras. Mais Jean-Claude préfère ceux de l’Organisation armée secrète, où il rejoint d’autres Corses, des juifs et des Suisses allemands. Vendu par son capitaine, le commando sera arrêté en Belgique et Jean-Claude Mondoloni ira derrière les barreaux. Pour la première des six fois où cela lui arrivera.
La foi, c’est en Espagne qu’il finira par la rencontrer.
Alors qu’il est en cavale de l’autre côté des Pyrénées, le fils d’un médecin de Montpellier le convainc de faire les exercices de Saint-Ignace. La décision d’entrer dans les ordres date de cette rencontre, mais avant, il reste un détail à régler. Car Jean-Claude Mondoloni est alors toujours poursuivi par la justice. Rentré en France, il fait "un petit tour par Fleury-Merogis", puis est présenté devant la Cour de sûreté de l’État qui le condamne "à 15 ans de taule" et l’amnistie le lendemain.
Au cours d’une longue entrevue, il s’en était amusé : "Je suis retourné en Espagne où j’ai fait un an de probation, un an de noviciat et deux ans de scolasticat. Et là on m’a dit - je ne sais pas où ils sont allés chercher ça - que je ne pourrais pas être religieux parce que j’avais trop mauvais caractère." Il aura pourtant le parcours que l’on sait, malgré son surnom de Cassius Clay. Et pendant trente-cinq ans, aura la responsabilité de la paroisse de Ponte-Leccia et de ses fidèles. Jusqu’au bout, l’abbé Mondoloni aura été présent et ce, malgré un départ à la retraite en 2016, où Leon-Papé Gnacadja lui succéda.
Jusqu’au bout, il fut un militant. Militant politique et culturel. Militant pour la paix et pour le peuple corse. En mai dernier et alors qu’il donnait la messe des commémorations de Ponte-Novu aux côtés du diacre Franceschi, il s’en était pris directement à l’État, arguant que l’on ne peut pas "débarquer dans un pays qui n’est pas le sien comme si on était chez soi. Quand on arrive en Corse, on est chez les Corses."Il avait également conjuré les élus locaux à tenir leurs promesses et à ne pas oublier "la maison de cristal".
Emporté dans la nuit de vendredi à samedi par la maladie, l’abbé Mondoloni s’est éteint à la clinique Maymard de Bastia, entouré des siens. Bien qu’originaire du sud de l’île, il a décidé d’être inhumé à Morosaglia, au cœur de la paroisse qu’il dirigea pendant plus de trois décennies. C’est donc là que seront célébrées ses obsèques demain lundi, à 15 heures. "Il a demandé une messe très sobre, souligne l’archiprêtre Culioli qui, en l’absence de l’évêque de Corse, sera chargé de la présider. Il s’est éteint dans une grande sérénité, heureux d’aller retrouver le Seigneur."