Les Russes qui débarquèrent du «Rion» dans le port d’Ajaccio en 1921 étaient les vaincus de la terrible guerre civile qui déchira l’ancien empire des tsars à partir d’octobre 1917 (voir articles précédents: "Des Russes dans les Deux Sorru" et "Où sont les traces des Russes ?"). Ce genre de conflit est toujours favorable à la floraison de chants destinés à donner du cœur au ventre aux soldats. Ce fut le cas en Russie avec «Les partisans» dont la popularité donna plusieurs versions... et même une en langue corse.
Cette chanson eut une histoire compliquée. Plusieurs des informations de cet article viennent de Wikipedia.
Le «Chant des partisans de l'Amour» (connu aussi sous le titre «Par les monts et par les vallées») est une chanson russe de 1828 remise au goût du jour avec un nouveau texte de GUILIAROVSKI en 1915 («Marche des fusiliers de Sibérie») et populaire dans tous les camps lors de la guerre civile russe.
Le 27 juin 1919, le colonel Anton TOURKOUL demanda au compositeur Dimitri POKRASS un nouveau texte comme hymne pour l’unité qu’il commandait et qui faisait partie de l’armée WRANGEL. Le 29 juin, retentit pour la première fois le «Chant du régiment de DROZDOVSKI», du nom d’un général qui avait traversé l’Ukraine pour rejoindre l’armée blanche en 1918.
La même mélodie fut également utilisée par les bolchévicks de l’Armée Rouge. Les paroles évoquent la conquête de la région de Vladivostok sur les contre-révolutionnaires. Intitulée «Les partisans», cette chanson est parfois appelée en français: «A l’appel du grand LÉNINE». Elle fut très utilisée par les Soviétiques lors de la seconde guerre mondiale. Il paraît même qu’elle inspira Maurice DRUON quand il écrivit «Le chant des partisans» devenu l’hymne de la Résistance française.
Dans les années 1960, le «Chant des partisans blancs» a été écrit par Alain Sanders et Bernard Lugan, alors militants étudiants de la royaliste Action Française, dans le contexte d’un Quartier Latin très agité par les bagarres entre gauchistes et extrême-droite. Toujours avec la même musique, les paroles font l’apologie des troupes de DENIKINE qui «traquaient TROTSKY tremblant». Cette version eut, et a toujours, un grand succès dans les milieux nationalistes français.
En 1990, dans son album « Cuntrasti e ricuccate», le groupe insulaire CHJAMI AGHJALESI chanta «U partigianu». Véritable proclamation politique en faveur d’une révolution sociale et nationale de la Corse, le refrain en est «Liberendu la Nazione/ Feremu a revoluzione» (en libérant la Nation, nous ferons la révolution).
Selon son tempérament et ses idées, chacun peut écouter l’enregistrement qui lui convient :
- «Le chant du régiment de Drozdovski», le texte russe blanc
- «A l’appel du grand Lénine», la chanson de l’Armée Rouge présentée ici en langue française :
- «Les partisans blancs», la version française contre-révolutionnaire :
- «U partigianu», le manifeste indépendantiste corse (avec les paroles en corse et en français)
- une très belle version italienne apparue pendant la seconde guerre mondiale :
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