Deux mois après le Festival Sorru in Musica 2014, il est possible d'en faire le bilan, non pas un bilan chiffré mais un bilan qualitatif.
C'est ainsi qu'a procédé Annie ABBAMONTE en posant quelques questions à Ghislaine ROUX, mezzo soprano de l'Opéra de Paris depuis 1996, qui a été la vedette de la soirée d'ouverture.
AA : Ghislaine, tu viens depuis le début du Festival Sorru in Musica, malgré deux ans d'absence. Peux-tu nous dire quel est ton plus beau souvenir du Festival?
GR ; Mon plus beau souvenir est aussi le premier ; cette merveilleuse rencontre avec ces paysages corses et ses chaleureux habitants, avec la famille PAOLI de POGGIOLO, Marie-Ange, François-Xavier et Batti, cet après-midi-là où je me suis retrouvée, chouchoutée, dans leur charmante maison et où, dès la nuit tombée, je voyais les premiers festivaliers se diriger (avec efforts) vers l'église SAINT SIMÉON pour nous entendre. Il y avait ce soir-là, beaucoup de monde, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'église, enthousiaste et impatient de nous rencontrer et c'était tout simplement magique!
AA : Comment as-tu connu le Festival?
GR : Je travaillais déjà avec Bertrand Cervera dans le cadre des concerts donnés à la Sainte-Chapelle de Paris, dans un répertoire d'Oratorio et de Musique Sacrée, et tout naturellement Bertrand m'a proposé de participer au Festival à sa création.
AA : En Corse où J'on chante pour toutes les occasions, que penses-tu apporter en tant que chanteuse lyrique ?
GR ; Une ouverture musicale, le chant est un support nécessaire à l'étude d'un large répertoire opératique et mélodique. Dans l'académie, on perfectionne essentiellement l'enseignement des instruments d'orchestre (cordes, percussions, cors, flûte, piano...) sans oublier le travail polyphonique et linguistique corse. Mais avec évidence la présence vocale lyrique (interprétation) aide à compléter cet enseignement lors des concerts durant le Festival et nous constatons que le public corse est très sensible à ces moments de partage musical commun.
AA : Justement, pendant le Festival qui choisit le répertoire ?
GR : Bertrand choisit le répertoire. Il me connaît bien et nous nous voyons régulièrement tout le reste de l'année pour en décider ensemble si besoin. Nous pouvons aussi bien choisir de la Musique Sacrée, de l'Oratorio ou des extraits d'opéra. Nous avons aussi monté dans le cadre de ce Festival à Vico en 2009, la reprise de l'opéra « la tragédie de Carmen », succès dont on parle encore !.
AA : As-tu retrouvé Vico et le Festival avec plaisir?
GR : Bien sûr, un immense plaisir! Retrouver une telle ambiance, chaleur, convivialité, c'est comme s'il n'y avait pas eu d'absence !
AA : Peux-tu nous parler de tes projets autres que ceux du Festival, de la Sainte-Chapelle, de l'Opéra ?
GR : Pendant cette absence, j'ai créé BERC'ARTS OPERA, une association qui a pour objet la promotion de la voix au travers de la création de spectacles vivants. Depuis deux spectacles ont été créés «Ravel et ses sortilèges» l'année dernière et «Place à Carmen!» qui devrait être présenté officiellement avant la fin d'année 2014 dans une salle parisienne. Un nouveau concept artistique est né: l'Opéra d'ombres ou Théâtre d'ombres lyriques.
AA : Ghislaine ce fut un plaisir pour beaucoup de monde de t'avoir retrouvée cet été, et tous espèrent te revoir dans les prochaines éditions de Sorru in Musica. Merci du bonheur que tu nous donnes aussi bien lorsque tu nous enchantes avec Carmen, que lorsque tu nous émeus avec les chants sacrés.
GR ; Je suis très touchée moi aussi lorsque je revois toutes les personnes rencontrées lors des éditions précédentes, touchée par votre fidélité et votre fraternité. Ce fut un retour chaleureux et un très beau cadeau pour moi. Encore merci à vous tous, au Festival d'exister, je l'espère encore longtemps, et enfin à la musique qui nous permet ce rassemblement annuel et ces échanges fraternels, toujours très émouvants!
(entretien paru dans "Inseme", septembre 2014)