24 janvier 2014
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Il a déjà été fait mention de la création, le 19 janvier 1897, par le gouvernement, de la fonction d'adjoint spécial de Guagno-les-Bains au sein du conseil municipal de Poggiolo.
Mais il ne faut pas croire que tout fut harmonieux entre les maires de Poggiolo et leurs adjoints très spéciaux.
Un exemple de conflit important (qui alla jusqu'à la plus haute autorité juridique française) se situe en 1911.
UNE PARFAITE IDYLLE
En mai 1908, Pascal-Antoine MARTINI avait été élu maire, avec Philippe FRANCESCHETTI comme adjoint de Poggiolo et Jean TADDEÏ comme adjoint spécial de Guagno-les-Bains.
Ce dernier avait même droit à un tampon officiel particulier.
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Mais, au bout de deux ans, plus rien n'allait dans cette équipe.
Une lettre envoyée par Dominique Antoine MARTINI au secrétaire général de la Préfecture le 26 juillet 1911 donne de nombreux renseignements sur la façon dont l'idylle évolua.
Jean TADDEÏ démissionna "en ma faveur sur les instances du maire de Poggiolo et avec l'assentiment du Conseil municipal".
Dominique Antoine MARTINI était le gendre de Jean TADDEÏ. Ce dernier, chef cantonnier, né à Arro, avait, de son mariage avec la Balognaise Angèle Marie CANAVELLI, une fille Marie, née en 1887. Agée de 23 ans, Marie épousa, en 1910 (deux ans après l'élection municipale) Dominique Antoine MARTINI qui était devenu veuf en 1909 et avait alors 54 ans. Renseignements trouvés dans les relevés rassemblés par Pierre LECCIA sur le site GENEANET (http://www.geneanet.org/).
MARTINI était retraité mais il était propriétaire de l'Hôtel Continental de Guagno-les-Bains (photo ci-contre, cliquer pour l'agrandir), "hôtel recommandé par le Touring-Club de France", est-il écrit sur l'en-tête de son papier à lettres.
UNE RUPTURE IRRÉMÉDIABLE ET L'APPEL À PARIS
Mais un accroc inattendu se passa pour l'élection complémentaire organisée pour remplacer le conseiller démissionnaire. "Le maire patronnait la candidature CASTA Philippe" au lieu de MARTINI qui fut pourtant élu par 50 voix contre 49.
L'auteur de la lettre expliquait que la rupture vint du soutien apporté par Jean TADDEÏ et son beau-père à l'élection du Socciais CARLI comme conseiller d'arrondissement. Il accusait le maire de vouloir faire désigner comme adjoint spécial un conseiller municipal n'habitant pas aux Bains et, de plus, illettré. Par contre, D-A MARTINI y résidait et avait obtenu 16 voix contre 4 dans le hameau lors de l'élection municipale partielle.
Il ajoutait comme argument que "les passions sont un peu surexcitées et des troubles sont à craindre," si le maire "commet un abus de pouvoir. Mes partisans dont je m'efforce de calmer la colère, sont tentés de dépasser la mesure".
On n'en vint pas à des actes de violence mais le maire ne recula pas. Quelques jours après la rédaction de cette lettre, il fit désigner Pascal Ignace MARTINI (1869-1945), dit "Calzitone", comme adjoint spécial.
Comme il l'avait annoncé dans sa lettre, l'hôtelier fit appel au Conseil de Préfecture et n'hésita pas à s'adresser ensuite au Conseil d'Etat. La plus haute juridiction administrative française annula cette désignation le 5 janvier 1912.
Que fit le maire Pascal-Antoine MARTINI? Il maintint le choix de son adjoint spécial en mettant en avant que celui-ci avait une résidence à Guagno-les-Bains, même si celle-ci n'était pas sa résidence principale. Finalement, il l'emporta sur ses adversaires de la station thermale.
Les habitants de Guagno-les-Bains se sentirent considérés comme des citoyens de seconde zone.
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MAIS TOUT CELA APPARTIENT À UNE ÉPOQUE RÉVOLUE DEPUIS LONGTEMPS...
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Ci-dessous: reproduction de la lettre de Dominique Antoine MARTINI.
Sauf la photo de l'hôtel, les documents de cet article sont consultables aux Archives Départementales d'Ajaccio, série 3 M 1061.
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